Pour réussir la transition énergétique au moyen d’énergies renouvelables non pilotables, il nous faudra déployer à grande échelle des capacités de stockage. Les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP), qui remplissent déjà cette tâche un peu partout dans le monde depuis plusieurs décennies, pourraient se multiplier. En Inde, notamment. Le pays vient d’afficher ses ambitions en la matière.

Il y a quelques mois, le gouvernement indien lançait un d’appel d’offres pour le moins surprenant. L’idée : imposer aux producteurs d’électricité éolienne et solaire de fournir de l’électricité 24h/24. Surprenant ? Oui, parce que, rappelons-le, il s’agit de moyens de production variables. Ils ne produisent pas en permanence, justement, mais seulement lorsque le soleil brille et quand le vent souffle. Pour les rendre pilotables, l’une des options est de les adosser à des systèmes de stockage. Des batteries, des systèmes de stockage par air comprimé (CAES) ou encore, des stations de transfert d’énergie par pompage (STEP), par exemple.

Récemment, le ministère de l’Énergie indien a précisé ses intentions en la matière. Il prévoit de déployer quelque 450 gigawatts (GW) de nouvelles capacités solaires — le pays accueille déjà quelques-uns des plus grands parcs solaires au monde — et éoliennes à l’horizon 2030. S’appuyant dès 2023 sur un budget nettement en hausse. Il compte aussi soutenir le stockage de l’électricité ainsi produite, via le pompage-turbinage. Une technologie décrite comme éprouvée et sûre, qui peut être déployée à grande échelle pour un stockage de moyenne et longue durée.

À lire aussi Éoliennes et panneaux solaires devront fournir de l’électricité 24h/24 en Inde

Les nouvelles directives visent à créer un réel cadre pour promouvoir les STEP. Car elles pourraient aider les opérateurs du réseau indien à gérer leur charge de pointe et à répondre aux besoins du quotidien. Parmi les dispositions : des précisions sur les appels d’offres et les règles à suivre par les développeurs de projets. Mais aussi des avantages fiscaux et l’idée de privilégier des sites « existants » comme des mines désaffectées. Et peut-être surtout, le fait que les projets de STEP seront désormais éligibles à un financement climatique.

L’Inde sous la menace du réchauffement climatique

Rappelons que, même si la consommation par habitant reste modeste, l’Inde pointe au troisième rang des plus gros consommateurs d’énergie au monde. Au troisième rang aussi, des émissions de gaz à effet de serre liées au secteur de l’énergie. D’où l’importance de voir le pays se mobiliser autour de sa transition énergétique. D’autant que sa classe moyenne pourrait doubler d’ici 2030, avec l’explosion des consommations que cela supposerait.

L’Inde est aussi parmi les pays qui s’attendent à être frappés de plein fouet par les effets du changement climatique. Au printemps dernier, le thermomètre est déjà monté à plus de 45 °C dans plusieurs régions du pays. Les vagues de chaleur, les sécheresses et les tempêtes de plus en plus violentes et fréquentes menacent les populations. L’élévation du niveau de la mer aussi. De quoi mettre en danger des dizaines de millions de personnes. Et motiver le gouvernement à développer ses capacités de production renouvelables.

À lire aussi Comment cette ville est devenue totalement autosuffisante en électricité ?

Pas que des STEP

Pour soutenir sa transition énergétique, l’Inde a déjà investi dans des STEP. Elle dispose d’une puissance de 4,8 GW en service aujourd’hui (à peu près autant que la France), pour une capacité de stockage non connue. Et certains États indiens travaillent activement à un déploiement plus important. Un appel d’offres pour une puissance de 1 gigawatt (GW) est en cours dans le Karnataka, l’un des États les mieux dotés en énergies renouvelables. Dans l’ensemble du pays, c’est 26,6 GW de projets de stockage par STEP sont en cours développement.

En parallèle, le ministère de l’Énergie compte soutenir cette année quelque 4 000 MWh de projets de stockage par batteries stationnaires. Et il investira également environ 2,25 milliards d’euros dans la National Green Hydrogen Mission. Le programme a pour objectif de produire chaque année, 5 tonnes d’hydrogène vert d’ici 2030. Un hydrogène essentiellement destiné à la décarbonation du chauffage, des transports et de l’industrie, mais qui pourrait aussi avoir un rôle à jouer sur le plan du stockage de l’électricité renouvelable.