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Compteur Linky qui coupe, disjoncteur qui s’enclenche : lorsqu’on est mal équipé, recharger une voiture électrique à domicile peut présenter quelques déconvenues. Certaines bornes de recharge évitent cela, en ajustant la puissance fournie au véhicule en fonction de la consommation du logement, voire de la production de ses panneaux solaires. Nous avons testé l’une de ces bornes, la Trydan du fabricant espagnol V2C.
Pour recharger une voiture électrique chez soi, vous avez le choix entre la simple prise renforcée ou une borne domestique, appelée « wallbox ». Si la première solution est très économique à l’achat (moins d’une centaine d’euros avec les protections), elle n’est pas forcément pratique.
Outre la lenteur de la recharge, qui ne dépasse pas les 3,7 kW, la prise classique à elle seule ne permet pas de programmer des horaires de recharge, de consulter ses consommations et encore moins d’assurer le délestage ni l’optimisation de l’autoconsommation solaire.
L’idéal reste la wallbox, ce boîtier spécialement dédié à la recharge d’un véhicule électrique. Il en existe une multitude de modèles, de la plus basique qui ne propose pas grand-chose de plus qu’une prise domestique, à la plus évoluée, capable de recharger à une puissance élevée et offrant des fonctionnalités avancées.
Connectées, ces bornes « premium » offrent, entre autres, un contrôle d’accès, des mesures de la consommation électrique, un système qui permet d’éviter de dépasser la puissance souscrite de votre abonnement électrique (le délestage), voire l’activation des recharges en fonction de la production de vos panneaux photovoltaïques.
| Fiche technique de la borne Trydan V2C | |
| Caractéristiques électriques | – Puissance maximale de 7,4 kW (version monophasée) et 22 kW (version triphasée)
– Courant maximal réglable de 6 à 32A par phase (via appli smartphone) – Bornier à ressorts (type Wago) |
| Connecteur
(au choix) | – Prise T2 avec obturateur
– Câble attaché T2 avec obturateur (5 m) – Câble attaché T2 avec obturateur (10 m) |
| Délestage
(évite de dépasser la puissance souscrite du compteur) | OUI
(via module V2C Controlbox et pince ampèremétrique inclus. Réglable via l’appli smartphone) |
|
Compatibilité photovoltaïque
(ajuste la puissance de recharge à la production des panneaux solaires) | OUI
(via module V2C Controlbox et pince ampèremétrique inclus OU module compatible OU onduleur compatible. Réglable via l’appli smartphone) |
| Programmation de la recharge | OUI
(selon horaires, prix de l’électricité sur les marchés ou signal Ecowatt. Réglable via l’appli smartphone) |
| Mesure de la consommation électrique | OUI
(intégré à la borne) |
| Contrôle d’accès |
OUI (par carte RFID) |
| Compatible assistants vocaux | OUI
(Alexa, Google Home) |
| Connexion internet |
WIFI, BLUETOOTH (pas de connexion Ethernet, contrôle par application smartphone V2C) |
| Contrôle par application smartphone |
OUI |
| Ecran |
OUI (petit afficheur LCD) |
| Boîtier |
– Plastique (polycarbonate MVR) noir – Eclairage RVB du logo V2C (ajustable, désactivable via appli smartphone) – Boutons physiques sur la tranche – Indice de protection : IP54 / IK10 – Fermeture par mini-clé fournie |
| Température de fonctionnement |
de -15 à 45 °C |
| Autres |
– Compatible Home Assistant – API ouverte – Modbus TCP et RTU |
| Pays de fabrication |
Espagne |
La borne que nous testons, modèle Trydan de la marque espagnole V2C, est dans la catégorie haute des bornes premium. Proposée à un tarif un peu élevé, autour de 700 € TTC selon les boutiques, cette wallbox est déclinée en plusieurs versions : avec ou sans câble attaché, monophasé (7,4 kW) ou triphasé (22 kW). Nous essayons le modèle monophasé avec câble attaché, conforme aux normes françaises puisque le connecteur est muni d’obturateurs.
À peine plus chère que la version sans câble attaché, elle permet de ne pas utiliser notre propre câble type 2/type 2, qui reste toujours à disposition dans le coffre du véhicule. C’est très pratique au quotidien, bien que le socle intégré à la borne supportant le connecteur se montre parfois capricieux (il faut tirer franchement vers le bas pour déverrouiller le connecteur). Nous avons donc acheté et installé séparément un petit socle mural, facilitant la manipulation du connecteur.
La borne est fournie avec un petit module « V2C Controlbox » qui permet d’utiliser la fonction de délestage et d’ajustement de la puissance en fonction de la production photovoltaïque. Ce boîtier doit être relié d’une part à la borne par un câble Ethernet, d’autre part, à une pince ampèremétrique (fournie) à placer sur la phase alimentant la borne. Pour la fonction solaire, une seconde pince doit être placée sur la phase de la centrale solaire, sauf si cette dernière est équipée d’un onduleur compatible ou si vous associez la borne à un compteur sans fil compatible (Shelly, par exemple).
Nous n’avons pas testé cette fonction car notre centrale solaire est équipée de batteries, qui permettent de stocker les excédents et donc d’obtenir un taux d’autoconsommation de 99 %. L’optimisation solaire proposée par la borne Trydan est utile seulement si vous possédez des panneaux solaires en autoconsommation totale sans stockage, afin d’éviter l’écrêtage de votre production ou l’injection gratuite dans le réseau public.


Il n’y a rien de très compliqué à installer une borne de recharge pour voiture électrique, à condition de respecter scrupuleusement les préconisations du fabricant et d’avoir de bonnes connaissances en électricité. Si un décret proscrit l’installation d’une borne d’une puissance supérieure à 3,7 kW sans faire appel à un professionnel qualifié IRVE, nous avons tout de même choisi de l’installer par nos soins. Ainsi, nous avons économisé plusieurs centaines d’euros pour l’intervention parfaitement inutile d’un professionnel dans notre cas.
Attention : si vous ne disposez pas de solides connaissances en électricité ou que vous doutez, ne prenez pas de risque et faites installer le matériel par un professionnel qualifié. Une voiture électrique en charge appelle une puissance élevée durant de longues heures : une installation inadéquate présente un risque important de surchauffe, voire d’incendie. Par ailleurs, en optant pour un électricien qualifié IRVE, vous pourrez bénéficier d’un crédit d’impôt de 75 % plafonné à 500 euros, sous conditions.
Avant l’installation de la borne, nous avons donc calculé la section de câble à acheter en fonction de la distance entre le tableau électrique principal et de la puissance maximale. Nous avons opté pour du câble en 3 x 10 mm², légèrement supérieur à ce qui est préconisé, pour franchir les 5 mètres qui séparent le tableau de la borne, par sécurité. Dans le tableau électrique principal, sur une rangée dédiée, nous avons placé un interrupteur différentiel 63 A de type F (HPI) ainsi qu’un disjoncteur courbe C de 40A. Sous la borne, il faut ensuite percer un passage pour le câble au moyen d’une scie cloche.
À lire aussiCe qu’il faut savoir avant d’installer une borne de recharge pour voiture électriqueLe reste est un jeu d’enfant : il suffit de connecter le fil de terre au bornier de terre du tableau, la phase et le neutre aux bornes du disjoncteur et de serrer au couple préconisé par le fabricant des protections. Côté borne, c’est encore plus simple : aucun serrage n’est requis par la Trydan. Un bornier à ressorts (type Wago) permet d’y insérer les fils. Une plaque souple à visser isole la partie électrique de l’électronique.
Dans la gaine qui abrite le câble d’alimentation, nous avons également glissé un petit câble Ethernet permettant d’assurer la connexion entre la borne et le boîtier V2C Controlbox dédié au délestage. Un port Ethernet (qui ne peut pas servir à une connexion internet) est bien sûr présent sur la carte électronique de la borne, comme sur le boîtier.
Pour fixer la borne au mur, un patron est fourni afin de réaliser les perçages aux bons endroits. Nous regrettons seulement la présence d’un presse-étoupe à nos yeux trop rigide et inadapté à notre gaine ICTA de 32 mm. Une fois l’installation réalisée et soigneusement vérifiée, l’on referme la porte de la borne, la verrouille au moyen d’une mini-clé fournie (attention à ne pas la perdre !), puis fermons les disjoncteurs sur le tableau général.
Le design du boîtier est très sobre, sans superflu, un poil trop plastique. Au fil des jours, nous constatons que la surface se salit assez facilement, notamment en accrochant la poussière soulevée par le vent et les traces de doigts.

La borne V2C Trydan s’allume, le logo du fabricant s’éclaire de multiples couleurs et le petit écran LCD très rétro affiche des informations en espagnol. Si la borne est déjà prête à recharger un véhicule, l’idéal est de configurer la wallbox au moyen de l’application smartphone V2C. L’appairage s’effectue d’abord en Bluetooth, afin de communiquer les informations du réseau wifi à la borne.
Sur l’application, très complète et régulièrement mise à jour, nous ajustons d’abord la luminosité de la borne, par défaut élevée. Nous désactivons complètement l’éclairage RVB du logo et réduisons au maximum le rétroéclairage de l’écran, par souci d’économies d’énergie et de confort visuel.
Ensuite, nous réglons la fonction de délestage appelée « contrôle de puissance ». L’application demande notamment la puissance souscrite au compteur, 12 kVA dans notre cas, afin de ne jamais la dépasser. Nous avons tenté, en vain, de faire disjoncter notre compteur Linky en démarrant une charge et allumant de nombreux appareils très consommateurs. La borne est bien parvenue à réduire la puissance de charge de façon très réactive dans tous les cas. Nous relevons seulement des informations de puissances parfois erronées dans le diagramme de l’application, qui, au moment du crash-test, affichait une puissance démentielle de 72,8 kW tirée du réseau !
Les relevés de consommation, eux, semblent plutôt fiables, bien que nous constatons une différence entre les données mesurées par notre Écocompteur Legrand et celles mesurées par la borne. Sur les six premiers mois d’utilisation, l’Écocompteur relève 1794,4 kWh quand la borne affiche 1746,52 kWh. Cet écart de 48 kWh peut être frustrant, mais nous paraît assez raisonnable sur de tels volumes. Pour connaître les dépenses énergétiques en euros, il est possible de renseigner manuellement les tarifs de son contrat d’électricité en heures pleines et heures creuses.
Nous regrettons que les tarifs ne soient pas automatiquement enregistrés en indiquant simplement le nom du fournisseur et de l’offre. Cela aurait été adapté à notre contrat en option Tempo, qui décline 6 tarifs différents, que nous n’avons pas pu tous renseigner dans l’application.
Côté puissance, nous n’avons jamais atteint les 7 400 W maximums promis en branchant un Hyundai Kona 64 kWh, mais la puissance reste très proche : 7 100 W. De quoi faire un plein complet en 9 heures environ (sachant que l’on n’attend jamais d’être à 0 % de batterie pour recharger).
Pour recharger au tarif le moins cher de notre option Tempo du tarif réglementé (tarif bleu d’EDF), nous avons facilement paramétré des horaires de recharge dans l’application V2C. Dans notre cas, c’est simple : les heures creuses sont actives tous les jours de 22 h à 6 h. Pour ceux dont le contrat de fourniture d’électricité est plus complexe (tarif week-end, par exemple), il est possible de régler différentes plages sur différents jours de la semaine. Seuls les tarifs de marché en temps réel peuvent être enregistrés automatiquement.
Une fonction plus avancée baptisée « Ecocharging » permet d’activer automatiquement la recharge en fonction du prix de l’électricité en temps réel. Cette fonction n’est toutefois pas pertinente pour la France, les prix affichés étant ceux de territoires espagnols et les contrats dynamiques étant rares dans notre pays. A minima, l’option « déconnexion suite à une alerte énergétique » permet de désactiver la charge lorsqu’un signal Ecowatt rouge est activé par RTE, ce qui n’est jamais arrivé à ce jour.
Parmi les autres options, on trouve notamment un système de contrôle d’accès par carte RFID (non fournie) et qui peut être configuré via l’application. Cela peut être utile si la borne est potentiellement accessible au public.
Dans la catégorie des bornes premium, la V2C Trydan fait partie du haut du tableau grâce à ses très nombreuses fonctionnalités. Si nous n’avons bien évidemment pas eu l’utilité d’éprouver l’intégralité des configurations proposées, nous avons été très satisfaits de son utilisation au quotidien, depuis plus de six mois. Le délestage fonctionne parfaitement, ce qui constitue un vrai avantage, particulièrement en hiver, pour éviter de faire disjoncter le compteur Linky.
Son prix, autour de 700 euros, est toutefois un peu élevé, mais du niveau de ses concurrentes d’autres grands fabricants (Legrand, Schneider, Wallbox…). Si l’on souhaite seulement utiliser quelques fonctions de base comme le délestage, le réglage des horaires de recharge et consulter les données de consommation, d’autres bornes existent autour de 500 euros. La V2C Trydan a l’avantage d’être fabriquée en Espagne par une marque espagnole qui propose sa propre application smartphone, ce qui nous paraît plus sûr d’un point de vue cybersécurité et service après-vente.
➡️ Cet essai a été réalisé librement par un journaliste de Révolution Énergétique.
➡️ Le produit testé nous a été envoyé gratuitement par la marque, à son initiative et sans contreparties.
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