Comme chaque mois cet hiver, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français RTE met à jour ses perspectives pour le réseau électrique. Si le risque de pénurie semble sérieusement s’écarter, il faudra rester vigilant sur les deux dernières semaines de février.

Publiées en septembre 2022, les prévisions initiales de RTE sur notre système électrique se montraient très prudentes. Plusieurs incertitudes étaient alors mises au jour : l’approvisionnement en gaz, la situation énergétique de nos voisins européens, l’évolution de la demande et bien sûr le rythme de redémarrage des réacteurs nucléaires français. Trois scénarios étaient ainsi envisageables pour l’hiver, du plus optimiste au plus pessimiste. Depuis, une actualisation a lieu chaque mois. Celle de janvier 2023 est donc la quatrième depuis la publication initiale des estimations de RTE.

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Des conditions météo clémentes

Naturellement, les conditions météorologiques jouent un rôle non négligeable sur le niveau de la demande et affectent de ce fait l’équilibre du réseau électrique. Après un automne « remarquablement doux », selon le bilan climatique de Météo France, le mois de décembre a connu une alternance de « temps hivernal » et « quasi printanier ». Ce mois-ci, le gestionnaire de réseau confirme que « la situation électrique est désormais significativement plus favorable qu’au début de l’automne ».

Selon RTE, plusieurs facteurs permettent de dresser ce tableau optimiste : la consommation est basse, la production électrique est en hausse, les stocks hydrauliques et gaziers sont bien remplis. En outre, la France peut compter sur les interconnexions avec ses voisins en cas de problème. L’institution chiffre la baisse de la consommation « à températures normales » de 8,5 % par rapport à la période 2014-2019. Ce mouvement touche tous les secteurs d’activité et il n’est pas lié à une baisse de l’activité économique dans l’industrie, selon le rapport.

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En revanche, on ignore si cette diminution s’explique par des efforts de la population en faveur de la sobriété énergétique ou par des contraintes financières. L’institution note toutefois que les clients résidentiels ont baissé leur consommation depuis la fin de l’été alors même que les prix n’ont pas évolué depuis cette date en raison du bouclier tarifaire. Les efforts collectifs en faveur de la sobriété énergétique seraient donc à l’origine de la chute des consommations.

Une production électrique renforcée

La France peut également compter sur son parc nucléaire dont la disponibilité s’est approchée de 45 GW, selon le rapport de RTE, soit les trois quarts de la puissance maximale du parc. Elle devrait se situer entre 40 et 45 GW fin février. Mais RTE se montre ferme sur la situation du parc nucléaire, en affirmant que « la production nucléaire demeure très en deçà des références historiques : cela n’autorise aucun retard dans la maintenance classique ou les travaux en cours ou programmés sur les réacteurs affectés par un phénomène de corrosion ». Voilà EDF prévenu.

Du côté des stocks de gaz, il est stable autour de 80 %, « soit un niveau historiquement haut pour la période ». Les énergies renouvelables ne sont pas en reste avec une production éolienne abondante depuis mi-décembre. En outre, les stocks hydrauliques sont remplis, malgré une année 2022 difficile en raison de la sécheresse. Cela a permis au pays de retrouver une position exportatrice et de ne presque pas faire appel aux centrales à gaz et au charbon pendant les périodes de températures élevées.

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Si le niveau de risque sur la sécurité de l’approvisionnement reste à ce jour « moyen » pour RTE, l’institution laisse entrevoir la possibilité de baisser le curseur dès la prochaine actualisation, sous réserve du respect du calendrier de remise en route des réacteurs nucléaires et de la poursuite des efforts en faveur des économies d’énergie.

Des prix en baisse sur le marché de l’électricité

Enfin, RTE souligne la baisse des prix de l’électricité ces derniers mois, ce qui corrobore son analyse de septembre 2022 selon laquelle les prix pratiqués depuis l’été 2022 étaient trop élevés au vu des perspectives du marché. La situation est donc confirmée, mais ne devrait pas profiter immédiatement aux consommateurs. En effet, comme l’explique RTE, « les fournisseurs ont recours au marché à terme plusieurs mois à l’avance pour proposer des contrats à prix fixe (sans variation horaire comme sur le marché spot) ». Prochaine actualisation des prévisions de RTE à suivre le mois prochain.