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Énergies renouvelables intermittentes et changement climatique : un combo à haut risque

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Par Ugo PETRUZZIPublié le 3 mai 2025
Illustration : Getty, modifiée par RE.

Le dernier rapport de Copernicus, le programme européen de surveillance de la Terre, dresse un constat aussi limpide qu’inquiétant : le changement climatique n’affecte pas seulement notre environnement, il affecte aussi le productible des énergies renouvelables.

En 2024, l’Europe a connu son année la plus chaude jamais enregistrée : un triste record qui illustre à quel point le continent se réchauffe plus vite que le reste du globe.​ Cette hausse des températures a des effets notables sur les ressources énergétiques supposées nous libérer des combustibles fossiles. Le rapport, publié le 15 avril, s’attarde particulièrement sur l’impact du dérèglement climatique sur la production potentielle d’électricité d’origine éolienne, solaire et hydroélectrique. Et les conclusions sont sans appel : le changement climatique diminue le productible renouvelable.​

L’exemple le plus frappant concerne l’énergie éolienne. Durant l’automne 2024, le nord-ouest de l’Europe a connu une période prolongée de vents faibles. Résultat : une baisse de 75 % de la production potentielle d’électricité éolienne dans la région. Du jamais vu alors que cette zone est traditionnellement une grande source de production éolienne européenne.

Le solaire n’est pas non plus épargné : l’ensoleillement a été « inférieur à la moyenne pendant la majeure partie de l’année » dans le nord-ouest du continent et le sud de la Scandinavie, « témoignant d’un rayonnement solaire inférieur à la moyenne dans cette région pour l’ensemble de l’année ».​

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Une tendance observée depuis longtemps

Cette tendance à la baisse du rendement s’inscrit dans un phénomène plus large déjà observé sur plusieurs années. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la productivité des parcs solaires a décliné d’environ 5 % entre 2010 et 2020 dans certaines régions du globe. La cause principale ? Des augmentations localisées de la couverture nuageuse ou de la pollution atmosphérique, qui réduisent l’irradiation solaire disponible. De leur côté, les parcs éoliens souffrent de la redistribution des régimes de vent liée au réchauffement global, entraînant parfois une variabilité à la hausse, parfois à la baisse, en fonction des zones.

À cela s’ajoute un paradoxe préoccupant : les territoires les plus engagés dans la transition énergétique sont aussi ceux où la production renouvelable devient plus aléatoire. Les pays du nord de l’Europe, largement dépendants de l’éolien, sont confrontés à une instabilité croissante des régimes de vent. À l’inverse, certaines zones du sud pourraient bénéficier d’un potentiel solaire accru à moyen terme, mais souvent au prix de conditions extrêmes (sécheresses, canicules) qui compliquent leur exploitation. L’objectif est de diversifier les sources de production renouvelables pour diversifier et limiter les risques de baisse de productible ainsi que d’investir dans des solutions de stockage.

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