En Belgique, la saga sur la sortie du nucléaire dure depuis 2003. La Chambre des Représentants vient d’approuver l’accord signé entre l’État et Engie qui gère le parc nucléaire belge, afin de prolonger la durée de vie de deux réacteurs. Une bonne nouvelle pour l’énergéticien français qui va pouvoir envisager l’avenir plus sereinement.

La Belgique est dotée de sept réacteurs nucléaires répartis sur deux sites exploités par Engie : Doel, situé dans la province de Flandre orientale et Tihange qui est dans la province de Liège. En 2021, le nucléaire représentait environ la moitié de la consommation annuelle d’électricité du pays. La Belgique fait partie des pays qui a fait le choix de sortir du nucléaire. Ainsi, une loi a été adoptée à cet effet en 2003 pour une sortie du nucléaire prévue initialement d’ici 2025. Mais à la faveur des changements de coalition et du contexte géopolitique, le scénario a été réécrit plusieurs fois.

La politique énergétique belge, entre fermetures et prolongations de ses centrales nucléaires

En septembre 2022, malgré la guerre en Ukraine qui a bousculé le marché énergétique européen, la Belgique ferme un premier réacteur situé à Doel. En janvier 2023, le mouvement se poursuit avec la déconnexion d’un second réacteur sur le site de Tihange. Avec ces fermetures, la Belgique a perdu 2 gigawatts (GW) de production électrique que le pays entend compenser avec les énergies renouvelables et de nouvelles centrales à gaz.

L’Etat belge avait ensuite annoncé la prolongation pour dix ans de deux réacteurs qui devaient être arrêtés en 2025. Pour Engie, ces changements de cap sont compliqués à gérer puisque le prolongement de l’activité d’une centrale ne s’improvise pas. Il faut prévoir un calendrier de maintenance qui doit s’anticiper. Pareil en cas de déconnexion d’un réacteur, les opérations de démantèlement sont complexes et demandent du temps pour mettre en place l’organisation idoine.

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Un accord conclu entre l’État belge et Engie pour prolonger deux réacteurs

Finalement, en décembre 2023, l’État belge et Engie se sont mis d’accord après des mois de négociations. L’État s’est engagé à prolonger jusqu’en 2036 l’activité de deux réacteurs les plus récents du parc. L’accord prévoit qu’Engie transfère à l’État la responsabilité des déchets nucléaires, moyennant le versement de 15 milliards d’euros. En plus, 8 milliards seront versés au titre du démantèlement futur du parc nucléaire.

Cette entente est inédite puisqu’elle prévoit la création d’une coentreprise détenue à parts égales entre l’État et l’énergéticien français pour gérer les deux réacteurs dont la durée de vie est prolongée. Un organisme public indépendant nommé Hedera est également créé pour s’occuper de la gestion financière des déchets nucléaires et des passifs nucléaires qui correspondent aux installations nucléaires mises hors service pour lesquelles aucun moyen n’est disponible pour les assainir et les démanteler. Pour Engie, cet accord permet de gagner un peu de visibilité sur la gestion du parc nucléaire pour les années à venir. En avril 2024, la Chambre des Représentants a validé cet accord qui doit encore recevoir le visa de la Commission européenne.