Les centrales à gaz n’ont pas chômé cet été dans l’hexagone, au grand dam du climat. D’après le dernier rapport mensuel juillet-aout 2022 publié par le gestionnaire du réseau RTE, la filière thermique fossile (largement dominée par le gaz, mais incluant également la très faible production au charbon et au fioul) a généré 2 fois plus d’électricité cet été qu’à la même période l’année dernière.

Avec un parc nucléaire à moitié hors-service et des vagues de chaleur incitant à climatiser davantage, la France n’avait pas d’autre d’alternative que d’augmenter la puissance de ses centrales à gaz pour assurer son approvisionnement électrique.

Selon le rapport mensuel et les données des mois de juillet et aout 2022 publiées par RTE, la filière thermique fossile française (presque exclusivement composée de centrales à gaz) a produit 5,77 TWh contre 2,7 TWh sur la même période l’année dernière, soit 114 % d’augmentation. Sur le seul mois d’août, la production a même été multipliée par 2,6, assure le pilote du réseau électrique national.

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Seulement 43 % du parc nucléaire français disponible l’été dernier

En parallèle, les centrales nucléaires ont généré 37,3 TWh l’été dernier contre 57 TWh sur juillet-aout 2021, soit 34,5 % de moins. En août, l’atome a même accusé son plus bas niveau de production depuis plus de 30 ans, explique RTE, qui précise qu’ « en moyenne, seulement 43,1 % du parc nucléaire installé a été disponible sur la période ».

Si les centrales à gaz ont été davantage sollicitées pour palier le déficit de production nucléaire, les interconnexions ont également été mises à contribution. Ainsi, avec un solde d’échanges aux frontières positif de 6,8 TWh, la France est redevenue importatrice nette pour la première fois depuis plus de 20 ans sur cette période estivale.

Dans le contexte actuel, le prix journalier moyen de l’électricité est naturellement resté très élevé : 492,5 €/MWh en moyenne en aout, avec un pic record pour la période à 743,8 €/MWh, atteint le 30 aout.

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La climatisation en nette hausse, l’hydroélectricité à la peine

La faible disponibilité des réacteurs nucléaires n’est pas la seule cause de la montée en puissance du parc de production au gaz. En effet, la demande en électricité a aussi augmenté en juillet et août 2022. La consommation s’est élevée à 33,9 TWh en juillet et 32,1 TWh en août, soit une hausse respective de 3 % et 3,5 % par rapport aux mêmes mois l’année précédente. Cette hausse s’explique par une utilisation accrue de la climatisation pendant les périodes de forte chaleur, selon RTE.

Le gestionnaire fait aussi état d’une production hydraulique historiquement faible sur la période (3,5 TWh en juillet et 2,7 TWh en août), à un niveau le plus bas depuis 2019. Cela s’explique à la fois par la sècheresse subie depuis plusieurs mois ainsi que par une gestion prudente des stocks en prévision d’un hiver difficile.

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L’éolien en baisse, le photovoltaïque explose

Du côté des renouvelables non pilotables, le rapport évoque une production éolienne en baisse par rapport à l’année précédente, à -19,1 % en juillet et -9,3 % en août (1,9 TWh en juillet et 2 TWh en août). Seule la production solaire tire son épingle du jeu avec une augmentation de +52 % en juillet (2,6 TWh).

Ce niveau s’explique par un ensoleillement important cet été, de 25 à 50 % supérieur à la normale saisonnière. C’est également le développement important du parc installé qui a permis de battre des records cet été dans la filière.

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