L’association européenne de la géothermie (EGEC), a publié son rapport annuel sur le développement de la géothermie en Europe. Au-delà des données statistiques, il fournit une analyse approfondie des tendances du marché, du cadre politique et des évolutions technologiques qui façonnent le secteur de la géothermie. Selon l’EGEC, la prochaine décennie sera celle de la géothermie.

Le marché européen de la génération d’électricité par la géothermie profonde est dominé par 3 pays : la Turquie dont les installations totalisent une puissance de 1.523 MWe, l’Italie avec 916 MWe et l’Islande (754 MWe). A eux seuls, ces trois-là produisent 97 % de l’électricité d’origine géothermique du continent. Avec une production annuelle de 124 GWh, la France se situe à la 5e place du classement, derrière le Portugal.
Fin 2019, 130 centrales productrices d’électricité étaient exploitées en Europe, 36 projets sont en développement et 124 en phase de planification. Ces chiffres indiquent que la puissance géothermique installée pourrait plus que doubler au cours des 5 à 8 prochaines années. Des nouveaux projets sont notamment en construction ou au stade de l’étude en Allemagne, en France, en Grèce, en Suisse, en Roumanie, en Croatie, en Hongrie, au Royaume-Uni, en Tchéquie et même en Belgique.

Productions géothermiques en Europe

Guadeloupe et Alsace

Aujourd’hui la France ne compte que deux petites centrales en activité dont une seule en Métropole. La centrale de Bouillante, en Guadeloupe, a été la pionnière : les premiers forages exploratoires y ont été effectués dans les années 1960. Elle est opérationnelle depuis 1984, avec une puissance de 5 MWe pour l’unité dite «Bouillante 1», à laquelle s’est ajouté, en 2005, l’unité de «Bouillante 2» qui a porté la puissance totale de la centrale à 15 MWe. Mais le potentiel géothermique de la Guadeloupe est très élevé ; exploité à son maximum il pourrait couvrir près de la moitié des besoins de l’île.
L’autre centrale française se trouve en Alsace, à Soultz-sous-Forêts. Elle a produit ses premiers kWh en 2008, grâce à des forages à 5.000 m de profondeur. Avec une puissance de 1,7 MWe, l’installation est en mesure de produire 12 GWh par an soit l’équivalent de la consommation électrique de 2.500 logements.

Mais d’autres sites en Alsace dans le Massif central et dans le Languedoc-Roussillon notamment, ainsi qu’à la Martinique et à la Réunion, ont un potentiel pour la production d’électricité par géothermie. Des permis de recherche ont été octroyés par le gouvernement ; d’autres demandes sont en cours d’instruction.
En Belgique, une petite centrale de 1 MWe a été mise en service à Mol, dans la province d’Anvers. Son exploitant projette de forer de nouveaux puits pour porter sa puissance à 4 MWe, ce qui placerait le site dans le Top 10 des centrales de géothermie profonde de l’Union européenne.

La centrale géothermique de Bouillante en Guadeloupe

Réseaux de chaleur géothermique

En ce qui concerne l’utilisation de la géothermie pour l’alimentation des réseaux de chaleur, l’Europe est un des principaux marchés, peut-on lire dans le rapport de l’EGEC. En 2019, 5,5 GWth sont entrés en service dans 25 pays et de nombreux nouveaux projets ont été lancés. Dans ce secteur, la France est, après la Turquie et l’Islande, le leader européen avec une soixantaine de sites de production localisés en grande majorité dans le bassin parisien, dont le potentiel est très élevé. 40 autres projets sont en développement ou à l’étude. L’Allemagne mise aussi sur les réseaux de chaleur géothermique avec 25 sites en service et 35 en projet.


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Le marché européen de la pompe à chaleur géothermique a, quant à lui, franchi le cap des 2 millions d’unités opérationnelles, avec la Suède qui en comptabilise à elle seule plus de 600.000, ce qui démontre ainsi l’importance des politiques gouvernementales de soutien mises en place.

Les résultats de cette analyse de l’EGEC montrent qu’en Europe, l’énergie géothermique a connu un développement rapide en 2019.
En outre, une nouvelle opportunité pour le secteur est apparue pendant l’année par la découverte de lithium dans certaines nappes souterraines exploitées par des centrales géothermiques. Un atout qui offre la perspective de revenus supplémentaires et pourrait attirer de nouveaux acteurs pour le financement des projets.
Mais, selon l’EGEC, la géothermie a besoin, pour poursuivre sa croissance à un rythme élevé, d’être soutenue par un cadre politique stable et d’être accompagné par un système d’assurances adapté. Le secteur demande aussi le développement de la recherche et l’arrêt du subventionnement des énergies fossiles.


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Dans la conclusion du rapport, Philippe Dumas, secrétaire général de l’EGEC, estime que « la géothermie peut devenir le socle de la transition énergétique ». Pour lui, « la décennie 2020 – 2030 sera celle de la géothermie ». Rendez-vous dans dix ans pour vérifier la réalisation de sa prédiction.

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