Allons-nous bientôt nous débarrasser du charbon pour la production d’électricité ? Pas sûr, car si les énergies renouvelables se développent à un rythme soutenu, les besoins en électricité progressent, eux aussi, fortement, en particulier dans les pays en développement. 

L’Agence internationale de l’énergie (IEA) vient de publier un rapport fleuve de 170 pages, dans lequel elle fait un état des lieux mondial de l’électricité en 2023, ainsi que ses projections sur l’évolution de l’électricité dans le monde jusqu’en 2026. Dans ce rapport, sobrement intitulé Electricity 2024, l’IEA prévoit notamment que la part des énergies renouvelables dépasse le charbon d’ici 2025 dans le mix électrique mondial. La production électrique issue du renouvelable passerait, en effet, de 8 959 TWh en 2023 à 12 159 TWh en 2026.

Cette hausse très importante est toutefois à mettre en perspective avec les prédictions de besoins en électricité qui passeraient de 29 734 TWh en 2023 à 32 694 TWh en 2026. Ainsi, près de 92 % de la production supplémentaire issue du renouvelable permettrait simplement de suivre la hausse des besoins en électricité. La production issue du charbon devrait bel et bien baisser, mais à un faible rythme. L’AIE envisage une baisse de 1,7 % par an jusqu’en 2026. Quant aux centrales à gaz, leur production devrait augmenter à hauteur de 1 % par an jusqu’en 2026.

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Une année 2023 marquée par une hausse temporaire des émissions de CO2

Néanmoins, ces prévisions sont à prendre avec des pincettes, car le climat pourrait nous jouer des tours et entâcher les objectifs de production d’énergies renouvelables. C’est ce qu’il s’est passé en 2023 : du fait d’une production hydroélectrique inférieure aux prévisions, notamment en Inde et en Chine, ces derniers ont dû utiliser plus de charbon que l’année 2022, entraînant dans le même temps une hausse des émissions de CO2.

L’année 2023 a également été marquée par des besoins croissants en électricité en Asie, notamment avec la Chine et l’Inde. Dans les pays les plus développés économiquement, le constat est bien différent puisque l’IEA a observé une baisse des besoins en électricité, en particulier en Europe où ce recul a atteint 3 % pour la deuxième année consécutive. L’Agence internationale de l’énergie attribue principalement cette baisse au climat économique délicat ainsi qu’à la forte inflation qui ont eu un impact important sur le secteur industriel.

Pour finir sur une note positive, l’IEA souligne que la part de l’électricité dans l’énergie finale est passée de 18 % en 2015 à 20 % en 2023, un chiffre qui témoigne d’une électrification progressive des usages. La route reste longue afin d’atteindre l’objectif zéro carbone d’ici à 2050, puisque l’agence a estimé que pour espérer l’atteindre, la part de l’électricité dans l’énergie finale devra atteindre les 30 % d’ici à 2030.

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