Réservée aux particuliers disposant d’une installation photovoltaïque reliée au réseau, la batterie virtuelle est encore peu connue en France. Il s’agit d’une solution de stockage non-physique de votre surplus d’énergie solaire. Mais comment fonctionne-t-elle ? Est-elle financièrement intéressante ?

Dans une démarche de transition énergétique, le photovoltaïque bénéficie de nombreux avantages et incitations. Pour autant, cette solution bas-carbone n’est pas parfaite. Si les panneaux ne produisent pas durant la nuit et très peu par mauvais temps, ils génèrent parfois beaucoup plus d’énergie qu’il n’en faut au cours de la journée. C’est une énergie renouvelable non pilotable, dont la production fluctue selon la météo et non pas en fonction des besoins.

Pour palier fictivement à ces variations, des fournisseurs d’énergie ont inventé le concept de « batterie virtuelle ». Un système capable de rivaliser avec la batterie physique, qui est à l’inverse bien réelle, et le classique système de rachat des surplus garanti sur 20 ans par EDF OA. Voici pourquoi.

Le principe d’une batterie virtuelle / Infographie : Révolution Énergétique.

Comment fonctionne une batterie virtuelle ?

La batterie virtuelle est une offre purement commerciale proposée par certains fournisseurs d’électricité. Elle consiste à « stocker » de façon parfaitement fictive votre surplus d’électricité dans le réseau public. Votre batterie est donc créditée avec l’excès d’énergie produit par votre installation solaire. Lorsque vous en aurez besoin, vous pourrez réutiliser l’électricité stockée à tout moment, et ce, à moindres frais.

Prenons un exemple concret. Sur une période définie, vos panneaux solaires ont généré un surplus de 20 kWh. Si vous ne les autoconsommez pas immédiatement, ces kilowattheures sont injectés dans le réseau public. En supposant qu’elle était vide au début, votre batterie virtuelle compte donc 20 kWh à ce moment-là. La nuit ou par mauvais temps, les panneaux solaires ne peuvent couvrir vos besoins en énergie. Si vous ne disposez pas d’une batterie physique, le réseau prend immédiatement le relais. À cet instant, vous pouvez alors utiliser l’énergie précédemment stockée. Les 20 kWh « déstockés » vous sont facturés à prix moindre, voire gratuitement pour certains fournisseurs.

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Quels-sont les avantages de la batterie virtuelle ?

La batterie virtuelle est intéressante, car elle vous permet de consommer de l’électricité à un tarif préférentiel lorsque vos panneaux ne produisent pas. Ce concept s’affranchit de toute contrainte d’installation. Contrairement au stockage physique, il n’a besoin ni d’espace ni de l’intervention d’un professionnel, puisqu’il s’agit d’une simple opération de comptage à distance de l’électricité. Pour profiter de l’offre, votre installation solaire doit simplement être raccordée au réseau public.

La capacité d’une batterie virtuelle varie selon le contrat proposé par votre fournisseur et peut parfois être illimitée. En théorie, vous consommez donc 100 % de l’énergie solaire produite par votre installation en réduisant fortement le coût de votre facture énergétique. Il s’agit en fait d’un montage exclusivement financier : en réalité, le fournisseur achète et revend l’énergie que vous injectez sur les marchés.

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Quels-sont les inconvénients de la batterie virtuelle ?

Débarquée il y a quelques années sur le marché, la batterie virtuelle a son lot d’inconvénients. Son défaut majeur est qu’elle élimine votre droit à la prime d’autoconsommation. Afin de profiter de cette aide de l’État, la principale condition est de souscrire au rachat de surplus par EDF OA (Obligation d’Achat). Or, pour le moment, EDF OA ne propose pas de solution de stockage virtuel. Vous devez donc faire une croix sur ce bonus, qui s’élève de 1 140 € pour une installation de 3 kWc à 8 000 € pour une grande centrale de 100 kWc.

Il faut également savoir que la batterie virtuelle est soumise aux taxes et frais d’acheminement. Afin de mieux comprendre, le prix de l’électricité transportée par le réseau est composé de trois éléments : le coût d’acheminement (le transport de l’énergie jusque chez vous), les taxes et le prix du courant. Or, dans le cas du stockage virtuel, de ces trois composants, seul le courant vous appartient puisque vous l’avez produit. Il vous reste à payer l’acheminement et les taxes.

Par ailleurs, souscrire à une batterie virtuelle ne garantit pas réellement votre autonomie électrique, car votre alimentation reste totalement dépendante du réseau. Par conséquent, vous risquez toujours d’être exposé à d’éventuelles coupures. Vous êtes aussi tributaire de l’état de santé du fournisseur auprès duquel vous avez signé. Une faillite de ce dernier entraîne naturellement la fin des avantages. Dans cette situation, EDF OA n’a aucune obligation de « reprendre » votre installation, afin que vous puissiez bénéficier des revenus de l’injection et de la prime d’autoconsommation.

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Revendre son surplus ou le stocker dans une batterie virtuelle ?

De nombreuses simulations par calcul démontrent explicitement que le rachat du surplus par EDF OA est souvent plus avantageux sur le plan financier. En plus des taxes et des frais d’acheminement qui coûtent environ 0,10 € par kWh, la batterie virtuelle engendre des frais d’abonnement d’environ 10 €/mois. Certains fournisseurs proposent des offres sans taxes, mais en retour, leurs mensualités sont plus coûteuses.

Avec le système de rachat par EDF OA, une partie des dépenses sont amorties par la prime à l’autoconsommation et par la revente. En tout cas, ce système est intéressant sur les cinq premières années au cours desquelles l’État verse la prime au consommateur. Passé ce délai, EDF OA reste toujours légèrement plus avantageux.

Néanmoins, la donne peut éventuellement changer si le prix de l’électricité augmente fortement dans les années à venir et si les taxes diminuent. Pour rappel, les fluctuations tarifaires n’affectent pas le prix du rachat par EDF OA fixé à 0,10 €/kWh sur 20 ans, contrairement au système de batterie virtuelle dont les prix sont établis en fonction du marché de l’électricité.