De nombreuses études tentent de prédire les coûts et capacités des énergies renouvelables à long terme. Mais la boule de cristal serait fêlée. Selon plusieurs chercheurs, elles sous-estimeraient massivement le potentiel du solaire.

Quelle énergie faut-il privilégier pour décarboner le mix électrique mondial ? D’innombrables études essayent de répondre à la question, en analysant le potentiel de production mais aussi le coût de chaque solution. La plupart feraient fausse route concernant l’énergie solaire, assurent les chercheurs de l’Université d’Aarhus au Danemark et du Centre aérospatial allemand DLR.

Mêmes les études de renom, comme celles du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de la Commission européenne, seraient erronées. Fin mars 2021, les scientifiques ont publié deux travaux affirmant que les prévisions sur les prix du solaire sont régulièrement surévaluées.

Le solaire, déjà moins cher qu’en 2050 ?

« Tous les modèles utilisés par le GIEC dans ses rapports appliquent un coût d’environ un euro le watt installé en 2050. Cependant, le coût moyen d’aujourd’hui, soit trente ans avant, est déjà inférieur à cela » explique Marta Victoria, enseignante à l’université d’Aarhus, dans une interview à PV magazine International. La professeure constate d’ailleurs que « depuis 1976, le coût des modules solaires photovoltaïques diminue de 23 % à chaque fois que la capacité de production double ».

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Des valeurs obsolètes et conservatrices

La technologie serait donc bien meilleure marché qu’estimé à long terme. Un constat partagé par les scientifiques du centre aérospatial allemand, qui concluent leur étude en affirmant : « la tendance à la baisse rapide des coûts à été structurellement sous-estimée dans pratiquement toutes les futures analyses de scénarios énergétiques ». « Même les études les plus récentes se réfèrent à des valeurs obsolètes ou très conservatrices » dénoncent-ils.

Les futurs travaux sur le potentiel des renouvelables tiendront-ils compte de ces remarques ? L’enjeu est de taille, car les duels entre différentes technologies peuvent être intenses et des choix doivent être actés face à l’ultimatum climatique. Les deux études prouvent en tout cas l’importance du recul et de la difficile mission de vérification à effectuer à chaque publication.

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