La commission de régulation de l’énergie (CRE) a étudié le marché de détail de l’électricité et du gaz entre 2020 et 2022. Et le bilan est plutôt positif pour les consommateurs, qui ont été pour la plupart correctement protégés même si des améliorations sont envisageables.

Depuis 2021, la reprise économique qui a suivi la crise sanitaire a entraîné une hausse de la demande en matière d’énergie dans le monde. Puis, la guerre en Ukraine a tendu l’approvisionnement en gaz naturel au sein de l’Union européenne, ce qui a eu des répercussions sur le prix de l’électricité. Ceci a entraîné la flambée des prix de l’énergie sur le marché de gros, qui est celui sur lequel les fournisseurs achètent gaz et électricité pour les revendre ensuite aux consommateurs sur le marché de détail.

Les contrats à prix fixe ont protégé certains consommateurs

La CRE analyse la situation du marché de détail depuis 2020, soit juste avant le début de la crise. L’institution considère que les consommateurs ont été globalement protégés de la hausse des prix de gros de l’énergie. Plusieurs leviers ont permis cette protection des clients. D’abord les consommateurs ont pu bénéficier des contrats à prix fixe qui offrent un tarif unique pendant une durée prédéfinie, généralement de plusieurs années. Ces offres s’étaient développées avant la crise et elles ont contribué à mettre à l’abri certains clients.

Chez les particuliers, ils étaient 17 % en électricité et 57 % en gaz naturel à avoir signé un contrat à prix fixe fin 2021. Chez les professionnels, ils étaient 42 % en électricité et 66 % en gaz naturel, à la même date. Notons tout de même que les professionnels qui ont vu leur contrat arriver à échéance en plein milieu de la crise ont rencontré de grosses difficultés à trouver un nouveau contrat à prix abordables. Toutes les offres proposées étaient faites à des prix exorbitants, mettant en péril la trésorerie de nombreuses entreprises. Cela a aussi touché certaines communes, comme Neuilly-sur-Marne.

À lire aussi Les 5 conséquences positives de la crise énergétique

Le nucléaire à prix contrôlé a sauvé les ménages et petites entreprises

La CRE rappelle que plusieurs dispositifs ont également été déployés pour limiter l’impact de la hausse des prix sur les clients : le bouclier tarifaire pour les particuliers et les petits professionnels, l’amortisseur d’électricité et le guichet d’aides au paiement des factures pour les professionnels, etc.

Enfin, la hausse de la part d’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) qui impose à EDF de vendre à ses concurrents l’électricité à bas coût produite par les centrales nucléaires françaises, a aussi constitué un levier efficace contre la hausse des prix. Ce mécanisme a permis de garantir que 50 % de la facture finale des consommateurs soit approvisionnée au prix régulé de l’ARENH en 2022, selon la CRE.

Pour autant, la commission met en avant des améliorations possibles. On se souvient des fournisseurs comme E.Leclerc Énergies qui ont subitement jeté l’éponge en pleine crise de l’énergie, laissant les consommateurs sans contrat du jour au lendemain. La CRE ajoute avoir retiré ou suspendu les autorisations de vente à 4 fournisseurs en électricité et 1 en gaz. Pour maintenir la confiance des consommateurs vis-à-vis des acteurs du marché, l’institution propose d’instaurer une obligation de prudence à l’égard des opérateurs afin qu’ils s’approvisionnent sur le marché de gros en cohérence avec les engagements pris auprès de leurs clients. Pour améliorer la transparence des offres, la Commission suggère aussi que les caractéristiques du contrat (tels que le prix) ne changent pas pendant au moins un an, afin de ne pas déstabiliser les clients.

À lire aussi Hausse du prix de l’électricité nucléaire à 0,07 €/kWh : ça change quoi ?

Enfin, pour la CRE, les consommateurs ont un rôle à jouer dans la transition écologique et les offres qui encouragent la flexibilité auront un impact important à ce titre. Cela n’est pas sans rappeler la campagne encourageant la sobriété énergétique déployée par les pouvoirs publics avant l’hiver 2022/2023 (et qui est relancée cette année).

À ce sujet, EDF a redonné un coup de projecteur à son offre TEMPO, laquelle incite les clients à décaler leurs usages pendant les 22 jours rouges de l’hiver, au cours desquels le tarif est trois fois plus élevé que celui du tarif réglementé de vente (TRV). En contrepartie, ils bénéficient d’un tarif très attractif le reste de l’année.