Voilà une consommation électrique qui fait froid dans le dos ! Et pourtant, malgré les apparences, ce chiffre témoigne de la grande sobriété de ce camion électrique de nouvelle génération. Malheureusement, malgré les efforts de plusieurs constructeurs sur le sujet, la mobilité lourde peine encore à séduire. 

Qu’est ce qui peut bien consommer près de 70 kWh d’électricité par heure, soit l’équivalent de la consommation moyenne d’un français pendant 11 jours ? C’est tout simplement un poids lourd de près de 40 tonnes, mais pas n’importe lequel : l’un des derniers modèles électriques du fabricant suédois Scania. Mais à y réfléchir, cette consommation n’est pas si élevée, c’est même plutôt le contraire. Selon l’ordinateur de bord du camion en question, celui-ci consomme donc 125 kWh pour parcourir 100 kilomètres. En comparaison, la Renault Megane E-Tech, d’un poids de base de 1,6 tonne, consomme environ 15 kWh pour 100 kilomètres. En ramenant la consommation de ces deux véhicules à leur poids, on constate avec surprise que le Scania, malgré ses 40 tonnes, est loin d’être gourmand puisqu’il consomme trois fois moins que la Renault ! D’ailleurs, il n’est pas le seul poids lourd à réaliser de tels scores de consommation. En 2022, sur une piste d’essai, le Volvo électrique FTH, pensant également 40 tonnes, avait établi une consommation moyenne de 110 kWh/100 km.

Caractéristiques techniques du camion Scania 100% électrique / Image : Scania

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Le transport routier peine à s’électrifier

En développant des véhicules électriques, les constructeurs de poids lourds ont, plus que jamais, fait de l’efficience leur crédo. Pourtant, cela ne suffit pas, pour le moment, à accélérer l’électrification de la mobilité lourde. Et pour cause, si les autonomies des poids lourds commencent à être suffisantes pour le transport urbain ou régional, elles sont encore trop limitées pour les plus longs trajets. Encore plus impactant, le réseau de bornes de recharge, pour permettre l’itinérance, est encore largement sous-dimensionné.

Pour pallier ce problème, certains des plus grands constructeurs de poids lourds du marché se sont associés à Enedis, Total Energies et Vinci, pour lancer une étude sur les besoins en bornes de recharges pour permettre le développement du transport routier électrique. De cette étude résulte des attentes colossales : environ 10 000 bornes de recharge rapides, et 2000 bornes de recharge lente, réparties sur environ 500 aires de repos, à l’horizon 2035. Ces besoins très importants devraient également engendrer une consommation électrique importante, et donc nécessiter une modification des réseaux électriques. Ce n’est pas tout, l’étude indique également que la mise en place de bornes de recharge devrait également entraîner des besoins fonciers supplémentaires pour ne pas rogner sur le nombre de stationnements poids-lourds disponibles.