Les huit stades de la coupe du monde de football 2022 au Qatar ont la particularité d’être climatisés. Ils consomment nettement plus d’électricité que la plupart des autres enceintes sportives dans le monde. Mais comment le courant est-il produit dans ce petit pays au climat désertique ?

Habituellement, l’exploitation d’un stade n’est pas un gouffre énergétique. L’énergie qui y est dépensée est censée provenir davantage de la ferveur des supporters que de l’enceinte elle-même. Pour la coupe du monde de football 2022 au Qatar, c’est l’inverse. Dans ce pays au climat torride, les stades sont entièrement climatisés pour y maintenir une température supportable.

Selon France Inter, qui a mené sa petite enquête, le seul stade Khalifa serait équipé de 18 unités de climatisation développant une puissance cumulée d’environ 190 MW. Le Qatar mobilisant 8 enceintes sportives pour la coupe du monde de football 2022, il est probable que la puissance de climatisation installée approche 1,5 GW, soit l’équivalent d’un réacteur nucléaire français de palier N4.

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Ces groupes de climatisation sont branchés au réseau électrique Qatari, dont la production est assurée à 99,8 % par des centrales à gaz fossile. Car ce petit pays de 11 600 km² seulement, à peine plus grand que la Corse, est le 5ᵉ plus gros producteur de gaz fossile au monde derrière la Chine, l’Iran, la Russie et les États-Unis. Il est assis sur les 3ᵉ plus grandes réserves de gaz de la planète.

S’il dispose d’un potentiel solaire considérable, avec un rayonnement annuel parmi les meilleurs au monde (2 400 kWh/m²), le Qatar ne l’exploite quasiment pas. Le photovoltaïque représente seulement 0,2 % de sa production d’électricité, selon le BP Statistical review of world energy publié en 2022. Faute de gisement, il n’y a aucun parc éolien ni de centrale hydroélectrique. Il ne possède pas non plus de centrale nucléaire, contrairement à son voisin Émirati qui a démarré son premier réacteur durant l’été 2022, à une centaine de kilomètres de la frontière.

Par ailleurs, les 2,9 millions de Qataris consomment 47,1 TWh d’électricité chaque année. Avec plus de 16 MWh par personne et par an, le pays est l’un des plus gros consommateurs d’électricité par habitant. Ainsi, un habitant du Qatar engloutit 2,3 fois plus de courant qu’un Français (6,7 MWh/an/hab).

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Ce chiffre élevé est dû à l’usage intensif de la climatisation, aussi bien dans les habitations que dans les bureaux et commerces, mais pas uniquement. L’industrie gazière, qui fabrique des engrais entre autres produits dérivés du gaz et dispose de stations de liquéfaction pour l’export de gaz naturel liquéfié (GNL) par bateau, représente 28 % de la consommation. L’eau potable, obtenue par désalinisation d’eau de mer, est quant à elle produite par cogénération dans les centrales électriques à cycle combiné gaz.

Au-delà de l’électricité, l’énergie primaire consommée au Qatar provient exclusivement de ressources fossiles : trois quarts de gaz et le reste de pétrole qu’il extrait également de son sol. L’ensemble des activités réalisées dans ce pays, et donc la coupe du monde de football, sont donc très fortement émettrices de gaz à effet de serre. Le Qatar n’est toutefois pas le seul pays ultra-carboné à avoir organisé cette compétition.

Avec sa production électrique obtenue à près de 90 % de centrales à charbon, l’Afrique du Sud, qui a hébergé l’édition 2010, est aussi un gros émetteur de CO₂. Ce fut également le cas de l’Allemagne en 2006 et, dans une moindre mesure, de la Russie en 2018. Les coupes du monde de football les plus « vertes » ont probablement été celles organisées par la France en 1998 et la Suède en 1958.

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