Coupé du monde au cœur du Parc national de La Réunion, le hameau de La Nouvelle ne peut compter que sur le soleil pour produire son électricité. Alimenté jusque-là par des panneaux photovoltaïques vieillissants, la croissance du tourisme l’oblige à augmenter et stabiliser sa production. La solution pourrait venir d’EDF, qui y expérimente une solution de stockage d’électricité via l’hydrogène.

Il n’est desservi par aucune route, n’est pas connecté au réseau électrique, est ravitaillé par hélicoptère et pourtant 100.000 personnes le visitent chaque année. L’économie du cirque de Mafate et ses dix îlets (hameaux) peuplés par environ 700 habitants est très dépendante du tourisme. Les besoins en électricité augmentent, mais les installations de production se dégradent et ne permettent plus de satisfaire la demande.

Les 310 familles et 13 gîtes équipés de panneaux photovoltaïques il y a une vingtaine d’années, se tournent désormais vers des groupes électrogènes. Selon un habitant, ils consommeraient environ 50.000 litres de carburant par an. Il fallait donc trouver une solution pour éviter de transformer ce paradis naturel en enfer pollué et dépendant des énergies fossiles sur le long terme.

Un système développé par une start-up française

A La Nouvelle, l’îlet le plus peuplé du cirque de Mafate, EDF expérimente un système de stockage de l’énergie solaire via des batteries lithium-ion et l’hydrogène. Développée par la start-up française Powidian, la technologie baptisée « SAGES » (Smart Autonomous Green Energy System) permet d’emmagasiner l’électricité excédentaire produite par les panneaux photovoltaïques installés sur les toits des bâtiments publics.

Stockée dans des batteries pour un usage à court terme, l’électricité peut également être convertie en hydrogène via un électrolyseur. Conservé dans un réservoir, il peut ensuite être re-transformé en électricité grâce à une pile à combustible et injecté dans un micro-réseau selon les besoins. Lors de longues périodes sans ensoleillement, les habitants peuvent donc théoriquement continuer à être alimentés. Un premier dispositif a vu le jour en février 2016 sur le toit de l’école de La Nouvelle, avant un éventuel déploiement à plus grande échelle dans les autres îlets.

La Réunion vise l’autonomie énergétique d’ici 2030

Au-delà des remparts du cirque de Mafate, le reste de l’Île de La Réunion vise également l’autonomie énergétique. Un tiers de l’électricité y est déjà produite via des énergies renouvelables, mais pour atteindre l’objectif à l’échéance fixée de 2030, EDF installe des méga-batteries. Une première, d’une puissance d’un mégawatt a vu le jour en 2010 à Saint-André. Dotée de la technologie sodium-soufre, elle permet de stocker la production fluctuante et peu synchronisée avec les pics de consommation issue du soleil et des barrages hydroélectriques. L’équipement, indispensable pour injecter une grande quantité d’électricité renouvelable dans le réseau, devrait bientôt être remplacé par une nouvelle batterie de 5 mégawatts.