Le parc offshore de Saint-Brieuc collectionne, contre son gré, les déchets flottants. Mais grâce à un Appel à manifestation d’intérêt (AMI) dédié, cette problématique pourrait devenir un atout pour la dépollution de la baie de Saint-Brieuc. 

Depuis le début du chantier du parc éolien offshore de Saint Brieuc, l’espagnol Iberdrola, par l’intermédiaire de sa filiale Ailes marines, est confronté à un problème inédit : une quantité importante de déchets flottants vient s’accumuler dans les 62 fondations jacket du site. Selon l’exploitant, il s’agit d’une situation exceptionnelle. En effet, aucun autre de ses autres parcs offshore en service, au Royaume-Uni comme en Allemagne, ne subit une telle concentration d’objets flottants. Pour le moment, les raisons de cette accumulation n’ont pas été déterminées. Ce phénomène pourrait être provoqué par une source de pollution distincte, ou tout simplement résulter d’une convergence de courants marins. En tout état de cause, Iberdrola cherche activement une solution pour collecter, puis traiter ces déchets.

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Un Appel à manifestation d’intérêt pour régler le problème

Pour y parvenir, l’entreprise a lancé, en partenariat avec le Pôle Mer Bretagne, un Appel à manifestation d’intérêt (AMI). Cette procédure permettra d’identifier des acteurs économiques susceptibles de répondre à la problématique et ainsi d’élaborer une solution pertinente vis-à-vis de la situation.

Lancée en octobre, cet AMI vise à mettre au point une solution innovante à intégrer au parc éolien pour collecter et traiter les déchets flottants. Cette solution devra permettre de minimiser l’impact de ces déchets sur les infrastructures et les outils nécessaires au fonctionnement du parc éolien. Les déchets, une fois collectés, devront être traités de manière adaptée. Au terme de la procédure, trois lauréats seront désignés et pourront présenter leur solution technique lors du salon FOWT (Floating Offshore Wind Turbine), un évènement international dédié à l’éolien offshore qui se tiendra à Marseille du 24 au 26 avril 2024.

Iberdrola et le Pôle Mer Bretagne profitent également de cet appel à manifestation d’intérêt pour trouver des acteurs capables d’améliorer le suivi de la biodiversité autour du parc éolien grâce à une optimisation du monitoring et ainsi limiter les interventions en mer.

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L’avenir des parcs éoliens offshore est-il multi-usage ?

Dans le contexte de la transition écologique, la notion d’optimisation des usages revient en permanence, et les parcs éoliens n’échappent pas à cette règle. Production d’hydrogène, élevage piscicole, borne de recharge flottante, les expérimentations se multiplient pour trouver des usages complémentaires aux parcs offshore.

En Chine, le géant Mingyang Smart Energy a mis au point un prototype de fondation d’éolienne accueillant une ferme piscicole. Équipée de vastes filets, cette ferme, entièrement gérée à distance, pourrait accueillir jusqu’à 150 000 poissons dans un volume d’eau d’environ 5 000 mètres cubes. Des expérimentations ont également lieu pour la mise en place d’aquaculture multitrophique intégrée au sein de parcs éoliens offshore. Une étude de ce type a notamment eu lieu pour le parc de Saint-Brieuc.

D’autres projets visent à permettre la production d’hydrogène directement au niveau des parcs éoliens offshore, ce qui permettrait d’utiliser le surplus d’électricité produite. C’est ce que Vattenfall envisage avec son « Hydrogen Turbine 1 ». En France, l’entreprise Lhyfe expérimente une plateforme flottante de production d’hydrogène au large de Saint-Nazaire.

Grâce à cet appel à manifestation, le parc de Saint-Brieuc pourrait participer à la dépollution de la baie du même nom, et poser les bases d’un nouvel usage pour les parcs éoliens offshore, à savoir la collecte des déchets flottants.