Le Danemark adopte les objectifs climatiques les plus ambitieux du monde, et pour les atteindre, le pays projette la construction de deux îlots énergétiques d’une capacité totale de 4.000 mégawatts.

A Copenhague, le gouvernement social-démocrate a conclu le 22 juin dernier un accord avec le parlement pour l’adoption d’une nouvelle loi sur le climat. Celle-ci repose sur six piliers et permettrait à ce royaume scandinave d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé : une réduction de ses émissions de CO2 de 70% en 2030 par rapport aux niveaux de 1990, et la neutralité carbone en 2050. Une ambition audacieuse, d’autant qu’elle sera juridiquement contraignante.

Deux îles peuplées d’éoliennes

Pour respecter ses engagements climatiques, le Danemark créera deux îles énergétiques, lesquelles ajouteront une capacité de 4 gigawatts au parc éolien existant.

A fin 2019, le pays disposait d’une puissance éolienne installée de 6,1 gigawatts[1] (dont 1,7 gigawatt en offshore),  qui couvrait déjà 48% des besoins en électricité du pays, un record européen ! En incluant les deux projets éoliens offshore d’Hesselø et de Thor, le Danemark pourra ainsi plus que multiplier par quatre sa capacité éolienne en mer à l’horizon 2030.
Les deux sites se composeront d’une île artificielle en mer du Nord, et de l’île naturelle de Bornholm dans la mer Baltique, où l’énergéticien danois Ørsted a conçu un projet de « hub éolien » de 5 gigawatts relié à la Pologne, la Suède et l’Allemagne.

Un concept nouveau

La puissance installée en mer du Nord sera évolutive, puisque l’île artificielle pourra, à terme, héberger une capacité éolienne de 10 gigawatts, laquelle, au stade actuel de la technologie représente un parc d’environ 1.300 éoliennes.

Selon Dan Jørgensen, le ministre danois du climat et de l’énergie, les îles artificielles constitueront un changement total de paradigme par rapport au concept traditionnel de parc offshore tel qu’il a été développé jusqu’ici.
La production à grande échelle d’énergie éolienne permettra de valoriser l’électricité excédentaire, en produisant de l’hydrogène vert à destination de l’industrie lourde, des particuliers ou du transport à la fois routier, marin et aérien.

Un défi technique colossal

Pour exporter cette énergie renouvelable, les réseaux électriques voisins devront être adaptés et renforcés. Au vu du montant des investissements à consentir, l’aval des pays limitrophes sera nécessairement requis.

Mais pour réaliser son objectif à l’horizon 2030, le Danemark ne parie pas seulement sur la production d’énergie éolienne. Copenhague propose également d’adopter une batterie de primes et de subventions pour améliorer l’efficacité énergétique des habitations et des bâtiments. Le chauffage vert sera encouragé : le biogaz et les pompes à chaleur devraient remplacer à terme les chaudières à fioul et au gaz. Un budget de 2,1 milliards d’euros sera investi à cette fin d’ici 2030.

Toutefois les ONG environnementales considèrent que pour réussir le pari du gouvernement, il faudra éviter chaque année l’émission de 20 millions de tonnes de CO2. Mais, selon elles, le projet des îles énergétiques ne permettrait de les réduire que de 3,4 millions de tonnes annuelles d’ici à 2030, soit à peine 17% du but fixé.

Si le Danemark veut avoir une chance d’atteindre son objectif de réduction de 70% des émissions de dioxyde de carbone d’ici 2030, le cercle de réflexion CEPOS basé à Copenhague estime que le prix de la tonne de CO2 devrait grimper à 200 € au lieu de 23 euros actuellement.

« Cet accord montrera à d’autres pays que l’action climatique et la reprise économique vont de pair »  espère néanmoins Dan Jørgensen.
Quant à Lars Sandahl Sorensen, directeur de la Fédération des industries danoises, il ajoute que « la croissance verte est le chemin pour sortir de la crise sanitaire ».


[1] Source : https://windeurope.org