Le 24 février 2022, les troupes de Vladimir Poutine envahissaient l’Ukraine. Et l’Europe entière plongeait dans une profonde crise énergétique. En cause : notre dépendance aux énergies fossiles venues de Russie. Un an plus tard, comment les choses ont-elles évoluées ?

Il y a presque un an, Vladimir Poutine donnait l’ordre à ses troupes d’envahir l’Ukraine. Et le problème de la dépendance de l’Europe aux énergies fossiles russes éclatait au grand jour. Allions-nous pouvoir survivre notamment sans le gaz et le pétrole venus de Russie ? Beaucoup se posaient alors la question. Les pétroliers et les gaziers d’Amérique du Nord espéraient en profiter. Ils y voyaient une opportunité d’investissements dans de nouveaux projets d’exploitation.

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Des plans pour réduire notre dépendance énergétique à la Russie

La Commission européenne, elle, avait très vite appelé à réduire les importations de gaz russe de plus d’un tiers dès fin 2022 en se tournant notamment vers le gaz naturel liquéfié, le fameux GNL. Sans pour autant demander le lancement de nouveaux projets d’exploitation. D’autant que la même Commission tablait aussi sur une accélération de la transition vers les énergies renouvelables. Avec la volonté de doper la production de biogaz. Mais aussi, bien sûr, de solaire et d’éolien.

L’autre levier envisagé pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles russes, c’était celui de l’efficacité et de la sobriété. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) formulait d’ailleurs quelques recommandations en ce sens en mars dernier. Un ensemble de mesures susceptibles de permettre d’économiser l’équivalent de la production de pétrole journalière de la Russie. Quelque 2,7 millions de barils. Dans l’immédiat, en réduisant les limitations de vitesse à 110 km/h sur autoroute ou encore en préférant le train à l’avion à chaque fois que c’est possible. Sur le plus long terme, en accélérant le déploiement des véhicules électriques et des pompes à chaleur.

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Énergies renouvelables et consommation en baisse

Un an plus tard, l’AIE note que sur l’année 2022, la production mondiale de pétrole a augmenté de pas moins de 4,7 millions de barils par jour. Les compagnies pétrolières ont non seulement réalisé des ventes records. Mais aussi des profits records de plus de 153 milliards de dollars pour les six plus grands groupes du monde. La guerre en Ukraine ayant eu pour effet de maintenir des prix élevés.

La bonne nouvelle, c’est qu’en parallèle, l’Europe a relevé le défi de sortir de sa dépendance au gaz et au pétrole russes. L’Allemagne, par exemple, qui importait encore 60 % de gaz de Russie à l’automne 2021, a aujourd’hui totalement fermé les vannes. Et si la situation a d’abord profité au charbon, elle semble désormais bel et bien favoriser la montée en puissance des énergies renouvelables. En 2022, le solaire et l’éolien ont, pour la première fois, produit plus d’électricité en Europe que n’importe quelle autre source : 22 % contre 20 % toujours pour le gaz et 16 % pour le charbon. La production à partir de charbon, elle, a baissé de 6 % sur les derniers mois de l’année 2022. À la faveur, surtout, d’une baisse de la demande en électricité. De près de 8 % sur le dernier trimestre de l’année.

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De ce point de vue aussi, le pari semble en passe d’être gagné. Puisque la tendance se poursuit. En France, sur la première semaine de février, la consommation affichait une baisse de 7,4 % par rapport à la moyenne de la période sur ces trois dernières années. Une consommation corrigée des effets du climat. Et GRTgaz qui vient de le confirmer : la consommation de gaz a aussi reculé de 9 % en 2022. Le résultat d’une sobriété choisie — pour réduire notre dépendance à la Russie, mais aussi lutter contre le changement climatique — additionnée à une sobriété subie — du fait de la hausse des factures.

Autre objectif coché, celui des importations de GNL. Elles ont augmenté. On a même commencé à voir se former des embouteillages de méthaniers au large des côtes européennes. Et certains pays, comme l’Allemagne, se sont lancés dans la construction de nouveaux terminaux de regazéification. Une question se pose désormais : comment l’Europe se sortira-t-elle d’un deuxième hiver à venir sans énergies fossiles russes ?

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