Grâce à une centrale solaire thermique déployée sur son toit, cet habitant de Pérenchies (Nord) a divisé par 3,4 sa consommation annuelle de gaz pour l’eau chaude et le chauffage. Convaincu, le particulier a même ajouté des panneaux photovoltaïques afin de produire de l’électricité, malgré un emplacement géographique à priori peu favorable au solaire.

Chaque année, Bruno Catiau et sa petite famille consommait 21 860 kWh de gaz fossile pour se chauffer et se laver. Depuis l’installation d’une centrale solaire thermique sur le toit de leur pavillon à Pérenchies (Nord), ils n’en consomment plus que 6 500 kWh. Le soleil a remplacé une partie du gaz pour la production d’eau chaude sanitaire et dans une moindre mesure pour le chauffage.

Une réduction drastique réalisée « en parallèle à une modification de nos comportements » précise le sexagénaire. « La sobriété est indissociable à la recherche des économies d’énergies » veut-il rappeler. Le foyer s’est également dépeuplé, expliquant notamment la baisse de la consommation.

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L’insert bois, un premier pas pour réduire l’utilisation du gaz

Leurs deux enfants émancipés depuis quelques années, Bruno et sa compagne sont désormais seuls occupants d’une maison de 100 m². La consommation de gaz annuelle par habitant au sein du logement a tout de même fortement baissé à l’installation des capteurs solaires thermiques : elle est passée de 5 465 kWh/an/hab en 1996 à 3 250 kWh/an/hab en 2021.

Avant même l’arrivée de sa centrale solaire, Bruno Catiau était déjà parvenu à diminuer sa consommation de gaz au moyen d’un « insert bois à double combustion » installé en 2000.

Les 4 stères brûlés chaque saison permettent d’effacer quelque 6 304 kWh de gaz annuellement, assure-t-il. Puis, en 2002, l’agent SNCF remplace sa chaudière à gaz historique par un modèle à basse température. C’est 1 949 kWh supplémentaires d’économisés.

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Un « combi-solaire » tout-en-un pour l’eau chaude et le chauffage

Le père de famille fait installer ses premiers capteurs solaires thermiques en 2005. Il s’agit de 20 tubes sous vide placés en toiture, raccordés à un ballon d’eau chaude sanitaire de 200 litres. De nouveau, la consommation de gaz chute de 1 000 kWh.

Pour aller encore plus loin, Bruno Catiau décide en 2007 de remplacer les capteurs par un « combi-solaire » de marque Viessman. Aussi appelée « système solaire combiné », cette installation tout-en-un permet de produire de l’eau chaude sanitaire, mais également de la chaleur pour le chauffage central.

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Le dispositif prend la forme de 60 tubes solaires sous vide en toiture, alimentant 2 ballons de 300 litres : l’un pour l’eau chaude, l’autre pour le « préchauffage » du chauffage central.

Un remplacement effectué à moindre coût, l’artisan ayant récupéré l’installation solaire d’origine et le propriétaire bénéficiant d’importantes subventions de l’ADEME ainsi que d’un crédit d’impôt. De 15 863 € TTC au départ, le « combi-solaire » est donc passé à… moins de 4 000 €.

En parallèle, le nordiste a de nouveau troqué sa chaudière gaz basse température par un modèle à condensation encore plus économe, acheté 3 900 €.

Les capteurs thermiques du combi-solaire sont composés de tubes sous vide / Images : Bruno Catiau.

En hiver, le soleil ne suffit pas

Associés à quelques travaux de renforcement de l’isolation thermique, ces équipements ont permis une réduction de 2 500 kWh annuels de la consommation de gaz, qui s’établit désormais à 6 500 kWh (soit 630 €).

Si le « combi-solaire » est très efficace pour la production d’eau chaude sanitaire, Bruno Catiau déplore toutefois un faible intérêt pour le chauffage. En effet, il ne fournirait pas suffisamment de chaleur durant les mois les plus froids. « Je ne compte pas dessus pendant les 4 mois d’hiver, ou il ne fonctionne peu ou pas » reconnaît-il.

L’appareil leur permettrait simplement d’être autonomes en eau chaude sanitaire « 8 mois sur 12, en habitant pourtant à quelques kilomètres de la Belgique » précise-t-il. « Le combi solaire, c’est cher pour pas grand-chose, un cumulus solaire standard est franchement suffisant » concède le nordiste.

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Des panneaux photovoltaïques en renfort des capteurs thermiques

Si la majeure partie de l’année, l’eau chaude destinée à la douche, mais également aux lave-linge et lave-vaisselle provient majoritairement du soleil, il peut arriver qu’une grisaille persistante empêche la production.

Dans ce cas, le ballon autorise « 2 à 3 jours d’autonomie, parce que nous sommes 2 et n’avons pas de baignoire » explique Bruno Catiau. L’eau n’est bien évidemment jamais froide, car une résistance électrique prend automatiquement le relais lorsque la température est trop basse.

Installée en 2012, sa centrale solaire photovoltaïque peut d’ailleurs alimenter le ballon d’eau chaude si nécessaire. Une synergie très pertinente, notamment en hiver ou les panneaux photovoltaïques sont plus rentables que les capteurs thermiques. « On peut arriver à une eau à 50/60 °C en cumulant la centrale solaire thermique et photovoltaïque certaines journées d’hiver très ensoleillées » assure-t-il.

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Un panneau photovoltaïque en toiture / Image : Bruno Catiau.

Optimiser l’autoconsommation grâce à un véhicule à batterie

À côté des 60 tubes solaires thermiques sous vide, le toit de Bruno Catiau est donc doté de 6 panneaux photovoltaïques en surimposition totalisant 1 320 kWc de puissance. Cette centrale lui a permis de limiter l’explosion de sa consommation d’électricité suite à l’achat d’un véhicule hybride-rechargeable.

Doté d’une batterie de 10,8 kWh, son Volvo XC40 carbure exclusivement au soleil grâce à une programmation de la recharge entre 11 h et 16 h. Associée au répartiteur intelligent, qui dirige automatiquement les surplus photovoltaïques vers le ballon d’eau chaude, la recharge solaire du véhicule permet au père de famille de revendiquer un taux d’autoconsommation de 90 %.

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Malgré son niveau élevé d’équipement, Bruno Catiau insiste : « les comportements sont aussi importants que les investissements » répète-t-il, car « les comportements changent les choses immédiatement ». Le particulier se plait également à rappeler sa position géographique très au nord, de prime abord peu favorable à la production d’énergie solaire. Selon l’ADEME, il y aurait « suffisamment de soleil, même au nord de la France, pour envisager l’installation d’un chauffe-eau solaire individuel ».