En Allemagne, BP et TotalEnergies viennent de remporter une enchère unique en son genre pour le développement, la construction et la gestion de 4 futurs parcs éoliens offshore pour une puissance totale de 7 GW. Montant de la transaction : 12,6 milliards d’euros.

Le 1ᵉʳ février 2023, l’Allemagne lançait un appel d’offres portant sur 3 parcs éoliens offshore à construire en mer du Nord et un parc en mer Baltique pour une puissance totale de 7 GW. Ces parcs ont la particularité de ne pas avoir été pré-développés par le pays en amont de la procédure. À l’issue de cet appel d’offres, le gouvernement a reçu de nombreuses offres sans subvention, l’obligeant à procéder, pour la première fois, à une mise aux enchères des 4 parcs.

Au terme de ces enchères, ce sont finalement BP et TotalEnergies qui sont sortis vainqueurs en remportant 2 parcs chacun. Selon Klaus Müller, président de la Bundernetzagentur (Agence fédérale des réseaux), les résultats de cette procédure « confirment l’attrait d’investir dans l’énergie éolienne offshore en Allemagne ». Il a également ajouté que « la concurrence dans l’énergie éolienne offshore n’a jamais été aussi élevée. Les résultats sont une étape clé vers la réalisation de l’objectif d’expansion offshore de 30 GW d’ici 2030 ».

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Pour les vainqueurs, il est désormais temps de passer à l’action. TotalEnergies, qui compte revendre directement l’électricité produite, a pour objectif une mise en service de ses deux parcs d’ici 2030. Du côté de BP, qui se fixe le même objectif de planning, l’électricité produite devrait être utilisée notamment pour produire de l’hydrogène vert, des biocarburants ainsi que pour décarboner ses raffineries. Pour respecter les objectifs environnementaux associés à cet appel d’offre, TotalEnergie réserve une enveloppe de 582 millions d’euros pour conserver le milieu marin et promouvoir une pêche plus respectueuse de l’environnement et plus durable.

Une procédure d’enchère critiquée

Selon l’Agence fédérale des réseaux, les 12 milliards d’euros récoltés serviront à 90 % pour créer les infrastructures nécessaires au raccordement de ces nouveaux parcs et pour réduire les coûts de l’électricité. Les 10 % restants seront dédiés à la préservation de l’environnement et à la mise en place de mesures pour le développement d’une pêche durable.

Cependant, l’association Windeurope, qui défend les intérêts de l’éolien à Bruxelles, a rappelé que ce type de procédure d’enchères négatives, non plafonnées et basées uniquement sur le prix, a des limites importantes. Les opérateurs ayant remporté la procédure vont devoir, en effet, payer une somme très élevée pour avoir le droit d’installer les éoliennes. Selon Windeurope, cette procédure entraîne des coûts supplémentaires pour les porteurs de projets qui pourraient se répercuter, soit sur la chaîne de production, soit sur le coût final de l’électricité produite, affectant alors directement les futurs clients des parcs.

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Enfin, la somme qui a été investie pour ces enchères représente une masse financière importante qui ne pourra pas être dédiée à d’autres projets de parcs éoliens offshore. Cette situation pourrait ainsi s’avérer contreproductive pour l’Allemagne, qui souhaite atteindre une capacité de 30 GW d’ici 2030.

Dans le courant de l’été, l’Allemagne va relancer une nouvelle procédure d’appel d’offres portant sur 1,8 GW d’éolien offshore, cette fois sur des sites pré-développés par le gouvernement.  Pour ce nouveau projet, les enchères ne porteront pas exclusivement sur le prix et prendront notamment en compte le volet environnemental au moment de la décision. Cet appel d’offre supplémentaire porte à 8,8 GW la puissance des parcs éoliens en mer proposés par l’Allemagne aux enchères cette année. Cela représente une capacité supérieure à l’ensemble de son parc éolien offshore actuel.

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