Boyan Slat, un jeune néerlandais, espère que d’ici 2050, nous aurons éliminé la pollution plastique des océans.

2018 est l’année de tous les défis pour OceanCleanup, le projet prometteur de Boyan Slat. Cet inventeur néerlandais de 24 ans développe depuis plus de quatre ans un système de bouées dérivantes destinées à débarrasser les plastiques qui flottent à la surface de nos océans.

Qui est Boyan Slat ?

Au cours d’un voyage en Grèce en 2010, Boyan Slat, alors lycéen âgé de 16 ans, revient d’une plongée sous-marine, choqué de constater qu’il y a davantage de sacs en plastique dans l’eau que de poissons. Il effectue alors un travail scolaire sur le sujet et, à force d’explorer les solutions et de côtoyer des ingénieurs passionnés par le problème, il élabore un concept pour rendre les océans plus propres. En 2014, son projet consistait en un piège ancré qui était loin de faire l’unanimité du fait de son côté dérisoire et peu efficace face à l’ampleur du défi. Mais Boyan Slat persiste. Alors qu’il ambitionne de récolter un demi-million de dollars via une plateforme de crowdfunding, ce sont 2 millions qu’il arrive à lever en 2015. Aujourd’hui, à l’âge de 23 ans, Boyan Slat a réussi à réunir plus de 21,7 millions de dollars ! Un succès qui en dit long sur la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux.

Un tel budget peut paraître faramineux, mais il est dérisoire face aux 2 milliards de dollars que la Ville de New York dépense chaque année pour la collecte de ses déchets. Dérisoire aussi face aux énormes coûts de santé que la pollution des océans engendre, et qui touchent déjà la population mondiale tout entière. Dérisoire enfin face aux 30 milliards de dollars de perte de revenus que le secteur de la pêche déplore à cause des plastiques, selon les estimations des Nations Unies.
Les fonds levés ont permis de déployer des moyens importants pour étudier la masse de plastique du vortex de déchets du Pacifique nord : trente bateaux, un avion et 66 ingénieurs ont été mobilisés. Ensuite, en 2016, un prototype est testé dans la Mer du Nord. Sur base des résultats obtenus, un nouveau prototype amélioré est développé. C’est ce modèle qui devrait être décliné en 50 exemplaires et déployé cette année dans l’océan Pacifique.

En quoi consiste OceanCleanup ?

Chaque année, l’industrie produit 320 millions de tonnes de plastiques à travers le monde (chiffres 2015). Seuls 9% seront recyclés. Et 30 millions de tonnes finissent dans les océans. Cette masse de plastiques à la dérive constitue le « 7e continent », une vaste décharge habitée qui menace de disparition plus de 200 espèces animales et mettra des siècles à disparaître. Il faut en effet 450 ans à une bouteille en plastique pour se dégrader, 600 ans à un filet de pêche en nylon, et 1000 ans à une carte bancaire. Ces plastiques s’accumulent dans les gyres tropicaux, ces énormes tourbillons formés de courants marins. Cinq gyres de plastique ont été identifiés : l’Atlantique nord, l’Atlantique sud, le Pacifique nord, le Pacifique sud, et l’Océan Indien.

Le souci principal n’est pas les macrodéchets, mais les particules nanométriques, invisibles à l’œil nu, qui se mélangent au plancton, et se retrouvent dans toute la chaîne alimentaire. Pour réduire cette masse de plastique à la dérive, le projet OceanCleanup vise à laisser les plastiques s’accumuler dans une barrière flottante de 1 à 2 kilomètres de long, disposée en forme de U ou de fer à cheval. La bouée est lestée par une ancre flottante à 600 mètres de profondeur, ce qui lui permet d’être quasi-immobilisée et de capturer ainsi les déchets plastiques portés par les courants de surface, plus rapides. Un bateau intervient tous les 6 mois pour venir récolter les déchets ainsi amassés.

D’ici à 2020, une soixantaine de bouées seront déployées dans le Pacifique nord, où se trouve la plus grande concentration de plastique au monde.  Ensuite, l’ambition de Boyan Slat est de multiplier ses bouées nettoyeuses dans les 5 vortex de plastique. Objectif : nettoyer la moitié du Pacifique en seulement 10 ans. Le jeune ingénieur hollandais y croit !