Lorsqu’il fait froid ou que les prix de l’énergie flambent, on pourrait être tenté de ne plus aérer chez soi, afin d’économiser de l’énergie. Mais ne risque-t-on pas de perdre plus que ce que l’on gagne ? Creusons la question.

Lorsqu’on habite dans un logement qui ne dispose pas d’une ventilation mécanique (VMC), il est un geste que l’on connaît bien : ouvrir les fenêtres quotidiennement pour aérer. Aérer ne consiste en rien d’autre que de remplacer une part de l’air intérieur par de l’air extérieur. Et en hiver, lorsqu’il fait froid dehors, cela conduit à remplacer de l’air chaud par de l’air froid. De l’air froid qu’il va falloir à nouveau réchauffer, et donc au prix d’une dépense d’énergie supplémentaire.

Pour économiser sur sa facture, on pourrait être tenté de moins aérer. Après tout, c’est de l’air froid à réchauffer en moins, non ? Répondons tout de suite : non, ce n’est pas une bonne idée.

Pourquoi est-il indispensable d’aérer ?

Tout d’abord, l’aération ou la ventilation sont indispensables pour assurer une bonne qualité à l’air que l’on respire chez soi. Et l’on passe beaucoup de temps chez soi, en moyenne 14 h par jour, et d’autant plus en hiver, justement, que pendant les autres saisons. Même loin de toute source de pollution urbaine ou industrielle, et même les fenêtres fermées, l’air intérieur de notre logement se charge en polluants. Les sources de pollution sont nombreuses. Les matériaux de construction, les produits de bricolage ou les produits ménagers peuvent conduire à l’émanation de produits toxiques si ces derniers sont trop concentrés dans l’air. Citons également les allergènes, comme ceux produits par les acariens ou ceux présents dans la salive et les poils des animaux domestiques.

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Les activités de nettoyage (lavage du sol, lessive, séchage du linge), d’hygiène (douches, brossage des dents) ou la cuisine, chargent l’air en humidité. Si cette dernière est trop élevée, cela peut conduire à un inconfort, ainsi qu’à des risques pour la santé, directement, ou indirectement en favorisant la croissance de moisissures.

L’utilisation d’appareils à combustion dépourvus de prise d’air et de cheminée vers l’extérieur (par exemple, des plaques de cuisson au gaz) appauvrit l’air en oxygène et l’enrichit en dioxyde de carbone ; des appareils mal réglés peuvent en outre charger l’atmosphère en monoxyde de carbone, extrêmement toxique. Dans certaines régions, notamment celles montagneuses, le radon, un gaz naturellement radioactif, s’ajoute à ces différents polluants.

Pour limiter ces risques, le ministère de la Santé recommande d’aérer une dizaine de minutes par jour, été comme hiver, en ouvrant les fenêtres. Cette durée peut être allongée lorsque vous avez réalisé des activités susceptibles de charger l’atmosphère en polluants ou en humidité.

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Aérer ne conduit pas à de grandes pertes d’énergie

L’ADEME confirme, elle aussi, qu’il est nécessaire d’aérer : « même si vous bénéficiez d’un système de ventilation mécanique contrôlée, veillez à ouvrir grand les fenêtres 5 à 10 minutes le matin et le soir. C’est indispensable pour renouveler l’air intérieur, même en hiver ! » explique l’agence chargée des orientations nationales sur la transition énergétique.

Il s’avère en effet qu’aérer une dizaine de minutes est une durée trop courte pour conduire à une importante perte d’énergie. Certes, l’air ambiant sera plus frais, mais les murs n’auront que peu de temps de se refroidir. Or, c’est bien dans la masse des murs que se trouve stockée la plus grande part de la chaleur ; en effet, pour 1 °C de différence de température, on peut stocker plus de mille fois plus de chaleur dans 1 m3 de brique que dans 1 m3 d’air.

De plus, il est toujours possible de minimiser les pertes. Une astuce simple : éteindre les corps de chauffe (typiquement les radiateurs) qui se trouvent à proximité des fenêtres ouvertes. Ainsi vous serez en mesure de ne pas perdre l’énergie dépensée à chauffer l’air pendant leur ouverture. La plupart des radiateurs modernes sont d’ailleurs équipés d’une fonction de reconnaissance automatique de fenêtre ouverte, qui interrompt leur fonctionnement le temps de l’aération.

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Diminuer l’humidité de l’air permet-il d’économiser sur le chauffage ?

Il est parfois annoncé que diminuer l’humidité de l’air permet de réduire la consommation de chauffage. Suivons cette idée. La grandeur physique qui permet de mesurer la sensibilité d’un corps à l’échauffement s’appelle la capacité thermique. Elle permet de quantifier la quantité d’énergie qu’il est nécessaire pour élever la température d’un objet d’un degré, et par unité de matière. Cette dernière peut être relative au volume (capacité thermique volumique, en J/°C/m3) ou à la masse (capacité thermique massique, en J/°C/kg). La capacité thermique de l’air sec est plus faible que celle de l’air humide : 1,206 kJ/°C/m3 comparé à 1 236 kJ/°C/m3. Nous voyons donc que ce n’est pas faux : un air moins humide sera moins difficile à chauffer, mais la différence reste faible, de l’ordre de 3 %.

Toutefois, dans un logement très humide, l’eau est susceptible de se condenser et de s’accumuler à l’état liquide. Dans ces conditions, outre les dégâts sur le bâti que cette condensation peut provoquer, elle rendra le logement effectivement plus difficile à chauffer. En cause : la capacité thermique de l’eau, qui est très importante : 4 200 kJ/°C/kg. Pour une même différence de température, l’eau liquide peut ainsi stocker 400 fois plus d’énergie que l’air.

Vous avez donc tout intérêt à aérer votre logement, même en hiver. Ne pas le faire aurait un impact imperceptible sur votre facture, mais des conséquences sensibles sur votre santé et sur votre logement. Et si vous souhaitez optimiser vos consommations d’énergie sur ce poste, une solution existe pour les logements compatibles : il s’agit de la ventilation double-flux, dont le principe est justement de recycler l’énergie de l’air expulsé pour préchauffer l’air entrant.