A l’occasion de sa conférence de presse annuelle, GRDF a rappelé la dynamique française en faveur du gaz renouvelable. Objectif de l’Etat : parvenir à injecter 10 % de biométhane dans les « tuyaux » à horizon 2030.  

Produit à partir de déchets organiques issus de cultures agricoles, d’effluents d’élevages ou encore de déchets ménagers, le biométhane est en passe de faire sa révolution dans l’hexagone. S’il ne représente aujourd’hui que 1 % du gaz injecté et consommé, la dynamique est particulièrement forte pour cette filière naissante. A ce jour, la France compte 48 sites d’injection dont 41 raccordés au réseau exploité par GRDF. Une dynamique qui devrait s’accélérer au cours des prochaines années.

« Cette année, on (GRDF ndlr) mettra en service 32 sites d’injection, en 2019 un peu moins de 90 et en 2020 plus de 100. Cela va amener progressivement à des chiffres de production raisonnables. On parle de 3 à 4 % en 2023, ce qui correspond au passage intermédiaire fixé par l’Etat dans cadre de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie qui fixe un objectif d’environ 10 % de gaz vert à l’horizon 2030, soit l’équivalent 30 TWh de gaz » a précisé Christophe Bellet, responsable projet biométhane de GRDF à l’occasion de la Semaine Internationale du Transport et de la Logistique (SITIL), organisée fin mars à Paris.

Du gaz 100 % vert d’ici 2050 ?

Pour les acteurs de la filière, cet objectif de 10 % ne serait qu’une première étape vers une production 100 % verte. Selon une étude publiée fin janvier par l’ADEME lors des Assises de l’Energie, le gaz vert pourrait couvrir 100 % de la consommation française d’ici à 2050.

A cet horizon, la filière française pourrait produire jusqu’à 460 TWh de gaz renouvelable injectable dans les réseaux grâce à trois principales filières : la méthanisation qui produit du méthane à partir des déchets, la pyrogazéification qui produit du biométhane à partir de matière organique, en premier lieu le bois, et le power-to-gas, une technologie aujourd’hui expérimentale qui consiste à convertir le surplus d’électricité renouvelable en gaz de synthèse.

Une énergie verte qui, au-delà de ses vertus environnementales, serait également bénéfique pour la balance commerciale française. Produit localement et générateur d’emplois, le biométhane viendrait réduire un volume d’importation qui couvre aujourd’hui 99 % du gaz français. Et contrairement aux idées reçues, le premier fournisseur de la France n’est pas la Russie mais la Norvège qui a assuré 42.2 % des entrées brutes de gaz en France sur l’année 2015. La Russie n’arrive qu’en seconde position (11.4 %) suivie par les Pays-Bas (10.7 %) et l’Algérie (9.4 %).

Une filière agricole qui s’organise

Alors que le monde agricole devrait assurer une grosse partie de la production de gaz vert au cours des prochaines années, l’Etat souhaite organiser la filière. Lancé début février par Sébastien Lecornu, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la Transition Energétique, le groupe de travail « méthanisation » a rendu ses conclusions fin mars avec 15 propositions censées faciliter et accélérer l’installation d’unités de méthanisation.

Réglementation, certification, tarifs de rachat pour les petits installations, accompagnement de projets innovants, utilisation du biogaz pour les engins agricoles etc… pour le gouvernement, il s’agit de professionnaliser la filière et d’aider les agriculteurs à générer des revenus complémentaires dans le cadre de leurs activités.

Une communication décalée pour sensibiliser le grand public

« Pour se chauffer aussi, on recommande 5 fruits et légumes par jour ». Depuis quelques semaines, GRDF s’est lancé dans une véritable opération de sensibilisation tournée vers vers le grand public.

Simples et percutantes, les accroches visent à sensibiliser sur une énergie encore relativement méconnue et à mettre en avant le potentiel des restes de nos assiettes. De quoi rajeunir l’image parfois un peu vieillotte de la filière gazière par rapport à d’autres secteurs énergétiques.