EDF entend reconvertir une ancienne usine à charbon située à Cordemais pour produire de la biomasse. Ce projet appelé Ecocombust a connu un coup d’arrêt en 2021 avant d’être remis au goût du jour en ce début d’année.

L’idée ne date pas d’hier. Depuis 2017, EDF réfléchit à faire évoluer son parc de centrales thermiques pour se préparer à la fermeture annoncée des usines à charbon. C’est ainsi qu’il a été envisagé de reconvertir le site de Cordemais (Loire-Atlantique) mis en service en 1970, pour en faire un lieu de production de biomasse. La concrétisation d’un tel projet permettrait d’augmenter la place de la biomasse dans le mix énergétique français. Rappelons qu’en 2021, la biomasse représentait 1,59 % de la puissance installée du parc de production électrique en France, devant le charbon (1,31 %) et derrière le fioul (2,43 %).

Baptisé Ecocombust, le projet a été stoppé en juillet 2021 en raison des coûts trop élevés qui ne lui permettaient pas de produire de l’électricité à un tarif intéressant. Le retrait de Suez, partenaire d’EDF a également justifié l’abandon du chantier. Mais la guerre en Ukraine et les questions liées à la souveraineté énergétique qui ont émergé depuis, ainsi que la faible disponibilité du parc nucléaire en 2022 ont conduit à ressortir des cartons l’idée de reconversion de l’usine de Cordemais. L’objectif est de tirer parti des très polluantes usines thermiques existantes pour assurer leur transformation vers un nouveau modèle de production d’énergie moins carbonée.

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Le projet relancé et validé par l’État en 2023

Soutenue par le groupe Paprec, expert dans le traitement et la valorisation des déchets, EDF a déposé un dossier au printemps 2022 dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) « pour le développement d’usines de granulés de biomasse traités thermiquement, prioritairement issus de déchets de bois ». Le projet nécessite un investissement de 200 millions d’euros qui fera l’objet de subventions dont le détail reste à définir. Début 2023, l’État a donné un accord de principe pour la reconversion du site, ce qui va permettre de préserver environ 500 emplois qui étaient menacés par la fermeture à venir de l’usine à charbon.

Le chantier Ecocombust a pour objectif de remplacer l’utilisation du charbon par des pellets. Concrètement, avec la biomasse, l’énergie est produite à partir de la vapeur d’eau issue de la chaleur dégagée par la combustion du bois. La mise en service de la nouvelle usine est prévue pour 2025. Ce chantier sera un véritable test pour EDF qui, s’il se révélait être un succès, pourrait s’appliquer à reconvertir d’autres usines thermiques sur le territoire.

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Crainte des écologistes

Enfin, même si le projet peut sembler vertueux sur le principe, il inquiète tout de même les écologistes. Comme le but est de remplacer petit à petit le charbon par les pellets, les associations craignent que ce soit l’occasion de prolonger l’utilisation du charbon encore plusieurs années, le temps d’opérer la transition. En outre, l’importance de la quantité de résidus de bois nécessaires au fonctionnement d’une telle centrale fait craindre une tension sur le marché avec l’émergence indirectement d’une pression accrue sur les forêts françaises.

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