Pour sauver Air France, ainsi que les 350.000 emplois directs et indirects que la compagnie fait vivre, l’Etat français signe un chèque de 7 milliards d’euros, finance le chômage partiel et accepte de reporter le paiement de taxes. En échange, l’entreprise doit devenir « la compagnie aérienne la plus respectueuse de l’environnement ». A l’analyse des mesures imposées, il est difficile d’y croire…
Air France n’a pas été épargnée par les conséquences de l’épidémie du coronavirus, mais affichait déjà une santé fragile avant la crise : hausse de la facture carburant l’année dernière, baisse des bénéfices de 31% en 2019, et perte d’exploitation de 303 millions d’euros au premier trimestre 2020. De surcroît, la compagnie, qui n’a plus distribué aucun dividende depuis 2008, affichait déjà une perte de plusieurs dizaines de millions sur les vols intérieurs.
La pandémie n’a pas arrangé les choses. Elle a entraîné une chute du chiffre d’affaire de 95%, et l’impact sur le résultat d’exploitation est estimé à -150 voire -200 millions d’euros entre février et avril. Une crise catastrophique pour tout le groupe franco-néerlandais.
Conscient de l’enjeu économique qui pèse sur l’avenir de la compagnie aérienne française, le gouvernement vient de délier les cordons de la bourse. Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, annonçait le 24 avril dernier que l’Etat allait garantir à 90% des emprunts pour un total de 4 milliards d’euros, et accorder un crédit direct de 3 milliards. De son côté, le gouvernement néerlandais a décidé de soutenir la compagnie KLM, société-sœur d’Air France, à hauteur de 2 à 4 milliards d’euros.
Le ministre assure toutefois que des contreparties écologiques sont exigées : « Nous avons fixé des conditions. Le groupe devra à nouveau être compétitif et surtout devenir la compagnie aérienne la plus respectueuse de l’environnement sur la planète », a-t-il déclaré le 24 avril.
Les mesures imposées sont-elles crédibles ? Air France devra restructurer son réseau, renouveler une partie de sa flotte et améliorer sa compétitivité. Des objectifs environnementaux flous, sans ambition et peu contraignants, au vu de la hauteur des enjeux climatiques. Pour faire face à la critique, Bruno Le Maire veut convaincre du contraire : « Je veux redire à Air France que ce soutien n’est pas un chèque en blanc » déclarait-il ce 29 avril sur les réseaux sociaux. Mais aux yeux de Clément Sénéchal, chargé de campagne chez Greenpeace, le gouvernement ne fait rien d’autre que donner la « priorité au kérosène écologique » !
Le déconfinement étant programmé, la question est de savoir si le rebond espéré aura bien lieu, et si Air France récupérera les 104 millions de passagers transportés « comme avant ». A notre avis, rien n’est moins sûr.
Il n’est pas exclu que l’épidémie et la distanciation sociale qu’elle nécessite ne se prolonge dans le temps, surtout si une deuxième vague d’infection fait son apparition.
En outre, le volume des voyages d’affaires pourrait très bien être la victime du confort, de la rapidité et de la facilité des vidéo-conférences, que de nombreux cadres et salariés ont pu expérimenter pendant le confinement.
Enfin, le secteur aérien est ultra-concurrentiel et les compagnies aériennes se font une guerre des prix sans merci. Certaines d’entre elles étaient déjà au bord du dépôt de bilan avant la crise. Si les fusions-acquisitions se multiplient au sein du secteur au cours des prochains mois, il est permis d’espérer que certaines lignes, moins fréquentées et non rentables, fassent les frais de la restructuration.
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