Une équipe composée de trois chercheurs propose une solution innovante et décarbonée afin de produire de l’hydrogène. L’appareil utilise de l’air et de la lumière du soleil pour fonctionner, et promet de fournir jusqu’à 250 litres d’hydrogène décarboné par jour.

À travers ce projet baptisé Solhyd, la production d’hydrogène vert pourrait être à la portée de tous. Le système est effectivement présenté sous un format compact afin de pouvoir se poser aisément sur les toits, tel un panneau solaire ordinaire. Solhyd est une innovation belge mise au point par des scientifiques de l’Université néerlandophone belge KU Leuven : Johan Martens, Tom Bosserez et Jan Rongé.

Elle résulte de plusieurs années de recherche, et encore à ce jour, les chercheurs travaillent pour l’améliorer sur plusieurs aspects, dont sa flexibilité. La technologie repose sur l’utilisation de deux principales ressources : l’humidité de l’air et la lumière du soleil.

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Le principe de fonctionnement de Solhyd

Au cœur de cette technologie réside un matériau capable de capturer l’humidité présente dans l’air ambiant. Le module présente également une caractéristique photoactive : sous l’action de la lumière du soleil, il accomplit un processus chimique consistant en la séparation des molécules d’eau afin d’obtenir séparément du dihydrogène (H2) et de l’oxygène (O). L’hydrogène obtenu sera utilisé comme « carburant vert » en remplacement des combustibles fossiles et peut aussi alimenter une pile à combustible. L’oxygène est, quant à lui, rejeté dans l’air ambiant.

Bien évidemment, tout ce procédé chimique, ainsi que la combustion du gaz obtenu, ne génèrent aucun un rejet de gaz carbonique.
Solhyd serait en mesure d’alimenter une maison moderne bien isolée qui utilise une pompe à chaleur. Néanmoins, il faudra faire installer une vingtaine de modules si l’on veut envisager cette possibilité.

Le panneau solaire producteur d’hydrogène « Solhyd » / Visuels : Comate Engineering & Design.

Des perspectives d’amélioration

Actuellement, Solhyd serait capable de produire jusqu’à 250 litres d’hydrogène par jour avec un rendement de 15 %. Mais, selon ses fabricants, le produit n’est pas encore à sa version définitive et se verra amélioré d’ici peu. Ils travaillent en ce moment le matériel pour qu’il s’adapte à n’importe quel type de climat. Effectivement, l’hygrométrie varie selon la géographie, et la quantité d’eau capturée variera logiquement suivant le taux de l’humidité de l’air.

Après les travaux d’amélioration, le panneau à hydrogène sera ainsi adapté dans les zones les plus sèches, notamment dans certains pays d’Afrique. Précisons-le, même dans ces endroits, l’air contient toujours de l’humidité, mais plus faiblement. Les chercheurs veilleront également à ce que les habitants dans les pays nordiques puissent tirer parti de l’appareil même si leurs toits profitent d’un minimum de rayons solaires.

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Une production industrialisée

D’après les fabricants, le produit ne sera pas en vente avant 2026. En attendant, ils s’activent pour se lancer vers une production industrialisée de l’appareil. D’ailleurs, quelques semaines passées, l’équipe avait quitté le laboratoire de l’université pour emménager dans un autre local dans la ville de Louvain (Belgique). Les chercheurs y développent désormais des projets pilotes qui doivent précéder le déploiement massif de Solhyd.

Dans un premier temps, ils se concentreront sur une production à petite échelle avec seulement quelques dizaines de panneaux. Ensuite, ils entameront la production de masse dans l’intention de développer jusqu’à 5 000 unités par an. Avec un nombre aussi élevé, Solhyd pourra presque s’aligner sur les prix des panneaux photovoltaïques ordinaires. Néanmoins, en tant que matériels innovants, les appareils seront d’abord proposés à des tarifs élevés avant de redescendre au fur et à mesure de la production.

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D’éventuelles controverses sur Solhyd

Comme le supposent certains sites, le projet Solhyd n’échappera pas à l’éternel débat concernant la production d’hydrogène. Ne serait-il pas plus intéressant d’utiliser des panneaux solaires qui génèrent de l’énergie prête à l’emploi au lieu de « gaspiller » pour produire d’abord de l’hydrogène ? Telle est la question qui revient souvent sur le sujet.

À cela peut s’ajouter la question de la sécurité, sachant que l’hydrogène est un gaz extrêmement inflammable. Évidemment, les concepteurs ont mis en place les mesures correspondantes, mais les plus méfiants des consommateurs éviteront de prendre tout « risque » en optant pour une autre solution d’énergie verte. En tout cas, espérons que les chercheurs sauront apporter des réponses pertinentes à ces persistantes discussions et qu’ils parviendront à pérenniser la présence de leur solution sur le marché.

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