Depuis longtemps, les diagnostics de performance énergétique (DPE) pénalisent l’électricité face aux énergies fossiles. Une révision annoncée pourrait changer la donne.
Une « passoire thermique », c’est un logement énergivore. Un logement classé F ou G sur l’échelle du diagnostic de performance énergétique (DPE). Ceux qui espèrent échapper à ce classement, pour faire des économies ou parce qu’ils comptent louer leur bien (la location d’un logement classé G est interdite depuis ce 1ᵉʳ janvier 2025 et devrait le devenir pour ceux classés F dès 2028), doivent entreprendre des travaux de rénovation énergétique. Mais une annonce de Matignon pourrait bien leur donner un coup de pouce inattendu.
À lire aussiPourquoi le DPE a tout faux sur la consommation d’énergie réelle d’un logement ?À compter du 1ᵉʳ janvier 2026, un nouveau coefficient de conversion devrait en effet être appliqué à l’électricité. Pour comprendre, il est bon de rappeler que ce coefficient traduit l’efficacité avec laquelle l’énergie est convertie. Ainsi, pour consommer 1 kilowattheure (kWh) d’électricité en énergie finale dans un logement, l’Europe considérait jusqu’en 2021 qu’il fallait produire 2,58 kWh d’énergie primaire dans une centrale. La faute à des pertes notamment lors du transport de l’électricité par les lignes à haute tension. Le coefficient avait déjà été ramené à 2,3 il y a 4 ans. Et l’Europe avait demandé, il y a quelques mois, à ce que les États membres appliquent, à l’avenir, un coefficient de 1,9. Entre autres parce qu’avec le développement des énergies renouvelables, les déperditions sont moindres.
Un rabaissement du coefficient de conversion de l’électricité à 1,9, c’est exactement ce que notre gouvernement vient d’annoncer. Une bonne nouvelle pour les maisons chauffées à l’électrique, particulièrement les petites surfaces qui utilisent des radiateurs. Au moins du point de vue de leur classement. Sur les 5,8 millions de logements F ou G qu’il y a en France, quelque 850 000 pourraient gagner une classe. Et certains, donc, faire tomber leur étiquette de « passoire énergétique » sans même à avoir à bouger le petit doigt, parce qu’il pourrait même s’appliquer une mise à jour automatique.
À lire aussiComment Ma Prime Rénov’ laisserait des centaines de particuliers sur le carreauDepuis un moment déjà, les experts réclamaient un ajustement du coefficient de conversion de l’électricité. Un ajustement qui refléterait le fait que dans notre pays, la production d’électricité est très largement décarbonée. Et qui rétablirait au moins un peu la balance avec le bois et le gaz. Cette énergie bien fossile, elle, jouit en effet toujours d’un coefficient de conversion très avantageux de 1. D’autant que, selon Matignon, cet écart entre les coefficients des uns et des autres « freine l’électrification des usages, pourtant essentielle à notre stratégie énergétique et climatique ». Et revoir les classements des maisons et appartements pourrait aider à « cibler plus efficacement les aides à la rénovation énergétique sur les logements chauffés aux énergies fossiles ». Ce qui donne peut-être une idée du fond de la réflexion en cours actuellement sur les règles d’attribution de ces aides.
L’ennui, c’est que la manœuvre pourrait aussi décourager les propriétaires de logements chauffés à l’électricité qui auraient des envies de rénovation énergétique. Alors même que leurs consommations resteront importantes et leurs factures, élevées…
La suite de votre contenu après cette annonce
Notre Newsletter
Ne ratez plus les dernières actualités énergetiques
S'inscrire gratuitement