Si vous envisagez de moderniser votre cuisine tout en réalisant des économies d’énergie, le remplacement des plaques de cuisson n’est pas un sujet à prendre à la légère. Électrique à induction, vitrocéramique, fonte ou à gaz : voyons ensemble quelle technologie de plaque vous permettra d’alléger votre facture d’énergie.

Que l’on soit grand chef étoilé ou simple amateur de pâtes au pesto, la plaque de cuisson est le centre névralgique de toute cuisine qui se respecte. Mais comme tout équipement électroménager qui produit de la chaleur, à l’instar du four, de la bouilloire ou des radiateurs électriques, la plaque de cuisson peut être très gourmande en énergie.

Selon l’ADEME, les plaques de cuisson, lorsqu’elles sont électriques, représentent presque 8 % de notre facture annuelle d’électricité. Une plaque de cuisson vitrocéramique consomme, en effet, environ 159 kWh à l’année. Un chiffre qui varie fortement en fonction de la composition de votre foyer, de vos choix et habitudes culinaires, bien évidemment. Cela représente, au tarif réglementé option base actuel du kWh, 36 € sur la facture d’électricité. Alors quand vient l’heure d’en changer ou de rénover toute sa cuisine, il est important de choisir le modèle le plus économique en fonction de son budget.

Pour vous aider à faire votre choix, nous avons fait le point sur les avantages et les inconvénients des différentes technologies disponibles sur le marché, à savoir les plaques au gaz, les plaques électriques en fonte, les modèles vitrocéramiques et les modèles à induction.

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Plaques à gaz, fonte, vitrocéramique et induction : quel coût à l’achat ?

Pour déterminer la technologie de plaque de cuisson la plus économique au quotidien, deux facteurs principaux sont à prendre en compte : le prix d’achat, d’une part, et le coût d’utilisation de l’autre. Connaître ces deux éléments permettra également de savoir, en fonction de son budget d’investissement, quel produit privilégier.

Le prix des plaques varie grandement en fonction de la gamme choisie, de la marque, et évidemment de la technologie. Si les prix débutent à une vingtaine d’euros pour un simple foyer en fonte, les premiers modèles à 4 feux encastrés apparaissent à une centaine d’euros pour le gaz et la fonte. Il faudra compter environ 150 euros pour le vitrocéramique et 200 euros pour l’induction.

De manière générale, le prix des plaques à induction est nettement plus élevé que pour les autres systèmes. Cette différence s’explique par un développement constant des fonctionnalités de ce type de produit. Outre ce prix plus élevé, les plaques à induction nécessitent des équipements de cuisson compatibles. Ceux-ci doivent nécessairement disposer d’un fond en métal ferromagnétique, car le principe de l’induction réside dans la création d’un intense champ magnétique entre la plaque et le récipient, ce qui génère de la chaleur. Un test simple permet d’identifier un récipient compatible : si un aimant s’y colle, c’est qu’il est compatible induction.

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La plaque à induction, championne de l’efficacité énergétique

Passons désormais au coût d’utilisation des plaques de cuisson au quotidien. Celui-ci peut être facilement calculé en multipliant la puissance de la plaque par sa durée d’utilisation. Par exemple, lorsque vous utilisez une plaque de 3 000 W pour faire bouillir de l’eau, vous tournez le bouton sur la puissance maximale, puis attendez que l’eau bouille, par exemple 10 minutes.

La consommation de cette opération sera calculée ainsi : 3 000 W x (10 minutes / 60 minutes) = 500 Wh.

Pour être la moins gourmande en énergie, il est important que la plaque transmette le maximum de la chaleur qu’elle génère au contenant : c’est ce qui détermine le rendement. À ce niveau, les plaques au gaz et en fonte affichent un rendement assez proche : entre 50% et 60 % environ pour les deux. Les plaques vitrocéramiques font mieux puisque leur rendement est proche des 75 %.

En revanche, rien ne fait mieux que l’induction, dont le rendement affiche 90 %. Si ce rendement est si élevé, c’est que la plaque en elle-même ne chauffe pas. Sous la plaque se trouve une bobine de cuivre qui génère un champ magnétique. Celui-ci va être transmis jusqu’à la partie métallique de la poêle ou de la casserole, et c’est cette partie qui va chauffer directement au contact des aliments. Grâce à ce système, les déperditions sont très limitées.

Concrètement, si on prend l’exemple de faire bouillir de l’eau, le rendement plus élevé de l’induction va permettre de transmettre plus vite la quantité d’énergie nécessaire à la hausse de température de l’eau. En conséquence, la plaque pourra être allumée moins longtemps, permettant ainsi de réelles économies d’énergie.

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La plaque au gaz moins chère à l’utilisation, sous conditions

Malheureusement, économie d’énergie ne veut pas dire économie dans le portefeuille. Si l’induction constitue le meilleur choix technique et de confort face aux autres technologies de cuisson, et permet de réaliser des économies d’énergie significatives, la vérité est un peu différente avec le gaz, dans certaines conditions. Car, malgré un rendement très inférieur à l’induction, le gaz bénéficie d’un tarif au kWh toujours plus avantageux que l’électricité.

Pour s’en apercevoir, nous avons réalisé un petit calcul d’ordre de grandeur en considérant le simple fait d’amener 1 L d’eau à ébullition trois fois par jour. La consommation en gaz sur une journée s’élèverait à 158 Wh utiles, contre 102 Wh pour la plaque à induction. En prenant 0,2276 € pour le tarif du kWh d’électricité et 0,1284 € pour le tarif du kWh de gaz, on obtient une facture de 1,83 € pour le gaz et 2,09 € pour l’électricité.

Au bout d’un an d’utilisation, on obtient les chiffres suivants :

Type de plaque

Consommation annuelle

Coût annuel

⚠️ hors abonnement spécifique au gaz

🔴 Fonte

165 kWh

37,69 €

Vitrocéramique

132,48 kWh

30,15 €

🟢 Gaz

171,31 kWh

22 €

Induction

110 kWh

25,12 €

Il s’agit, ici, de simples ordres de grandeur, car de nombreux paramètres rentrent en compte comme le tarif réel du kWh, le tarif de l’abonnement et de la puissance souscrite associée, qui diffèrent significativement selon les contrats, le rendement réel de l’appareil de cuisson considéré, les récipients utilisés, les habitudes de l’utilisateur, etc. Néanmoins, la tendance est claire pour ceux qui disposent déjà d’un abonnement au gaz pour le chauffage et l’eau chaude : le gaz reste plus économique pour la cuisson, malgré une dépense énergétique nettement plus élevée. Un comble, en pleine transition énergétique.

Ne conservez pas un abonnement au gaz uniquement pour la cuisson

Attention, les estimations de coût présentées ci-dessus sont uniquement valables dans le cas de logements disposant déjà d’un abonnement au gaz pour d’autres usages : production d’eau chaude sanitaire et chauffage. Dans cette situation, le coût de l’abonnement est amorti par ces postes nettement plus consommateurs que la cuisson. Toutefois, si vous résidez dans une habitation où le chauffage et l’eau chaude sont électriques, conserver un abonnement au gaz exclusivement pour la cuisson est un très mauvais choix pour votre portefeuille.

En effet, l’abonnement fixe vous est facturé une centaine d’euros chaque année, quelle que soit la quantité de gaz utilisée. Dans cette situation, les clients dépensent souvent plus d’argent pour l’abonnement que pour la consommation de gaz en elle-même. Ainsi, il vous sera considérablement plus économique d’installer une plaque vitrocéramique ou induction en remplacement d’une plaque au gaz. D’autant que vous payez déjà un abonnement à l’électricité, qui, contrairement au gaz, est une énergie indispensable.

Type de plaque

Consommation annuelle

Coût annuel

⚠️ avec abonnement spécifique au gaz

Fonte

165 kWh

37,69 €

Vitrocéramique

132,48 kWh

30,15 €

🔴 Gaz

171,31 kWh

124,96 €

🟢 Induction

110 kWh

25,12 €

En intégrant un abonnement au gaz dédié à la cuisine, dont le coût mensuel est actuellement de 8,58 euros chez un grand énergéticien français (soit 102,96 € annuels), l’on se rend immédiatement compte du coût ahurissant de ce mode de cuisson. L’écart est si grand qu’il permet de rentabiliser l’achat d’une plaque à induction encastrable (premier prix) en remplacement d’une plaque au gaz en deux années seulement. La durée de retour sur investissement est encore plus faible avec une plaque vitrocéramique ou une plaque à induction à poser (ou d’appoint).

Je me chauffe déjà au gaz, dois-je renoncer à une plaque à induction ?

Les plaques à induction dominent aujourd’hui largement le marché avec 51 % des ventes contre 22 % pour le vitrocéramique et 22 % pour le gaz (les ventes de plaques en fonte étant anecdotiques en volumes de vente). Cet avantage de l’induction s’explique notamment par toutes les fonctionnalités dont elle dispose et par sa facilité et rapidité d’utilisation au quotidien.

En termes de sécurité, les plaques à induction ont une longueur d’avance sur les autres technologies pour plusieurs raisons. D’abord, la plaque ne chauffe pas quand il n’y a pas de casserole sur le foyer. Et surtout, la surface n’est pas aussi brûlante que son homologue vitrocéramique, évitant ainsi les brûlures accidentelles, en particulier pour les enfants. Les plaques à induction disposent souvent d’autres modes comme par exemple la coupure automatique en cas de débordement de liquide. Évidemment, contrairement aux plaques à gaz, elles ne comportent aucun risque de fuite de matière hautement toxique, inflammable et explosive.

En termes d’entretien, la plaque à induction s’en sort également en tête, car elle chauffe très peu, et les aliments qui tombent dessus ne cuisent pas et sont donc faciles à enlever. Cette technologie de cuisson ne détériore pas la qualité de l’air intérieur, à l’inverse des plaques à gaz, et ne nécessite pas (ou peu) de faire appel à une énergie fossile entièrement importée de pays lointains. Enfin, la plaque à induction est celle qui consomme le moins d’énergie primaire. Si cet aspect n’est probablement pas le plus déterminant pour le consommateur, c’est une qualité majeure dans le contexte actuel de sobriété énergétique et de réduction des émissions de CO2.

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Associer une plaque électrique à des panneaux solaires ?

Finalement, on pourrait résumer cette plongée de quelques minutes dans le monde des plaques de cuisson par le fait que l’induction et le gaz sont les deux technologies les plus avantageuses d’un point de vue économique, selon les conditions.

Néanmoins, il faut garder à l’esprit que, si le gaz permet de réduire sa facture à l’instant T, son avenir, dans le cadre de la transition énergétique, est plus incertain. Principalement issu d’énergies fossiles, le gaz « naturel » pourrait être progressivement remplacé par le gaz issu de la biomasse. Lorsque ce sera le cas, son coût pourrait exploser et les usages domestiques du biométhane pourraient être drastiquement limités, voire interdits pour privilégier l’électricité.

D’un point de vue énergétique, l’induction reste le choix de raison grâce à sa très grande efficacité énergétique. Associée à des panneaux solaires, dont le pic de production entre 11 h et 14 h correspond à la période d’utilisation de la cuisine, elle permettra de dépenser le moins de kWh possibles et de cuisiner confortablement, sans émissions polluantes.