Et si l’avenir du photovoltaïque se trouvait en mer ? C’est en tout cas ce que pensent les entreprises belges Jan De Nul, Tractebel et DEME. Ce consortium est sur le point de lancer un prototype de parc photovoltaïque flottant au large des côtes belges. Baptisé Seavolt, ce projet s’inscrit dans une dynamique de plus en plus prononcée en faveur de l’exploitation de l’énergie solaire en mer.

En 2019, les entreprises Tractebel (filiale ingénierie d’Engie), DEME (groupe spécialisé dans le domaine de l’offshore, des infrastructures marines et de l’environnement) et Jan de Nul (spécialiste de l’offshore) s’associaient à l’université de Gand pour entamer le développement d’une plateforme photovoltaïque offshore, donnant naissance à Seavolt.

Si aucune information concernant la capacité de cette installation n’a été dévoilée, on sait qu’elle serait modulaire et capable de résister aux environnements marins les plus hostiles. Selon ses concepteurs, elle pourrait donc être associée aux parcs éoliens offshore pour en augmenter la capacité de production. Pouvant être déployée rapidement, cette solution permettrait également de créer d’importants volumes de production d’énergie renouvelable pour répondre à des besoins locaux.

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Un prototype lancé au large des côtes belges d’ici l’été

Le Seavolt possède une allure bien différente des systèmes photovoltaïques flottants classiques comme celui de Peyrolles-en-Provence (voir notre reportage vidéo). Ici, la structure surélevée est plus adaptée aux conditions de mer difficiles. De plus, les panneaux solaires placés à quelques mètres au-dessus de la mer sont moins exposés. Cela permettrait d’utiliser des modèles plus conventionnels, et donc de réduire les coûts de la plateforme.

Après quatre années de recherches, le consortium a prévu le lancement d’un premier prototype qui sera mis en place au large de la côte belge à l’été 2023. En plus de permettre la réalisation de tests sur le flotteur conçu en laboratoire, ce prototype sera l’objet d’études sur l’écosystème, l’impact écologique et la rentabilité d’une telle structure en partenariat avec le RBINS (Royal Belgian Institute of Natural Sciences).

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Est-ce vraiment intéressant ?

Depuis quelques années, les parcs photovoltaïques flottants se démocratisent à vue d’œil, en témoigne le parc de Perthes en Haute-Marne. Mais si cette solution connaît un succès grandissant, elle était jusque-là principalement réservée à des étendues d’eau relativement calmes comme des lacs de carrières, des bassins industriels ou des bassins d’orage.

Seavolt est un des symboles d’une dynamique nouvelle : le déploiement de parcs photovoltaïques offshore, c’est-à-dire en pleine mer. De nombreux acteurs du secteur cherchent à profiter des grands espaces disponibles en mer et à associer le solaire et l’éolien pour obtenir de meilleurs rendements. Si le Seavolt constitue une proposition intéressante, il reste désormais à savoir dans quelle mesure elle pourra être intégrée à des parcs éoliens existants, et à des projets futurs.

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Car sa complexité, sa consommation de matériaux et son coût pourraient être particulièrement élevés, comparé aux centrales solaires au sol, agrivoltaïques ou sur toiture. « N’est-ce pas inutilement cher, alors qu’il nous suffirait d’un quart des surfaces consacrées aux biocarburants pour produire toute l’électricité solaire dont nous avons besoin… y compris pour faire rouler les véhicules ? » réagit le spécialiste de l’énergie et du climat Cédric Philibert sur Linkedin.

« Pour un petit pays à forte densité, tout comme dans des zones insulaires, ce type d’infrastructure solaire nouvelle peut faire sens. Toutefois, ce n’est pas la panacée / au Capex et ACV, comparée à des solutions à terre » estime quant à lui Richard Loyen, le directeur du syndicat des professionnels du solaire Enerplan.