La performance est au rendez-vous, mais l’environnement n’y trouvera pas son compte. La première locomotive chinoise à hydrogène travaillera au service d’un géant producteur de combustible extrêmement polluant, et sera alimentée par de l’hydrogène issu… du charbon.
Le 10 mai dernier, la Chine a lancé sa toute première locomotive à hydrogène destinée à un usage commercial, dans le cadre d’une démonstration industrielle. En son cœur, un motopropulseur hybride constitué d’une pile à combustible et d’une batterie lithium prévue pour récupérer l’énergie de freinage. Le tout pour transporter une charge maximale de 4 500 tonnes, avec une autonomie de 800 km. En termes d’efficacité, la machine afficherait 80 %, pulvérisant le rendement des véhicules thermiques, handicapés par la raréfaction de l’oxygène observée sur les hauts plateaux chinois. L’engin circulera sur de courtes distances dans la ville de Liupanshui, dans la province du Guizhou, au sud-ouest de la Chine, pour transporter du charbon.
Bien que la technologie d’une locomotive à hydrogène soit principalement développée pour décarboner le secteur des transports, cette machine vient paradoxalement en appui à l’une des industries les plus polluantes du pays. Et alors que l’hydrogène se décline sous plusieurs couleurs selon son impact carbone, la Chine a opté ici pour l’une des versions les moins écologiques.
À lire aussiPourquoi le train à hydrogène n’intéresse plus l’Allemagne ?L’hydrogène alimentant cette locomotive provient du gaz de cokerie de l’usine du géant chinois Meijin Energy, le plus grand producteur de coke du pays. Le coke est un combustible fossile largement prisé dans l’industrie sidérurgique, et est obtenu par pyrolyse du charbon. Sa fabrication génère un gaz extrêmement riche en éléments nocifs, dont le rejet direct dans l’atmosphère est formellement interdit.
Ce fameux gaz doit alors être purifié pour être réutilisé, et généralement, il est réemployé dans la synthèse chimique. Mais grâce à sa forte teneur en hydrogène (jusqu’à 60 %), il est ici utilisé comme carburant pour cette locomotive, qui transporte elle-même le charbon servant à produire le coke. D’ailleurs, ce cycle industriel a inspiré le nom du projet : « Coal – Coke – Hydrogen » (« Charbon – Coke – Hydrogène »).
À lire aussiCe mini train autonome à hydrogène peut-il sauver les petites lignes ?L’entreprise Meijin Energy a récemment inauguré l’extension de son usine avec la mise en marche d’un nouveau four de cokéfaction. Grâce à cet ajout, le site sera en mesure de produire annuellement près 3,8 millions de tonnes de coke et de 40 millions de mètres cubes d’hydrogène. Le gaz produit n’alimentera pas uniquement la nouvelle locomotive, mais également une nouvelle flotte de bus qui desservira les alentours de la ville, ainsi qu’une centaine de camions qui transporteront des marchandises en vrac.
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