La facture d’électricité augmentera bien au 1ᵉʳ février 2024 pour les ménages et les petites entreprises qui ont souscrit un tarif de vente réglementé(TRV), avec une hausse de +8,6 % pour l’option base, et de +9,8 % pour l’option heures pleines/heures creuses. Pour motiver ces augmentations, le ministre de l’Économie Bruno Le Marie a notamment évoqué le conflit en Ukraine, mais est-il vraiment impliqué ?

Le ministre de l’Économie avait bien prévenu, en début d’année, que la hausse des prix de l’électricité ne dépasserait pas 10 % au 1 février 2024, en ajoutant « savoir tenir parole ». Finalement, Bruno Le Maire a consenti à une augmentation légèrement revue à la baisse, de 9,8 % pour l’option heures pleines/heures creuses et 8,6 % pour l’option base (au lieu de 10 %). Une augmentation qu’il considère « difficile, mais nécessaire pour garantir notre capacité d’investissement dans de nouvelles solutions de production électrique ». Le message est clair : la hausse est purement fiscale, par le rétablissement de la TICFE à son taux d’origine, sans rapport avec le marché de l’électricité resté stable en 2023.

Il aurait eu beau rôle de nous expliquer qu’avec les hausses de 2023, les Français ont déjà grandement assuré la sortie du « quoiqu’il en coûte » et du bouclier tarifaire. Surtout que le patron de Bercy s’est voulu rassurant, en spécifiant que pour un ménage en maison individuelle qui se chauffe à l’électricité avec 2 enfants, la hausse sera en moyenne de 18 € par mois. Fin stratège, car cela n’est vrai que si l’on compare le prix entre le 1ᵉʳ aout 2023 et le 1 février 2024. Si l’on étend la comparaison entre le 1 février 2023 et le 1 février 2024, soit un an tout pile, pour une consommation de 10 000 kWh (moyenne d’un pavillon en tout électrique), on passe d’une facture de 1 887 à 2 490 €/an, soit +50 € par mois.

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Le prix de l’électricité a augmenté de 39 % en 2 ans

On aurait pu en rester là. Et pourtant, lors de questions sur les élections européennes et la percée du Rassemblement national dans les sondages, Bruno Le Maire n’a pu s’empêcher d’ajouter un raccourci surprenant sur le prix de l’électricité. « Si les prix de l’électricité ont flambé, c’est parce que Vladimir Poutine, l’ami de Marine Le Pen, a attaqué l’Ukraine ». L’invasion de l’Ukraine en 2022, n’est effectivement pas sans impact sur le prix des énergies, notamment sur les cours du gaz, sur lequel est indexé le prix de l’électricité. C’est toutefois réducteur dans l’analyse, sans tenir compte de la situation catastrophique en France en 2022, lié aux nombreux réacteurs nucléaires à l’arrêt pour maintenance et déboires de corrosion.

Si les prix ont baissé en 2023, c’est que la production nucléaire française a repris des couleurs, associé à des importations de gaz liquéfié (GNL) massives, et un climat extrêmement doux. On a produit davantage en 2023 et les marchés craignent nettement moins les coupures. Pourtant, la guerre en Ukraine se poursuit et l’issue semble tout aussi incertaine. Une phrase bien hasardeuse, qui aura du mal à consoler les Français d’une hausse particulièrement brutale de +39 % sur 2 ans.