Le solaire flottant, et plus généralement aquatique, n’en est qu’à ses débuts. La ressource globale disponible est peu connue, tout comme ses impacts environnementaux. Une première étude basée sur des données satellites nous permet de partiellement lever le voile…

L’énergie photovoltaïque prend de la place. Et la place occupée par les centrales solaires entraîne des situations de compétition avec d’autres usages, notamment l’agriculture, ou ne serait-ce que la pérennité de simples espaces naturels. Ces situations dites de « conflit d’usage », notion qui se combine en l’occurrence avec celle « d’artificialisation des sols », doivent faire l’objet d’une attention particulière de façon à éviter les conflits ou les dommages causés sur notre environnement.

En ce qui concerne le photovoltaïque, le besoin de place peut se résoudre, tout du moins en partie, par le placement de centrales solaires sur des plans d’eau, idéalement déjà artificialisés, par exemple, les lacs formés par des barrages. Toutefois, comme pour les centrales terrestres, leur développement doit être piloté de façon à évaluer les impacts environnementaux, estimer la ressource disponible et planifier le déploiement des installations pour arbitrer les conflits d’usage.

Deux installations photovoltaïques sur plan d’eau en Chine / Image : Université de Nanjing.

En support à ce pilotage, des chercheurs de l’Université de Nanjing, en Chine, ont établi la première base de données mondiale des centrales photovoltaïques. Pour ce faire, ils se sont basés sur l’exploitation de l’imagerie par satellite. Les données utilisées sont celles produites par les satellites d’étude de la Terre de la famille Sentinelle de l’Union européenne, notamment les satellites Sentinel-1 et Sentinel-2. L’étude a conduit à analyser plus de 1027 centrales solaires sur plan d’eau entre 2019 et 2021, et ce, dans 27 pays.

Installations photovoltaïques photographiées par satellite / Image : Université de Nanjing.

Le rapide développement de la technologie

Quels sont les résultats de l’équipe de recherche ? Ils déterminent notamment que les centrales solaires aquatiques couvrent une surface de 272 km2 pour une puissance totalisant 12,9 GWc à fin 2021. Sur ce total, 2,6 GWc sont des installations flottantes, les autres sont fixes. On note également que la majorité des installations sont situées sur des lacs naturels, et que plus de la moitié des centrales couvrent plus de 40 % de la surface du plan d’eau. Ces données impliquent que l’enjeu environnemental ne peut pas être négligé.

L’étude démontre en outre que la croissance de la technologie a été très rapide, avec une augmentation de 21 % entre 2019 et 2021. Ce développement est essentiellement asiatique. Tout d’abord la Chine, bien sûr, qui concentre 95 % de la surface totale des centrales. Par ailleurs, parmi les 14 premiers pays ayant déployé des installations de ce type, 11 sont situés en Asie. La carte fournie par les auteurs de l’étude nous indique qu’en Europe, les centrales photovoltaïques aquatiques se concentrent dans les Pays-Bas ; c’est-à-dire là où les enjeux de place disponible sont en effet les plus prégnants.

Répartition mondiale des centrales solaires aquatiques / Image : Université de Nanjing.