AccueilSolaireLe méga projet d'interconnexion électrique Maroc - Royaume-Uni en grande difficulté

Le méga projet d'interconnexion électrique Maroc - Royaume-Uni en grande difficulté

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Par Nathalie MAYERPublié le 10 juillet 2025
Illustration : Révolution Énergétique, avec IA.

Tirer un câble haute tension entre le Maroc et le Royaume-Uni ? Un projet titanesque et un peu fou. Si le gouvernement britannique vient de lui refuser son soutien, l’entreprise britannique Xlinks continue d’y croire.

Lorsqu’il s’agit d’énergie solaire, certains pays sont clairement plus avantagés que d’autres. Le Maroc, par exemple, l’a bien compris. Et il compte en profiter. Pas moins de six grands projets viennent d’être mis sur les rails, pour une capacité globale d’environ 20 gigawatts (GW). La moitié sera destinée à la production d’hydrogène par électrolyse. Avec pour objectif de produire quelque 8 millions de tonnes d’hydrogène vert et de dérivés — comme de l’ammoniac, du carburant de synthèse ou encore de l’acier décarboné. Dont une partie pourrait finir acheminée vers l’Europe.

Le Royaume-Uni, lui, n’est pas nécessairement le plus gâté des pays en matière d’ensoleillement. Alors récemment, une société d’investissement britannique, Octopus Energy, a lancé avec le développeur Xlinks, un projet plus direct pour profiter du soleil du Maroc et alimenter jusqu’à 7 millions de foyers. Celui estimé à 25 milliards de livres sterling — soit presque 29 milliards d’euros — d’une installation photovoltaïque de 7 GW — et éolienne de 3,5 GW — complétée par du stockage par batterie de 5 GW/20 GWh dans la région saharienne de Tan-Tan. Et reliée au Royaume-Uni — du côté du Devon — par une ligne de transport courant continu haute tension (HVDC). Une ligne de pas moins de 3 800 mètres qui devait devenir la plus longue liaison électrique sous-marine du monde.

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Le projet de ligne sous-marine continuera-t-il sans le soutien du gouvernement ?

Xlinks avait sollicité le soutien du gouvernement. Lui demandant de lui accorder un contrat pour différence (CfD) sur une durée de 25 ans. Un contrat qui lui aurait garanti un tarif supérieur au prix moyen de l’électricité britannique. Mais, après une « évaluation approfondie » et compte tenu du « niveau élevé de risque inhérent » au projet, le ministère britannique de la Sécurité énergétique et de la Neutralité Carbone (DESNZ) vient d’annoncer qu’il n’accèderait pas à cette demande. « Le projet ne s’alignant pas clairement avec la stratégie de développer l’électricité locale au Royaume-Uni. »

Dans un communiqué, Xlinks se déclare « profondément déçu », mais aussi « extrêmement surpris » de cette décision. Selon les estimations de la société britannique, le projet promet en effet « de réduire les prix de gros de l’électricité de plus de 9 % dès la première année – alors même que ces prix sont parmi les plus élevés au Royaume-Uni —, d’engendrer une valeur socio-économique de 20 milliards de livres sterling — soit environ 23,6 milliards d’euros —, dont 5 milliards de livres sterling — quelque 5,9 milliards d’euros — injectés dans les industries vertes du Royaume-Uni, de couvrir 8 % des besoins en électricité du pays à un moment où la demande explose, de réduire les émissions de CO2 du secteur électrique d’environ 10 % dès la première année, et d’accroître la sécurité énergétique grâce à une diversification accrue de l’approvisionnement et à une dépendance réduite aux importations de gaz. »

Toujours selon le communiqué de Xlinks, « plus de 100 millions de livres sterling — de l’ordre de 118 millions d’euros — ont déjà été investis par des acteurs majeurs du secteur de l’énergie dans le développement du projet ». Et le développeur britannique ne compte donc pas abandonner le projet. Il bénéficie d’ailleurs d’un accord de raccordement de 3,6 GW avec National Grid.

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