Engie vient de dévoiler sa vision de la transition énergétique à l’horizon 2050. Sans surprise, l’énergéticien français prévoit que le gaz continuera à jouer un rôle important dans le mix énergétique européen grâce à une production décarbonée.

Alors que le gouvernement français devrait publier, d’ici quelques semaines, la prochaine loi de programmation sur l’énergie et le climat, Engie a livré son propre scénario pour un avenir décarboné. Au programme, des énergies renouvelables, de la sobriété, mais aussi du biogaz et de l’hydrogène.

Après RTE, qui s’était livré à l’exercice du scénario à l’horizon 2050 l’année dernière, c’est au tour d’Engie de rendre sa copie. L’énergéticien a choisi de développer sa vision à l’échelle européenne, justifiant ce parti pris par l’importance des interconnexions entre 15 pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Royaume-Uni, Slovaquie, Suisse). Avec ce scénario, Engie souhaite atteindre les objectifs de l’Europe en matière de climat, c’est-à-dire la neutralité carbone en 2050.

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Développer massivement le stockage d’électricité

Selon le groupe, une telle ambition passe d’abord par une plus grande sobriété énergétique. Engie estime ainsi qu’il faudra réduire de 34 % la consommation d’énergie à l’échelle européenne, et ce, malgré une augmentation de la population estimée à 12 %. Principal levier de cette sobriété : la rénovation thermique des bâtiments.

En parallèle, Engie rappelle qu’une forte accélération du développement des énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien est indispensable. Pour accompagner ce développement, le groupe propose de multiplier par quatre les capacités de stockage d’énergie actuelle via des systèmes de batteries ainsi que des STEP. Ces nouvelles infrastructures, fonctionnant en synergie avec les parcs de production d’énergie renouvelable, permettront notamment de compenser leur intermittence.

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Selon Engie, le gaz n’est pas mort

Pour l’énergéticien, la décarbonation de l’Europe nécessite le développement massif de toutes les technologies actuelles, tout en laissant de la place aux technologies émergentes. En rappelant qu’il faut utiliser toutes les forces en présence, Engie semble vouloir avertir que la neutralité carbone ne se résume pas à une simple électrification de l’Europe. « L’alliance de la molécule et de l’électron est la réponse à ces enjeux à l’échelle du pays et de l’Europe » répète, sans surprise, la directrice générale d’Engie Catherine MacGregor. En d’autres termes, le biogaz et l’hydrogène devront avoir un rôle prépondérant dans la décarbonation de l’Europe.

Engie souligne notamment l’importance de l’hydrogène décarboné, qui pourrait jouer un rôle clé dans de nombreux secteurs comme la mobilité lourde (aviation, transport maritime) ou l’industrie. Selon l’énergéticien, la consommation européenne d’hydrogène devrait être multipliée par 8, et la moitié de cet hydrogène sera produit localement grâce à l’électrolyse de l’eau.

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Le biogaz pourrait être une solution de production d’énergie pour certains types d’industries, mais aussi pour le transport et le chauffage des bâtiments. Pour cela, le potentiel de la biomasse en France serait suffisant pour couvrir la demande, tant pour la biomasse solide que pour la méthanisation. Engie propose également de mettre en place des turbines à cycle combiné gaz (CCG), pourtant fortement émettrices de CO₂, pour répondre aux besoins de flexibilité du réseau électrique, au même titre que les STEP et les batteries de stockage.

Ainsi, souvent délaissé dans les objectifs de neutralité carbone, le biogaz porte ici un rôle non négligeable dans les projections d’Engie. Sa production devra néanmoins être maîtrisée pour limiter son impact environnemental. En effet, si la biomasse, dont le biogaz résulte, peut être considérée comme une énergie renouvelable, elle repose sur un équilibre fragile et peut entraîner des émissions de CO₂. De plus, ce type de processus pourrait entrer en concurrence avec l’agriculture destinée à la nourriture ou encore la sylviculture destinée à la construction. Malgré ces risques, Engie se veut rassurant et indique que les volumes de biocarburants devront être maîtrisés pour éviter tout déséquilibre.

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