Pour installer des éoliennes sur les montagnes du Daliang en Chine, les camions doivent emprunter des routes de montagne particulièrement sinueuses. De tous les convois exceptionnels, le plus impressionnant est celui des pales, qui doivent être transportées en une seule pièce.

En mer, dans les plaines, sur les crêtes et jusqu’aux montagnes les plus accidentées : pas grand-chose ne fait peur aux sociétés spécialisées dans l’installation de parcs éoliens. Surtout pas en Chine. Dans le massif du Daliang en Chine (Sichuan), les camions qui acheminent les turbines en pièces détachées empruntent une route à flanc de falaise rythmée par des lacets très serrés. Pour les sections de mâts, ce n’est pas une grande difficulté. Mais pour transporter les pales, fabriquées d’un seul tenant, et donc impossibles à séparer en petits tronçons, la manœuvre est nettement plus délicate.

Comment l’équilibre du convoi est assuré ?

Plusieurs vidéos apparues sur les réseaux sociaux montrent l’opération, qui se déroule sur la route Panshan. On y voit un camion spécialisé, équipé de deux plateaux. À l’arrière, un module permet d’attacher la pale par sa base, comme si elle était fixée sur son rotor. La pièce longue de 75 m pèse 9 tonnes, une dimension plutôt standard pour une éolienne terrestre récente, quand les plus puissantes dépassent les 100 m.

Le plateau avant permet simplement d’éloigner la pale de la cabine de conduite. Pour épouser parfaitement la silhouette de la falaise, s’adapter aux obstacles et empêcher toute collision, un opérateur ajuste son orientation en permanence. Il suit parfois le camion à pied et dispose d’une télécommande, d’où il peut faire faire pivoter la pale aussi bien horizontalement que verticalement. Mais pourquoi le poids de la pale ne fait pas basculer le camion droit dans le précipice ?

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La raison est simple : le module est équipé d’un contrepoids. Comme sur une grue de chantier, le déplacement de la pale est compensé par le poids à son opposée. Une masse inerte (bloc de béton, pièces d’acier) peut aussi être placée sur la remorque afin d’augmenter sa stabilité.
Ce genre de convoi n’est pas rare dans le reste du monde et même en France. Il n’est toutefois utilisé que lorsque l’itinéraire l’impose : reliefs montagneux, certains ouvrages d’art, traversées étroites de villages. Autrement, en plaine et sans obstacles sur la route, les camions sont plus classiques : la pale est attachée à un long plateau, sans possibilité de la manœuvrer individuellement. Le coût de transport est donc réduit.

Les contrepoids sont bien visibles sur ces images détaillées de remorques pour pale d’éolienne / Images : Titan.