La Chine n’est pas avare en mégaprojets. Elle déclare avoir mis en service la plus grande installation de production d’hydrogène par électrolyse du monde. Une méga-centrale qui en annonce d’autres, plus grandes encore.

Sinopec est un géant chinois du pétrole, du gaz et de la chimie. Il est par ailleurs le plus grand consommateur d’hydrogène (H2) en Chine, à hauteur de 4,5 millions de tonnes chaque année. Sinopec l’utilise essentiellement pour traiter le pétrole et la fabrication de produits pétrochimiques. De plus, ses besoins en hydrogène ne vont aller qu’en augmentant, car la compagnie pétrolière s’est lancée récemment dans la vente d’hydrogène en tant que carburant pour le secteur du transport. Sinopec a ainsi construit un total de 74 stations à hydrogène, destinées à distribuer 45 tonnes par jour pour ravitailler 9 000 véhicules à pile à combustible.

Cet hydrogène est toutefois produit aujourd’hui à partir d’hydrocarbures fossiles, et Sinopec déclare mener des développements technologiques pour « pour produire de l’hydrogène propre et permettre au pays de passer à un système énergétique plus vert et plus durable. ». Dans le cadre de cet effort, Sinopec déclare le 3 juillet 2023 par un communiqué de presse, que son installation d’électrolyse de Kucha a commencé à fonctionner.

L’installation d’électrolyse de Sinopec, à Kucha / Image : Sinopec, gouvernement de Chine.

Dénommée « Green Hydrogen Pilot Project » (que l’on pourrait traduire par « projet pilote pour l’hydrogène vert »), l’installation se trouve à proximité de la ville de Kucha, dans la préfecture d’Aksu, en plein cœur de la province autonome ouïghoure du Xinjiang, et étape importante des antiques routes de la soie.

L’installation a une capacité de production initiale de 10 000 tonnes d’hydrogène par an, et est prévue pour pouvoir produire jusqu’à 20 000 t/an. Elle est équipée de 52 électrolyseurs de 5 MW, pour une puissance totale de 260 MW. Les électrolyseurs sont fournis par Cockerill Jingli Hydrogen, Longi Hydrogen et PERIC. Le site peut stocker 210 000 m3 d’hydrogène et les canalisations ont un débit maximal de 28 000 m3/h.

À titre de comparaison, le futur plus grand site de production d’hydrogène « vert » de France sera équipé d’un électrolyseur de 40 MW. Il sera donc 6,5 fois moins puissant que son homologue chinois.

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Une installation alimentée par énergie solaire

D’après Sinopec, les électrolyseurs seront alimentés par de l’énergie photovoltaïque ou éolienne. « Ce mégaprojet est le plus grand projet de conversion de l’énergie solaire en hydrogène au monde et le premier de ce type en Chine. Il est équipé d’un complexe de production d’énergie photovoltaïque, de lignes de transmission et de transformation de l’énergie, ainsi que d’installations de production d’hydrogène par électrolyse de l’eau, de stockage et de transport de l’hydrogène, et d’une production auxiliaire », explique l’entreprise.

Les caractéristiques de la centrale photovoltaïque ne sont toutefois pas fournies par Sinopec, qui indique que l’installation pourra éviter l’émission de 485 000 tonnes de CO2 par an. L’investissement est de l’ordre de 3 milliards de yuans, soit environ 400 millions d’euros.

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Un autre projet lancé en Mongolie

Le 22 février 2023, Sinopec avait annoncé le lancement de la construction d’un autre projet de production massive d’hydrogène, en Mongolie-Intérieure. Ce projet appelé Inner Mongolia Erdos Wind-Solar Green Hydrogen Project (soit « projet pour l’hydrogène vert par le vent et le soleil d’Erdos en Mongolie-Intérieure »), représente un investissement global de 5,7 milliards de yuans, soit approximativement 800 millions d’euros.

Cérémonie de lancement de la construction de l’installation d’électrolyse de Sinopec, à Erdos, en Mongolie-Intérieure / Image : Sinopec.

L’installation est destinée à produire 30.000 t/an d’hydrogène, ainsi que 240 000 t/an d’oxygène. Ce dernier est destiné au traitement du charbon dans une installation voisine, dénommée ZTHC Energy. L’énergie sera fournie par une centrale éolienne de 450 MW et en une centrale photovoltaïque de 270 MW.

Il s’agit d’un projet plus vaste encore que celui de Kucha. Notons toutefois que la capacité additionnée des installations de Kucha et d’Erdo sera de l’ordre de 50 000 t/an d’hydrogène, 1 % de la consommation de Sinopec, et la performance doit être mise à la juste mesure de l’enjeu. Mais Rome ne s’est pas faite en un jour, et nous pouvons nous attendre à ce que de nouveaux records de taille d’installations d’électrolyse continuent d’être battus à l’avenir.

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