Les coûts de l’électricité photovoltaïque ne cessent de baisser, mais dans quelle mesure la chute va-t-elle se poursuivre ? Voici les perspectives jusqu’en 2050 proposées par DNV, un acteur reconnu de la prospective dans le domaine de l’énergie.

DNV est une société fondée en 1864 en Norvège (son nom signifie Det Norske Veritas) et avait alors pour mission l’inspection des navires marchands norvégiens. Un siècle et demi plus tard, il s’agit d’un des principaux prestataires de services en matière de gestion des risques. Dans le domaine qui nous intéresse, la société propose un rapport annuel concernant ses perspectives au sujet de la transition énergétique, dans le monde entier, et ce jusqu’en 2050. L’édition 2023 de ce rapport a été publiée récemment, et l’exercice est bien rodé puisqu’il s’agit de la 7ᵉ édition. Le rapport peut être consulté gratuitement.

Ce dernier couvre tous les domaines de la transition énergétique, aussi bien l’offre que la demande, et la partie sur l’énergie photovoltaïque (paragraphe 3.1) commence à la page 64.

Augmentation au cours du temps de la capacité photovoltaïque / Image : GNV.
Traductions de la légende : « Net additions » : augmentation nette ; « Solar PV » : production photovoltaïque ; « Solar+storage » : production photovoltaïque + stockage ; « retirements » : démantèlement.

GNV relève que si au début des années 2000, les installations de systèmes photovoltaïques représentaient de l’ordre de 4 GW/an, ce nombre est passé à 250 GW/an en 2022, soit une augmentation d’un facteur 50 environ en 20 ans. GNV prévoit une augmentation à plus 730 GW/an à l’horizon 2050, soit une nouvelle augmentation d’un facteur 3. Une autre estimation concerne le stockage : GNV considère que plus de 60 % des installations incluront un système de stockage dédié en 2050. Le cumul devrait atteindre une capacité de production totale d’environ 15 TW en 2050, soit une augmentation d’un facteur 10 par rapport à 2022.

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Une baisse drastique des coûts

Ces chiffres envisagés par DNV sont déjà impressionnants, mais ils le sont également en ce qui concerne le coût de l’énergie solaire. Concernant cette donnée économique, une grandeur généralement utilisée est le coût actualisé de l’énergie (en anglais Levelized Cost Of Energy, ou LCOE), qui entend intégrer l’ensemble des coûts sur la totalité de la durée de vie d’un moyen de production d’énergie, de sa construction à son démantèlement.

Selon le calcul de DNV, le coût de l’électricité produit produite par une installation photovoltaïque est d’ores et déjà en moyenne aujourd’hui à 0,041 $/kWh sans installation de stockage, et à 0,069 $/kWh avec une installation avec stockage. Ces coûts sont estimés à partir d’un coût d’investissement à 870 $/kW. DNV estime que les coûts d’investissements pourraient descendre sous 700 $/kW après 2030, puis sous 560 $/kW d’ici 2050. Ces diminutions de coûts d’investissement pourraient amener le LCOE de l’électricité solaire à moins de 0,020 $/kWh, et à une valeur de l’ordre 0,04 $/kWh avec stockage.

Baisse tendancielle du LCOE de l’électricité photovoltaïque / Image : DNV.

Les valeurs présentées par DNV concernent vraisemblablement des installations industrielles au sol. Il est donc difficile de convertir ces résultats en €/kWh en France, pour un particulier qui souhaiterait s’équiper sur son toit. Rappelons en outre qu’il ne s’agit que de prédictions d’un organisme reconnu, certes, mais assujetti aux incertitudes fortes pesant sur l’avenir de l’énergie.

Notons toutefois la tendance : DNV prévoit une diminution de l’ordre d’un facteur 2 d’ici 2050 du coût complet de l’énergie solaire, notamment avec stockage. En outre, une grande part de cette diminution devrait se produire dès 2030. La hausse continue du coût de l’électricité réseau rapprochant l’autoconsommation photovoltaïque (avec stockage) du point de rentabilité, on peut penser, sur la base des estimations de DNV, que ce devrait d’autant plus être le cas au cours de la prochaine décennie.

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