L’idée paraît saugrenue, mais ce n’est pas ce que vous pensez. Le métro de Marseille pourrait bel et bien être équipé de panneaux photovoltaïques. Non pas sur les rames ni dans les tunnels évidemment, mais entre les rails des tronçons aériens.

Il y a 3 km de sections aériennes sur le (petit) réseau de métro marseillais. Dans une ville baignée par le soleil plus de 300 jours par an, ce foncier constitue un beau potentiel énergétique. En y installant des panneaux photovoltaïques en autoconsommation, la Régie des transports métropolitains (RTM), opérateur du réseau, pourrait produire jusqu’à 341 MWh chaque année. Soit de quoi couvrir la consommation des pompes de relevage (qui évacuent l’eau s’infiltrant naturellement dans les tunnels), des escalators et de l’éclairage des stations, nous explique Jean-Pierre Yamin, le directeur des installations fixes et systèmes de la RTM. « L’objectif est d’atteindre 10 % d’autoproduction » affirme-t-il.

Mais à quel endroit de la voie placer les panneaux solaires ? L’idée est de les intégrer aux traverses qui maintiennent les rails. Plusieurs sociétés se sont lancées récemment dans ce type d’installation solaire pour le moins surprenante. Sur le réseau du métro marseillais, c’est un défi particulier, car les rames circulent sur pneus et sont alimentées en électricité par l’un des rails. Contrairement au réseau ferroviaire classique équipé de 2 rails, les métros sur pneus en nécessitent… 6 (2 pistes, 2 rails-guides et 2 rails standards).

À lire aussi Pourquoi installer des panneaux solaires dans le métro n’est pas si absurde

Malgré le faible espace libre sur les traverses, il serait tout de même possible de produire autour de 112 kWh par mètre linéaire et par an, selon notre interviewé. Chaque panneau disposerait d’une puissance de 75 à 85 Wc. Ils devront résister au poids des techniciens, qui marcheront dessus lors des opérations de maintenance de la voie. Le cahier des charges est donc bien plus restrictif que celui d’un simple panneau à poser sur un terrain vague.

Aucun retour d’expérience sur les panneaux solaires « ferroviaires »

Ainsi, la RTM étudie en parallèle la possibilité d’installer des panneaux solaires en canopée, par-dessus les voies. C’est à priori impossible sur les tronçons en viaduc, constitués en béton précontraint, mais envisageable sur les sections en talus et les arrières gares. Le toit des parkings relais et dépôts peut aussi être équipé.

Pour sa centrale solaire entre rails, l’opérateur attend un retour sur investissement (ROI) en 18 ans. C’est plus long qu’un site photovoltaïque classique (une dizaine d’années), mais logique au regard de la technologie inédite employée. Avant de s’y lancer massivement, la RTM va toutefois tester le concept dès la fin septembre 2023. Une « maquette » fonctionnelle pour palier l’absence totale de retour d’expérience sur les systèmes photovoltaïques sur traverses ferroviaires. Si l’essai est concluant, elle pourrait mettre en service les premiers mètres de voie solaire entre 2024 et 2027.

À lire aussi Comment les trains économisent-ils l’énergie en France ?