La filière de l’hydrolien n’est pas la plus connue des énergies renouvelables ni la plus développée. Mais cela pourrait changer à l’avenir, au vu des nombreux prototypes qui voient le jour à travers le monde. Et en France, où en est le projet Flowatt qui est prévu au large du Cotentin ?

L’implantation de nouveaux sites de production d’énergie renouvelable rencontre fréquemment son lot d’opposants, pour diverses raisons : artificialisation des sols pour certaines centrales photovoltaïques, nuisances sonores et visuelles pour les éoliennes, et plus généralement l’atteinte portée aux paysages. Les hydroliennes permettent, à priori, d’éviter la plupart de ces désagréments. Installées au fond de la mer, elles sont équipées d’une turbine qui produit de l’électricité grâce aux courants marins. Invisibles depuis les côtes, les hydroliennes ne causent aucune gêne visuelle et esthétique pour le littoral marin tout en permettant de produire de l’électricité décarbonée. En France, le potentiel est intéressant puisqu’il est estimé entre 3 et 5 GW d’après le ministère de la Transition énergétique. Pourtant, le secteur n’est pas très développé.

Le projet Flowatt produira l’équivalent de la consommation de 20 000 habitants

Mais la situation évolue avec de nombreux projets en cours dans le monde. Citons par exemple le projet Seastar en Ecosse, qui porte sur un parc de 16 hydroliennes et a reçu le soutien financier de l’Union européenne à hauteur de 20 millions d’euros. En France, la zone située à l’extrémité sud-ouest du Cotentin, appelée le raz Blanchard, dispose d’un des courants les plus puissants d’Europe. C’est à cet endroit que le projet Flowatt est prévu. Porté par HydroQuest en association avec Quair, le futur parc sera composé de 7 hydroliennes de type HQ 2.5 fabriquées à Cherbourg. Ces hydroliennes seront immergées à environ 35 mètres de profondeur, à 3 km du littoral. La puissance totale des installations atteindra 17,5 mégawatts (MW) et la production d’électricité devrait être équivalente à la consommation de 20 000 habitants.

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Un projet soutenu par l’État français et l’UE

La turbine utilisée a déjà été éprouvée pendant deux ans lors d’une phase de test qui s’est déroulée entre 2019 et 2021 sur le site de Paimpol-Bréhat (Bretagne). Le projet Flowatt bénéficie du soutien de l’État français dans le cadre du plan France 2030 avec un investissement de 65 millions d’euros et un tarif d’achat préférentiel de l’électricité produite sur le site. Le projet a également été retenu parmi 20 lauréats dans le cadre du programme européen « EU Blue Champions » qui récompense des entreprises européennes innovantes dans le secteur de l’économie bleue. Cette récompense va permettre au projet de bénéficier d’un accompagnement et de bénéficier d’outils de financement de la banque européenne d’investissement. Le début des travaux aura lieu en 2025.

À noter que HydroQuest porte deux autres projets hydroliens. Tiger, un projet franco-britannique et Ocean Quest qui concerne une hydrolienne de 1 MW sur le site d’essais d’EDF que nous avons évoqué précédemment, situés à Paimpol-Bréhat. Pour l’heure, aucun objectif concernant le secteur hydrolien n’est inscrit dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 2019-2028). Mais les avancées de la filière lui permettront peut-être à l’avenir de bénéficier d’une place centrale dans la transition énergétique.