Bientôt des offres d’électricité anti-crise énergétique ?

Le message est de plus en plus insistant depuis plusieurs semaines : l’hiver prochain va être tendu sur le marché de l’énergie et les Français doivent modifier leurs habitudes de consommation. Enjoints à la sobriété énergétique pour faire face au risque de pénurie d’électricité, les usagers vont devoir s’adapter. Et pour encourager ces comportements, le Ministère de la Transition énergétique a écrit aux fournisseurs d’électricité pour leur demander de proposer de nouvelles offres. Le but : faire face aux pics de consommations en encourageant les Français à éteindre leurs appareils électriques ponctuellement.

La sobriété énergétique est sur toutes les bouches et la rentrée s’annonce chargée pour le gouvernement, qui doit mettre en place un plan permettant de passer l’hiver sans encombre. La crainte d’un blackout entraîne des théories plus ou moins loufoques qui se répandent sur les réseaux sociaux, telle que la possibilité de réduire la puissance des compteurs Linky à distance en cas de pénurie.

De façon plus rationnelle, la voie privilégiée par le gouvernement est l’incitation volontaire des citoyens à réduire leur consommation. Ce n’est d’ailleurs pas nouveau puisque l’offre heures pleines / heures creuses (HP/HC) classiquement proposée par les fournisseurs permet de reporter les usages en dehors des périodes de pointe.

Pourtant, ce type de contrats était plutôt en perte de vitesse ces derniers temps. Le contrat EJP n’est plus commercialisé par EDF depuis 1998, l’option TEMPO se révèle moins avantageuse ces dernières années et les HP/HC sont critiquées pour leur manque d’intérêt financier pour les consommateurs.

Reporter les consommations en-dehors des pics

À l’orée d’un hiver difficile, il revenait donc au gouvernement d’agir. C’est ainsi que la Ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher vient d’adresser une lettre aux fournisseurs d’électricité. Dans cette missive, elle leur demande de proposer de nouvelles offres incitatives à l’égard de leurs clients, afin que ces derniers soient financièrement encouragés à reporter leurs consommations en cas de pics de demande.

Cette proposition ressemble aux dispositions prévues par les contrats TEMPO. L’électricité est facturée plus chères certains jours dits « rouges » au cours desquels le réseau est particulièrement sous tension. Les consommateurs doivent alors arrêter le maximum d’appareils électriques ces jours-là. En contrepartie, le prix de l’électricité est moins cher le reste de l’année.

5 GW déjà modulables

Cette politique « d’effacement » ne concerne pas que les particuliers puisqu’il s’agit également d’un classique dans les contrats des industriels. Moyennant une incitation financière, ils acceptent par avance d’arrêter ponctuellement leurs machines en cas de forte tension sur le réseau. Dans ce cadre, le gouvernement serait d’ores et déjà assuré de pouvoir moduler 5 GW en cas de besoin dès cet hiver, grâce à l’accord d’entreprises et de particuliers.

Toutefois, avant de s’engager dans de telles offres, il faut rappeler que les consommateurs ne doivent pas se chauffer à l’électricité ou ils doivent disposer d’un moyen secondaire de chauffage tel qu’un poêle à bois. À défaut, ils risquent de ne pas pouvoir réduire suffisamment leurs consommations et être pénalisés sur leurs factures, ce dont personne n’a besoin dans le contexte de l’augmentation des prix de l’énergie.

Il faut donc espérer qu’au moment de proposer ces nouvelles offres à leurs clients, les fournisseurs prennent le temps de faire le point sur leurs usages et leurs équipements et les informent sur les conditions de ces nouveaux contrats.

La situation critique du marché de l’énergie

Par ailleurs, cette initiative du gouvernement a lieu au même moment que l’annonce d’EDF de prolonger l’arrêt de quatre réacteurs nucléaires pour des raisons de corrosion, ce qui va intensifier l’explosion du prix de l’électricité sur le marché de gros.

Dans le même temps, la situation critique du secteur de l’électricité pousse des fournisseurs à quitter le marché et à ne pas renouveler les contrats de leurs clients, comme c’est le cas d’Iberdrola, a-t-on appris cette semaine. L’hiver s’annonce donc difficile et tous les consommateurs sont concernés par les efforts demandés par le gouvernement.