Les panneaux solaires peuvent produire de l’électricité durant des dizaines d’années, même après avoir été intensivement utilisés. Pourtant, nombreux sont ceux qui finissent démantelés dans une usine de recyclage. Pour éviter leur destruction, il est possible d’utiliser des panneaux de « seconde vie » très bon marché. Mais que valent-ils vraiment ? Nous avons testé un modèle vieux de seize ans, acheté à un recycleur spécialisé.
Il est bleuté, son cadre est épais, d’allure un peu vieillotte, mais n’avait rien à faire à la poubelle. Pourtant, son premier propriétaire s’en était bel et bien séparé, pour des raisons que nous ignorons. Après une dizaine d’années d’utilisation, le panneau photovoltaïque de 210 watts crêtes (Wc) objet de notre test a été déposé dans un point de collecte Soren, puis transféré dans un centre de recyclage, avant de finir sa vie entre nos mains.
Nous l’avions acheté 50 euros, à l’occasion de notre reportage sur le site de recyclage de panneaux solaires Envie2e de Saint-Loubès (Gironde), en novembre 2022. Si le prix vous paraît élevé aujourd’hui, il était, à l’époque, 2 à 3 fois moins cher qu’un équivalent neuf. Il est vrai que le tarif des panneaux solaires s’est effondré depuis, en raison de la surproduction chinoise.
Pour se faire une idée, notre vieux panneau affiche un prix au watt-crête de 0,24 €, quand il est possible aujourd’hui d’acheter des modules neufs à partir de 0,17 €/Wc. Cependant, le modèle que nous testons se trouve actuellement autour de 30 euros (soit 0,14 €/Wc) sur le site de petites annonces Leboncoin. Il s’agit d’un modèle du fabricant hollandais Scheuten, qui a fait faillite en 2012 suite à une série d’incendies touchant certains de ses panneaux. Le nôtre, un panneau polycristallin Multisol PS-54, équipé d’une boîte de jonction Kostal, ne semble heureusement pas être concerné par la défaillance. Fabriqué en Allemagne, il est à priori sorti d’usine en 2009, à en croire l’inscription présente sur ses câbles.
À lire aussiToujours en vie, la plus ancienne centrale solaire d’Europe célèbre ses 40 ansÀ son arrivée au centre de recyclage, il a été testé sur un banc d’essai dédié à la revente de panneaux d’occasion. Selon le recycleur, sa puissance résiduelle était toujours de 205 Wc. Son taux de dégradation après 13 ans s’élèverait donc à 2,38 %. C’est plutôt remarquable si le panneau a été utilisé autant d’années.
Nous devons toutefois prendre du recul, car il arrive que des panneaux neufs soient directement envoyés au recyclage sans jamais avoir produit le moindre watt. Il peut s’agir d’un stock de panneaux abandonnés, jamais installés ou déclassés pour un simple problème d’acheminement ou d’emballage. Les traces d’usure présentes sur le cadre de notre panneau laissent tout de même penser qu’il a bien été installé sur une structure, et devrait donc avoir produit de l’électricité dans le passé.
Après l’avoir sorti d’un sommeil de trois ans passés dans une cave suite à son achat, nous l’installons très sommairement sur le balcon d’un logement situé dans les Bouches-du-Rhône. Il est orienté plein sud avec un angle d’environ 45°, mais son ensoleillement est gêné par la végétation jusqu’à 10h et dès 17h en cette fin mai. L’objectif est de savoir ce qu’il lui reste dans le ventre, 16 ans après sa fabrication.
Nous relions donc ses deux connecteurs MC4 à une batterie Ecoflow Stream Ultra, qui est dotée de 4 entrées MPPT et d’un onduleur. La production est immédiate et nous ne constatons rien d’anormal dans la puissance relevée par l’appareil. En guettant régulièrement l’application pour saisir un pic de puissance, nous observons un maximum de 185 W, soit 88,1 % de sa puissance nominale.
Côté production, le meilleur des 7 jours de test a permis de produire 983 Wh pour une durée d’ensoleillement (comprenant des ombrages) de 12h35. Sur l’ensemble de la semaine (comprenant une journée nuageuse), notre vieux panneau a généré un total de 5 978 Wh, soit un facteur de charge de 17 %. Pas si mauvais pour un panneau âgé de 16 ans qui n’a d’ailleurs pas bénéficié de l’emplacement le plus idéal.
Selon le simulateur européen PVGis, un panneau photovoltaïque neuf de 210 Wc situé dans notre localité doit produire en moyenne 1 128 Wh par jour durant le mois de mai. Nous avons relevé 983 Wh au mieux lors de notre test, soit 87,15 % de la simulation. Un bon résultat, cette fois encore, sans grande surprise. En effet, les panneaux photovoltaïques sont réputés pour leur durabilité. Les fabricants les garantissent sur au moins 10 ans, mais la plupart entre 20 et 25 ans, voire 40 ans pour certains, avec une tolérance de 10 à 20 % sur leur taux de dégradation selon le type de cellule. Avec un niveau d’usure de 11,9 % dans les conditions de notre test (soit 0,74 % de dégradation annuelle), notre panneau semble très bien s’en sortir.
Acheter des panneaux solaires d’occasion peut être un bon plan pour se fabriquer une centrale solaire à très faible coût. Les sites de petites annonces regorgent d’offre pour des panneaux de seconde main, vendus à un tarif parfois dérisoire. Il faut cependant veiller à plusieurs points avant de se porter acquéreur :
Selon les prix que nous constatons actuellement sur le site de petites annonces Leboncoin, il est envisageable d’assembler soi-même une centrale solaire de 2 kWc pour 220 euros (11 panneaux de 185 Wc à 20 euros). À ce tarif, il faut toutefois ajouter celui des micro-onduleurs qui permettront d’injecter la production dans votre réseau électrique, ce qui peut rapidement faire augmenter le coût total à un niveau équivalent à une installation neuve (les panneaux récents étant plus grands et plus puissants, il faut installer davantage de panneaux anciens pour égaler leur performance, donc davantage de micro-onduleurs).
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