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Les moulins flottants, ces petites centrales hydrauliques méconnues

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Par Kevin CHAMPEAUPublié le 27 juillet 2025
Le moulin flottant d'Höfgen en Allemagne / Image : Wikimedia - Falk2.

Acteurs majeurs de la production d’énergie pendant des siècles, les moulins flottants, jadis présents sur tous les grands fleuves européens, pourraient constituer une solide source d’inspiration pour la production d’une électricité locale et décarbonée en milieu urbain. 

Ils ont disparu des paysages, mais également de la mémoire collective. Les moulins flottants ont pourtant représenté une part non négligeable de la production d’énergie européenne pendant plusieurs siècles. Si leur origine remonte au VIe siècle, à la fin de l’Empire Romain, ils se sont largement développés à partir du Moyen Âge. On a pu compter plusieurs milliers de moulins flottants répartis dans toute l’Europe. Rien qu’en France, les berges de la Seine ont accueilli jusqu’à 80 moulins, tandis que le Rhône en accueillait encore 27 en 1817.

Le développement massif de ces installations s’explique par de nombreux facteurs. À cette époque, il était impossible de contenir la force des plus grands fleuves d’Europe. Ainsi, les moulins à eau étaient réservés aux petits cours d’eau. Ces derniers étaient dotés de retenues et de systèmes d’écluses qui permettaient d’ajuster en permanence le débit d’eau atteignant la roue, compensant ainsi les variations de niveau du cours d’eau.

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De nombreux conflits d’usage

En restant tout le temps à la surface de l’eau, les moulins flottants pouvaient également s’adapter en permanence au niveau du fleuve sur lequel ils étaient installés, permettant ainsi une production constante. Si plusieurs formes de moulins flottants ont existé, la forme la plus courante était composée de deux coques, entre lesquelles on retrouvait une roue. L’une des deux coques, beaucoup plus large, accueillait l’ensemble de la machinerie, notamment les meules nécessaires à la production de farine. Pour rester en place, les moulins flottants étaient ancrés dans le fond de la rivière, ou amarrés à la berge.

Mais à partir de la fin du XVIIIe siècle, leur nombre commence à diminuer face au développement de la vapeur, mais également de la navigation fluviale, pour laquelle ils constituent des obstacles. De nombreux accidents ont lieu, notamment à cause du fait que les moulins étaient situés dans les endroits des fleuves où le courant était le plus fort. En France, le dernier moulin flottant, situé à Pontoux, est définitivement arrêté et détruit en 1923.

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Une inspiration pour l’avenir ?

Si de nombreuses iconographies témoignent de la présence de ces moulins flottants, il en reste très peu de vestiges archéologiques, du fait de leur structure en bois. Cela explique largement notre méconnaissance à leur sujet. Pourtant, à l’heure du développement des énergies renouvelables, ces centrales de production flottantes pourraient servir d’inspiration pour produire une énergie locale et décarbonée aux abords des grands fleuves. Plusieurs startups réfléchissent déjà à des sortes de navires capables de produire de l’énergie pour la ramener à terre. C’est notamment le cas de la startup française Unda, qui teste actuellement un prototype dans le porte de Saint-Malo. De la même manière, la startup Denv-R a mis au point un data center flottant, qui permet d’utiliser l’énergie de l’eau pour refroidir le matériel informatique.

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