Si la découpe au jet d’eau est courante dans le monde de la construction, elle est reprise de manière innovante par des chercheurs Japonais. Ces derniers veulent l’appliquer au recyclage des panneaux solaires. Mais pourquoi ?

Aluminium, silicium, argent, verre : la plupart des composants d’un panneau solaire sont recyclables. Ainsi, lorsqu’un module photovoltaïque est endommagé ou trop usé, presque tous les matériaux qui la constituent bénéficient d’une seconde vie, la durée de vie d’une installation solaire étant estimée à une trentaine d’années.

Avec l’essor impressionnant du solaire, nous assisterons d’ici quelques années à l’explosion du marché du recyclage. La technologie de démantèlement de panneaux la plus connue est le broyage, mais l’année dernière, la délamination est apparue en Europe. Et dernièrement, une entreprise japonaise appelée Shintora Kosan a également conçu un système de recyclage innovant à base de découpage au jet d’eau. Cette technologie permet de récupérer une plaque de verre parfaitement propre, un matériau qui représente au moins 70 % de la masse du module photovoltaïque.

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Récupérer des verres indemnes

La découpe au jet d’eau est une technique de coupe effectuée sans contrainte thermique. Comme son nom l’indique, le système utilise un jet d’eau à très haute pression (jusqu’à 6 500 bars) à la place d’un outil de coupe. Réputée pour sa précision et son efficacité sur n’importe quel matériau, la technologie est retravaillée par l’entreprise Shintora Kosan afin de s’adapter aux panneaux solaires usagés.

La nouvelle technique consiste à pulvériser de l’eau à haute pression à l’arrière du module. Cette opération aura ensuite pour effet de décoller et de pulvériser les cellules solaires de la plaque. La coupe ne s’applique que sur les couches de polymères comportant les cellules. Le verre reste donc intact et peut être récupéré tel quel. Jusqu’à présent, le fabricant n’a pas donné de détails techniques supplémentaires concernant la machine. Il assure cependant que cette méthode évite tout dommage sur le verre. Par ailleurs, il utiliserait un système spécial afin de filtrer et d’éliminer les eaux usées.

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Se recyclant à l’infini, le verre issu de ce processus peut être réemployé dans la fabrication de panneaux solaires. Le matériau est également utilisé pour en faire des vitres et des miroirs. On l’évite, néanmoins, dans l’usage alimentaire de par la présence d’antimoine. Il s’agit d’un minéral toxique qui régule la transparence du verre.

Une alternative à la délamination ?

La délamination est une autre méthode de séparation des différents composants d’une plaque photovoltaïque. Comme la technique au jet d’eau, le système a aussi l’objectif de récupérer des verres propres. En France, nous disposons d’une unique entreprise, Envie2E, qui exploite la délamination. La machine utilisée est appelée délamineuse, et elle pourrait entrer en concurrence avec celle au jet d’eau, d’autant plus qu’elle est aussi une prouesse japonaise. Néanmoins, comme très peu d’informations sur la technique au jet d’eau ont été divulguées, il reste pour le moment difficile d’établir une comparaison directe entre les deux technologies.

À l’issue du démantèlement avec la délamineuse, le polymère comportant les cellules solaires est récupéré sous forme de feuille et sera exploité par une entreprise partenaire spécialisée. Si le polymère est brûlé par pyrolyse, le silicium et les métaux vont être réutilisés. Avec l’appareil, l’entreprise envisage d’atteindre les 95 % de taux de recyclage.

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