Pour accélérer la décarbonation du chauffage dans les bâtiments et l’industrie, le gouvernement entend miser sur les pompes à chaleur (PAC). Après avoir annoncé un plan national visant à produire un million de PAC par an en France dès 2027, il dévoile les détails de la stratégie.

Le chauffage représente le plus grand poste de consommation d’énergie du secteur résidentiel. Depuis quelques années, les politiques publiques incitent les Français à remplacer leur chauffage vétuste par des modèles plus économiques et écologiques, comme les chaudières à biomasse, mais surtout les pompes à chaleur. Toutefois, si la France produit environ 350 000 PAC chaque année, elle doit encore importer 30 à 40 % de ses besoins, notamment d’Asie.

Les 8 axes du gouvernement pour atteindre 1 million de pompes à chaleur d’ici 2027

En septembre 2023, Emmanuel Macron avait déjà annoncé son souhait de voir la France porter la production à un million d’exemplaires chaque année, d’ici la fin de son quinquennat en 2027. Encore fallait-il connaître les moyens prévus pour développer la filière sur le territoire. C’est chose faite depuis le 15 avril 2024, avec l’annonce du ministre de l’Économie et de l’Énergie, Bruno Le Maire, d’un plan national en la matière. Il s’articule autour de 8 points :

  • Construire de nouvelles usines de production de PAC grâce à une prise en charge importante des coûts d’investissement ;
  • Flécher la commande publique et les aides publiques en faveur des PAC françaises ;
  • Simplifier la réglementation pour favoriser l’installation des PAC dans les logements collectifs ;
  • Accompagner la montée en puissance des métiers de la filière ;
  • Agir pour que le consommateur ait confiance en ce mode de chauffage ;
  • Mieux faire connaître les solutions proposées par les PAC ;
  • Développer la PAC dans l’industrie.

Dans un communiqué, le gouvernement rappelle que la France est le premier marché des PAC domestiques en Europe et qu’elle dispose d’un important potentiel pour augmenter sa production locale. À terme, il s’agirait de décarboner le chauffage et de diminuer notre dépendance aux importations de gaz.

Un des points du plan consiste à faire mieux connaître les systèmes de PAC au grand public. En effet, il n’est pas évident pour un consommateur de s’y retrouver sur ce marché puisque le produit se décline en plusieurs modèles : aérothermiques, géothermiques ou hydrothermiques. Le fonctionnement et les prix divergent d’une technologie à l’autre. Mais toutes partagent la particularité de puiser les calories de l’air extérieur ou du sous-sol pour les redistribuer dans le système de chauffage du bâtiment. Et l’intérêt réside dans son efficacité puisque la PAC utilise moins d’énergie qu’elle n’en produit.

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Les obstacles rencontrés par la filière de la pompe à chaleur

La filière se heurte toutefois à plusieurs difficultés. Déjà, il s’agit d’un mode de chauffage économique, certes, mais qui fonctionne à l’électricité. Or, l’augmentation régulière des prix de l’électricité pourrait freiner les consommateurs à investir dans ce mode de chauffage. Ensuite, si l’installation d’une PAC permet d’obtenir des aides. Toutefois, les dispositifs sont parfois complexes et difficiles à mettre en œuvre. Ainsi, en 2024, le dispositif MaPrimeRénov’ a changé pour favoriser les rénovations d’ampleur des logements. Mais il fait l’objet de critiques régulières dans le traitement des dossiers et les délais de versement des primes. Un point à améliorer pour rendre ce soutien réellement efficace et incitatif.

Ensuite, les PAC ont fait d’énormes progrès pour améliorer leur technologie. Mais elles sont souvent critiquées pour leur moindre efficacité en période de grand froid et la nécessité de s’équiper d’un mode de chauffage complémentaire pour améliorer le confort dans le logement. Une étude récente montre que la PAC présente des résultats satisfaisants pour les climats doux et que seules les températures extrêmes de l’ordre de -30 °C par exemple, amoindrissent leur efficacité. Pour autant, certains pays au climat particulièrement rigoureux comme la Finlande adoptent en masse les pompes à chaleur, en les associant à un mode de chauffage au bois.

Par ailleurs, le secteur manque de professionnels qualifiés pour conseiller, installer et effectuer la maintenance des équipements. Le plan du gouvernement mise justement sur la formation à ces métiers pour suivre la cadence de déploiement des PAC.

Un appel à manifestation d’intérêt PAC pour soutenir les industriels

En parallèle du plan annoncé par le gouvernement, un appel à manifestation d’intérêt PAC a également été lancé le 15 avril. Il s’agit de pouvoir lister les porteurs de projets d’usines de PAC ou de fabricants de composants essentiels, afin que ces acteurs puissent être accompagnés. La date limite pour déposer les dossiers a été fixée au 30 juin 2024.

Enfin, ce plan de bataille en faveur des PAC s’inscrit dans le mouvement européen du même ordre puisqu’une directive vient d’être adoptée concernant la performance énergétique des bâtiments. Le texte prévoit qu’à partir de 2030, tous les nouveaux bâtiments devront être zéro émission, ce qui va favoriser le déploiement des PAC.