Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Godinne près de Namur (Belgique) est alimenté majoritairement en énergie verte issue de la gazéification de déchets de bois. Une première mondiale. Cette installation de trigénération produisant à la fois de l’électricité, de la chaleur et du froid a été conçue par la start-up wallonne Xylowatt, une spin-off de l’UCL (Université Catholique de Louvain).

 « L’intérêt de cette technologie innovante est qu’elle permet de produire de l’électricité à partir de déchets de bois, y compris de bois de classe B, avec un rendement de 25 à 30 %, supérieur à toutes les autres technologies de production d’électricité à partir de biomasse » nous confie Frédéric Bourgois, collaborateur scientifique à l’UCL et co-fondateur de Xylowatt.
Le bois de classe B est du bois traité (peint, vernis, etc.) collecté notamment dans les déchetteries. Jusqu’à présent ces résidus de bois étaient difficiles à valoriser car leur combustion produit des fumées polluantes, contenant notamment des métaux lourds, des dioxines, etc.

Le procédé breveté appelé NOTAR (no tar = sans goudron) développé par Xylowatt génère par contre un gaz propre qui peut alimenter un moteur de cogénération produisant à la fois de l’électricité et de la chaleur. « Les composés organiques comme les peintures, les vernis ou les colles (utilisées dans les panneaux de particules) présents dans le bois de classe B sont en effet détruits par la pyrolyse à haute température régnant dans le gazéificateur. Quant aux métaux lourds, ils se retrouvent dans les cendres » ajoute encore Frédéric Bourgois. La technique est donc entièrement « verte », non polluante et permet de valoriser ces déchets de bois B qui devaient jusqu’ici être mis en décharge. Evidemment, d’autres résidus de bois, provenant par exemple de l’élagage, de l’entretien des haies, parcs et jardins, de palettes non récupérables ou de bois d’emballage peuvent également être utilisés.

Une première mondiale

Au CHU de Godinne, un camion livre chaque jour 90 m³ de copeaux de bois provenant de ressources locales. L’installation de trigénération de Xylowatt permet une production d’énergie en continu, indépendante des aléas de la météo, qui couvre 65 % des besoins en chauffage, 40 % de l’électricité consommée, et 40 % de l’énergie de réfrigération. L’hôpital devrait ainsi réduire ses émissions de CO2 de 3.000 tonnes par an.

Xylowatt a investi 4 millions d’euros dans cette installation innovante qui est une première mondiale.

Quant à l’équipe de chercheurs de l’UCL qui a développé la technologie, elle n’entend pas en rester là. Frédéric Bourgois et ses collègues ont entamé un programme de 5 ans au Burkina Faso. Le but ? Produire, à partir de biomasse locale,  de la chaleur qui sera utilisée dans des procédés de conservation d’aliments.

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