Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), citée par The East African du 12 février, le secteur des énergies renouvelables en Afrique n’attire pas les investissements internationaux, malgré les énormes potentialités dont jouit le continent.

Au moment où les budgets alloués aux technologies propres ne cessent d’augmenter dans le monde, l’Afrique peine à décoller. Les investissements sont même tombés à leur plus bas niveau depuis 11 ans. Pour prendre la mesure de ce fossé, il faut savoir que la part du continent ne dépasse pas 3 %, soit 13 milliards de dollars, des financements mondiaux, estimés à 382 milliards de dollars en 2022.

Ces investissements sont concentrés sur quelques marchés (Afrique du Sud, Égypte, Maroc, Kenya…), représentant trois quarts du total depuis 2010, soit 46 milliards de dollars. Les autres pays n’ayant obtenu que 16 milliards de dollars au cours de la même période. En 2021, l’Afrique du Sud venait en tête, avec un budget de 753 millions de dollars, suivie de la Côte d’Ivoire et du Nigeria avec, respectivement, 282 et 280 millions de dollars. Le Maroc et l’Égypte se placent respectivement quatrième et cinquième, avec 260 et 238 millions de dollars, selon l’Energy Research Unit.

À lire aussi Hydrogène : l’Afrique avance mais peine à s’affranchir du savoir-faire occidental

L’alarme a été sonnée à la COP 27, qui s’est tenue en novembre dernier à Charm el-Cheikh : seulement 2,6 milliards de dollars ont été investis en Afrique dans l’éolien, le solaire et la géothermie en 2021, soit 35 % de moins. Alors qu’au même moment, dans le reste du monde, l’on enregistrait une hausse de 9 %.

La moitié des Africains sans électricité !

Résultat de ce désinvestissement massif : le continent africain continue à souffrir de pénuries chroniques en matière d’électricité. La proportion de personnes ayant accès à l’électricité ne dépasse pas 48 % de la population globale. Selon les estimations de la Banque mondiale, le nombre de personnes vivant sans électricité est de 733 millions dans le monde, dont la plupart sont concentrées en Afrique subsaharienne.

Nonobstant les facteurs climatiques très favorables, sans compter les réserves de pétrole, de gaz et un énorme potentiel de biomasse, l’apport de l’Afrique ne dépasse guère 1,3 % de la production mondiale d’hydroélectricité, d’énergie solaire et éolienne. Bien qu’abondantes, ces ressources sont réparties de manière inégale, ce qui complique leur exploitation.

À lire aussi La difficile décarbonation de l’électricité en Afrique du Sud

Autres facteurs qui dissuadent la plupart des investisseurs de s’engager en Afrique : l’instabilité politique et son corollaire, l’insécurité, la bureaucratie et un manque de volonté politique et d’engagement de la majorité des gouvernements africains, pour lesquels les énergies renouvelables ne sont pas encore une priorité.

D’où viennent les financements ?

Une partie des financements actuels vient des pays européens. Grands pollueurs, ces derniers ont les moyens de subventionner des systèmes énergétiques dits « petits réseaux » dans les zones reculées. Ces aides sont octroyés, soit par crédits, soit comme donations. Autre source de financement : l’aide internationale visant à réduire la pauvreté. Celle-ci peut être réorientée pour soutenir des projets d’énergie renouvelable, susceptibles de booster le développement économique et social et réduire un tant soit peu le déficit en électrification.

Les Nations unies y contribuent également à travers des programmes, tels que le PNUE (pour l’environnement), visant à renforcer les énergies renouvelables, avec des taux de rendement attractifs, des coûts compétitifs, en dotant les Africains en technologies et équipements. Ce programme a déjà fait bénéficier 100 000 personnes des systèmes d’énergie solaire dans des pays comme la Tunisie, le Maroc, le Kenya, le Ghana ou la Namibie. Mais cela semble insuffisant.

À lire aussi La sécheresse provoque des coupures massives d’électricité en Afrique et en Asie