Le milan royal est une des espèces d’oiseaux les plus touchées par la mortalité liée aux parcs éoliens. Différentes mesures peuvent être prises pour réduire les risques de collision de ces rapaces avec les turbines et pour éviter le déclin de leurs populations. Dans cet article nous vous relatons aussi une belle histoire de sauvetage d’un milan royal qui a été heurté par une pale.

Le nombre d’oiseaux réellement tués chaque année par les éoliennes a déjà fait l’objet de nombreuses études scientifiques. La mortalité due aux collisions avec les pales varie selon les espèces. Celles-ci ayant l’habitude de voler à des altitudes différentes, ce sont les familles qui volent à la hauteur des pales en rotation qui sont les plus vulnérables. Par ailleurs, la perception des obstacles en mouvement est plus sensible chez certaines espèces que chez d’autres.

Le milan royal est l’une des espèces les plus touchées par le développement des parcs éoliens. Ce rapace s’expose au risque de collision, car il n’est pas dérangé par la rotation des pales et il ne les évite pas.

Ses méthodes de chasse expliquent également une hausse de la mortalité liée aux éoliennes installées à proximité des zones de nidification. Le milan royal est en effet un charognard : il se nourrit principalement de cadavres d’animaux qu’il repère au sol, parfois au pied d’un mât. L’oiseau plonge alors la tête baissée vers son butin sans faire attention aux pales. « Les études et observations concordent sur l’absence de comportement d’évitement des éoliennes », confirme la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO).

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L’espèce est sur la liste rouge

Le milan royal est essentiellement européen. Il est présent du sud de l’Espagne jusqu’au nord de l’Allemagne, de la Pologne et des Etats baltes. Il vit près des bois entrecoupés de pâturages, des cultures et des zones humides. En France comme en Belgique, on le rencontre principalement dans l’Est du pays : Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est dans l’Hexagone ; Gaume, sud Luxembourg et cantons de l’Est en Wallonie.

Suite à une chute importante de ses populations depuis vingt ans, le milan royal est une espèce classée comme « quasi menacée » sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Bien que les causes de ce déclin soient multiples, les parcs éoliens représentaient en 2019, sur l’ensemble du territoire français, le deuxième facteur de mortalité du milan royal derrière l’empoissonnement.

Dans le registre européen des oiseaux victimes de collisions avec les éoliennes, 468 milans royaux tués ont été rapportés au cours des 20 dernières années, ce qui correspond à une moyenne de 31 collisions par an. Ce nombre est faible au regard de la taille de la population européenne qui avoisine quand même les 100.000 individus. Et ceci, alors même que la probabilité de découvrir des cadavres de milans royaux est particulièrement élevée : de par leur grande taille, les rapaces tués sont plus aisément détectés sous les éoliennes que les petits passereaux ou les chauves-souris.

Des mesures de protection peuvent être prises

Mais dans certaines régions, la densité des parcs peut toutefois engendrer une mortalité plus importante. Selon la LPO, 12 milans royaux sont décédés depuis 2019 en Bourgogne-Franche-Comté après avoir été heurté par une éolienne.  La région est en effet l’un des sites majeurs à l’échelle française et européenne pour la reproduction mais aussi l’hivernage du milan royal. Pourtant la ligue ne s’oppose pas au développement de nouveaux projets dans la région. Selon elle, il est toutefois nécessaire que les acteurs responsables de leur développement tiennent compte des impacts de ces projets sur les populations de milan royal et prennent les mesures nécessaires pour réduire la mortalité. C’est pourquoi elle a mis à leur intention un corpus documentaire regroupant des fiches de renseignements sur l’espèce, des données scientifiques et des cartographies du territoire.

Des organismes et des bureaux d’étude spécialisés peuvent également apporter au secteur éolien leur expertise et leur aide pour faire les bons choix en matière de protection de l’avifaune. Parmi ceux-ci, la société Sens of Life propose notamment toute une série de dispositifs techniques qui permettent aux éoliennes de suivre, surveiller et détecter les chauves-souris et les oiseaux. Des caméras fixées sur les turbines peuvent par exemple tracker les volatiles, et en cas de risque de collision, déclenchent la réponse adaptée à la trajectoire détectée : avertissement sonore, régulation ou arrêt des pâles. Un radar peut aussi être utilisé pour un suivi de migration par exemple, mais également pour lancer des avertissements sonores ou arrêter les éoliennes en cas de trajectoires à risque. Ce système est particulièrement efficace pour garantir un arrêt des pâles avant que l’oiseau n’entre sur le parc éolien.

Une belle histoire de sauvetage

Cette société relate aussi sur son site une belle histoire de sauvetage d’un milan royal. Le 26 août, lors d’un suivi de mortalité sur un parc éolien en Champagne, l’un de ses collaborateur assiste à la collision d’un milan royal avec une pale. S’engage alors une course contre la montre. L’oiseau est emmené en urgence chez un vétérinaire qui constate des fractures à l’épaule et à la clavicule ainsi qu’un traumatisme crânien. Le pronostic vital est réservé. Malgré un traitement au laser de la colonne vertébrale et des élixirs floraux, le rapace reste dans un état comateux pendant deux jours.
Pourtant, le 30 août, il reprend appui sur ses pattes et le lendemain, il s’alimente seul ! Le transfert au Centre de Réhabilitation et de Sauvegarde de Champagne-Ardenne (CRESREL) est organisé le 1er septembre. Sur place, l’équipe amorce sa réhabilitation, entièrement financée par l’exploitant éolien. Le 24 septembre, soit près d’un mois après son accident le milan royal a pu être relâché.

Le 24 septembre, le milan royal a pu être relâché

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