Le parc animalier Pairi Daiza, situé près de Cambron-Casteau en Wallonie (Belgique), va prochainement aménager 12.500 places de stationnement supplémentaires dont une grande partie sera couverte de panneaux solaires. Il s’agira du plus grand parking photovoltaïque du monde.

Elu « Meilleur Parc Zoologique d’Europe » en mai 2018, Pairi Daiza innove sans cesse pour proposer  à ses 2 millions de visiteurs annuels une série de découvertes au milieu des animaux sauvages. Mais la direction du parc veut aujourd’hui repenser son organisation pour mieux inscrire son fonctionnement dans la durabilité. Pairi Daiza ambitionne en effet d’atteindre la neutralité carbone dès 2020, et répondre ainsi aux objectifs wallons en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Pour ce faire, le parc zoologique va couvrir 80% de ses nouveaux emplacements par 62.750 panneaux photovoltaïques. Une installation qui couvrira 10,4 hectares. La production attendue est de 20.000 MWh/an d’électricité verte, ce qui correspond à celle de 3 éoliennes de grande puissance. Ce niveau de production est supérieur à tous les besoins en électricité du parc animalier. L’excédent permettra de recharger des voitures électriques, et sera réinjecté sur le réseau. Pairi Daiza veut en effet équiper les parkings de 80 bornes de recharge dans un premier temps, et passer à 800 bornes au cours des prochaines années.

La construction du nouveau parking a débuté . Sa mise en service est attendue pour le printemps 2020. L’installation permettra d’éviter chaque année 9.100 tonnes de CO2.

Un pay-back carbone de 3 ans

Les structures portantes seront entièrement réalisées en bois certifié PEFC. Cette certification garantit une gestion durable des forêts : les quantités prélevées annuellement n’excèdent pas la capacité de croissance et de renouvellement de la forêt. Grâce au recours à du bois local et peu transformé, le bilan carbone sera faible en comparaison à d’autres matériaux de construction (acier, béton). Pairi Daiza a calculé que le temps de retour CO2 du carport photovoltaïque sera inférieur à 3 ans.

Est-ce rentable ?

En France, certaines sociétés de tiers-investisseur ont fait du parking photovoltaïque leur spécialité. Elles proposent un service tout compris : moyennant une concession de 20 ans, elles prennent en charge toutes les démarches administratives, depuis la conception du projet, en passant par la construction des abris solaires, leur exploitation pendant 20 ans et leur financement.
En échange d’un loyer annuel symbolique pour l’occupation de la surface, les tiers-investisseurs perçoivent le tarif d’achat d’EDF auquel s’ajoute la prime d’intégration au bâti. En moyenne, ces installations sont amorties en une quinzaine d’années.

En France, des centaines de milliers d’hectares de parking sont couverts par des panneaux solaires

Un développement inscrit dans le ciel

Avec l’emprise au sol que nécessitent les grandes installations solaires terrestres, d’autres entreprises privées ont songé depuis longtemps à valoriser leurs surfaces de parking ou de toitures. Il y a 10 ans déjà, le centre commercial de Saint-Aunès (34), près de Montpellier, a équipé sa toiture de 5.500 panneaux photovoltaïques. Une installation qui produit 1.420 MWh/an.
Dans la banlieue de Lyon, Neoen, producteur français d’électricité renouvelable, a inauguré en avril dernier un parking solaire d’une douzaine d’hectares. L’installation totalise 37.620 panneaux répartis sur 61 ombrières, et elle produit chaque année 19.500 MWh, l’équivalent de la consommation de 8.800 habitants.

L’essor des ombrières et des parkings photovoltaïques est logique : ces petites centrales solaires n’entrent en conflit avec aucune activité, qu’elle soit industrielle, commerciale ou agricole. De plus, le sol étant déjà bétonné, leur impact environnemental est quasi-nul.
Les supermarchés l’ont bien compris : que ce soit Auchan, Intermarché ou Super U, presque tous les géants de la grande distribution ont investi dans de telles infrastructures.
Si aucun recensement n’existe actuellement, on estime que dans l’hexagone, plusieurs centaines de milliers d’hectares de parkings sont couverts par des panneaux solaires.

Malgré ces chiffres encourageants, la France reste en retard sur ses objectifs de production photovoltaïque : fin 2018, elle affichait une production solaire de 10,2 TWh pour une puissance installée d’environ 9GWc , alors qu’il faudrait atteindre 20,6 GW en 2023 pour respecter l’objectif figurant dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE).
Pourtant, selon une étude publiée par l’Ademe en mai, la filière photovoltaïque française dispose d’un potentiel énorme. L’Agence évoque notamment les zones délaissées comme les friches et parkings et estime leur potentiel à 53 GWc.

De manière plus globale, les experts estiment que le pays ne parviendra probablement qu’à produire 17% d’énergies renouvelables pour couvrir sa consommation d’énergie primaire en 2020, comparé à l’objectif de 23% que l’Europe lui a assigné à travers son Paquet Energie Climat 20-20-20.