Vous adorez cuisiner et consommer des frites maison ? Alors saviez-vous que le recyclage de vos huiles usagées pourrait rendre les data centers plus écologiques ? Un centre de données dont les serveurs seront pongés dans un liquide à base d’huiles de cuisson et de vidange recyclées et biodégradables entrera en service dans les Yvelines d’ici fin 2023. ITrium, son concepteur, assure que cette technologie de refroidissement permettra de réduire de 80% les consommations électriques.

Sur les disques durs des serveurs, le transfert de données se fait par des têtes magnétiques. Une opération qui met en jeu des courants électriques relativement élevés et entraîne donc une importante consommation d’énergie. En fin de compte celle-ci se dissipe sous forme de chaleur. Pour éviter qu’une surchauffe ne provoque des dégâts aux machines, les salles informatiques et data centers doivent donc être réfrigérés en permanence.  Ceci se fait traditionnellement par des groupes frigorifiques qui soufflent de l’air froid dans les locaux. Mais nous comprenons bien qu’un tel conditionnement d’air est à son tour responsable d’une aggravation de la facture énergétique et de l’impact écologique de ces installations.

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Or le développement des nouvelles technologies entraîne une explosion des besoins de stockage des données informatiques et une augmentation exponentielle de la consommation d’énergie des serveurs.

Selon une étude menée par l’université Stanford en 2013, l’ensemble des centres de données exploités dans le monde cette année-là mobilisait une capacité de production d’électricité équivalente à celle de 30 réacteurs nucléaires. Or, depuis lors, le nombre de data center en service a explosé. Certains experts estiment qu’en 2025 les datacenters seront responsables de 20% de la consommation d’électricité mondiale et de 10% des émission de gaz à effet de serre.

Des procédés originaux pour réduire les consommations d’énergie

Face à la croissance de leurs coûts, les géants du secteur informatique mettent en place des procédés alternatifs. Google et Facebook, par exemple, implantent des datacenters dans les pays nordiques où ils sont réfrigérés par l’air froid ou l’eau des mers du Grand Nord. Mais cette solution n’est pas à la portée d’entreprises plus modestes.

D’autres idées sont exploitées un peu partout dans le monde, notamment en France où la zone industrielle du Futuroscope héberge plusieurs centres de données « propres ». Comme par exemple celui de la société Cyberscope qui propose des offres d‘éco-hébergement. Son data center « troglodyte » est semi-enterré, la chaleur produite par les serveurs étant utilisée en hiver pour chauffer le bâtiment. En été, les salles informatiques sont rafraichies par de l’air extrait d’un « puits canadien », creusé dans le sol. Et à Marseille, c’est une mine de charbon abandonnée qui permet de réguler la température d’un puissant centre de données.

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Immersion cooling

A Jouy-en-Josas, dans les Yvelines, la startup ITrium va tester une autre idée originale : elle construit un centre de données dont les serveurs seront plongés dans des bains remplis d’un liquide diélectrique, non-polluant et entièrement biodégradable, à base d’huiles de cuisson usagées ou de vidange des véhicules. « C’est le même type d’huile qui a fait voler un Airbus A380 récemment », précise Frédéric Delpeyroux, le CEO d’ITrium. Un procédé appelé « immersion cooling » qui d’après l’entreprise permet de dissiper plus efficacement la chaleur produite et de maintenir les machines à une température ambiante entre 20 et 25 °C. « Le système, qui ne nécessite pas d’eau, permettra d’économiser jusqu’à 80 % de la consommation électrique » explique Alexandre Audousset, responsable digital marketing chez Totalinux, un fournisseur de technologies et de services cloud qui exploitera ce data center dont la puissance sera de 1 mégawatt.

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En raison de la crise sanitaire, le chantier a pris du retard : le futur bâtiment devrait entrer en service fin 2023. Il s’agira d’une grande bâtisse en verre de quatre étages sur 3 500 m2, situé en bordure de l’autoroute A86. L’investissement s’élève à 20 millions d’euros au total, dont 40 % sont apportés par la société d’économie mixte Investissements et territoires de la région Ile-de-France.