L’industrie est responsable de pas moins de 20 % de nos émissions de dioxyde de carbone (CO2). Alors toutes les solutions visant à décarboner ce secteur de notre économie seront bonnes à prendre. Parmi elles, celle d’une chaudière, pourtant au gaz, développée en France.
Produire de la vapeur et de l’eau chaude pour les besoins de l’industrie est énergivore. Pire, cela suppose aujourd’hui toujours de brûler des quantités de combustibles fossiles. Avec les émissions de gaz à effet de serre qui y sont associées. Les seules chaudières à gaz industrielles — dans le secteur de la chimie, de l’agroalimentaire ou du papier, par exemple — émettent ainsi chaque année 12 millions de tonnes de dioxyde de carbone (Mt de CO2) — à comparer aux quelque 640 Mt encore émises dans notre pays en 2023.
Alors que le processus reste difficile à électrifier, certains cherchent des solutions dans une alimentation des chaudières au biogaz. Ou encore dans la capture du CO2 en sortie d’usine. Ceux qui se sont engagés dans le projet Ch0C — parmi lesquels GRDF, Natran, Engie, Total Énergies, Groupe Bonduelle, Coca-Cola ou encore Babcock Wanson — ont fait le choix d’attaquer le problème sous plusieurs angles. D’associer plusieurs technologies pour concevoir une chaudière industrielle qui émettrait 90 % de CO2 en moins qu’une chaudière conventionnelle, à condition de le séquestrer en sortie.
À lire aussiCe système peut récupérer et stocker de la chaleur fatale jusqu’à 1 000 °CLe secret, c’est l’oxycombustion. Comprenez que sur la Ch0C — l’acronyme signifie « chaudière zéro carbone » —, l’air indispensable à la combustion est remplacé par de l’oxygène quasiment pur. De quoi s’épargner la combustion de l’azote présent en masse dans l’air que nous respirons. Une façon de faire grimper le rendement thermique de l’installation. La promesse, aussi qui ne gâche rien, qu’il n’y aura que très peu de dioxydes d’azote — seulement celui qui était déjà présent dans le gaz fossile — dans les fumées. Ces fameux NOx qui empoisonnent nos vies, provoquant au mieux des inflammations respiratoires, au pire, des décès prématurés.
L’avantage aussi de réduire à presque rien la quantité d’azote dans les fumées, c’est d’y concentrer, au contraire, le CO2. C’est intéressant parce que ça simplifie ensuite les opérations de capture en vue de séquestration ou de valorisation. Une technologie d’épuration et de liquéfaction du CO2 permet à la Ch0C de répondre aux standards de qualité très stricts du secteur.
Pour optimiser encore les performances, les partenaires du projet comptent sur un brûleur spécialement développé pour améliorer la combustion. Mais aussi sur le fait de rediriger une partie des fumées vers le foyer pour éviter que la température de la flamme d’oxycombustion grimpe trop haut.
Le consortium derrière le développement de la chaudière Ch0C, soutenu par l’Ademe et France 2030, estime qu’à terme, cette innovation pourrait constituer une alternative pour environ 2 000 chaudières industrielles. Et éviter ainsi l’émission de pas moins de 8 Mt de CO2 chaque année rien que dans notre pays. Le tout en restant plus compétitif que des solutions électriques ou biomasse.
La suite de votre contenu après cette annonce
Notre Newsletter
Ne ratez plus les dernières actualités énergetiques
S'inscrire gratuitement
Nos autres articles sur le sujet
EntreprisesActualitéTestsReportages