Publié par l’initiative Energy Union Choices, un rapport démontre que la France pourrait atteindre 51 % d’énergies renouvelables dans son mix-électrique d’ici 2030. De quoi faire passer la part de nucléaire sous la barre des 50 % tout en abandonnant l’électricité issue du charbon dès 2022. 

Conduite par le cabinet Artelys et le Think Tank européen E3G, l’étude a été publiée par l’initiative Energy Union Choices et souligne que la baisse des coûts des technologies renouvelables associée à l’interconnexions et au pilotage des consommations pourraient accélérer le développement des énergies renouvelables, qu’il s’agisse d’éolien ou de solaire, tout en réduisant d’un tiers les capacités nucléaires d’ici 2030 qui passeraient de 60 à 40 GW.

Si des objectifs ambitieux sont fixés, les auteurs du rapport estiment dans un « scénario d’opportunité » que les sources renouvelables pourraient assurer 51 % de la production électrique française en 2030, soit trois fois plus qu’en 2017, avec une part de 37 % pour le solaire et l’éolien.

Un scénario (OPS dans le graphique ci-dessous) dont la part d’ENR est considérablement plus élevée que dans les scénarios Ampère et Hertz portés par RTE, lesquels restent sur des niveaux similaires en termes de production nucléaire, mais dont la part d’ENR se limite à 40-42 % du mix. Seul le scénario Watt envisage une part d’ENR plus forte ( 56 %), du fait de la réduction des capacités nucléaires à 19 GW mais qui, selon RTE, entraînerait une hausse du niveau d’émissions du fait de la hausse de la production d’électricité issue du gaz.

Mix électrique français d’ici 2030. Les différents scénarii

Sous conditions

Selon Energy Union Choices , l’objectif de déploiement des ENR ne pourra être atteint que sous certaines conditions.

« La chute vertigineuse des coûts des batteries et des énergies renouvelables crée une opportunité en or pour l’Europe : elle peut désormais accélérer sa transition énergétique de façon tout à fait fiable, en créant des emplois, et en réduisant ses coûts. Cependant, les coûts avantageux des batteries et des énergies renouvelables, seuls, ne sont pas suffisants pour transformer intégralement le secteur de l’énergie. Un nouveau souffle politique est nécessaire pour créer les conditions de leur essor, notamment en développant des réseaux intelligents et transfrontaliers, et en fermant des centrales nocives et en fin de vie » note Manon Dufour, directrice du bureau de Bruxelles d’E3G.

Outre la baisse du coût des énergies renouvelables, déjà constatées aujourd’hui dans plusieurs Etats membres européens, il s’agit d’organiser l’indispensable pilotage des consommations. Vehicle-to-grid ou systèmes de stockage stationnaires pourraient ainsi assurer près de 60 % du besoin de flexibilité quotidienne de l’offre, le reste étant assuré à parts quasi égales par le nucléaire, l’hydroélectricité et le pompage hydraulique.

Autre point important : la coopération transfrontalière, les interconnexions pouvant assurer plus de 45 % du besoin de flexibilité hebdomadaire de l’offre.

« Ce rapport montre tout l’intérêt qu’ont les États membres et en particulier la France à considérer l’évolution de leurs systèmes énergétiques à l’échelle européenne. Un système énergétique moderne, intelligent et propre à l’échelle de l’Europe passera par plus de coopération et de solidarité entre les systèmes électriques nationaux. Pour le système électrique français, les échanges d’électricité sont un levier important pour assurer la baisse des émissions de CO2 et la sécurité d’approvisionnement du système à moindre coût » commente Nicolas Berghmans, chercheur climat et énergie à l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI).

Une étude qui vient alimenter les débats autour de la PPE, la loi de Programmation Pluriannuelle de l’Energie, qui, en cours de discussion, doit permettre d’établir les prochains objectifs français sur le plan énergétique.

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